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Qui sont les biographes des Sahabas et quelle fut leur méthodologie ?

Question

As-Salam aleykum,
- Qui a écrit les biographies des Sahabas et sur quelle est sa base (méthodologie) ?
- Quels sont les personnes qui ont transcris les biographies des transmetteurs de la chaine et quelle est leur méthodologie ? Comment vérifie-t-il l'exactitude des faits ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Il est bien connu que ce sont les oulémas musulmans qui ont écrit les biographies des Compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux, et la rédaction de l'histoire des Compagnons débuta dès les premiers siècles de l'Islam. Parmi les oulémas qui rédigèrent ces biographies figure l'Imam des oulémas spécialisés dans la science relative à la critique et à l’examen des transmetteurs de hadiths (al-Jarh wa al-Ta’dîl) 'Alî ibn al-Madînî mort en 234 de l'Hégire et auteur du livre intitulé Ma'rifa Man Nazala Min al-Sahâba Sâ'ir Al-Buldân. On peut aussi citer l'Imam al-Boukhari décédé en 259 de l'Hégire. Ibn Hadjar a dit à son propos : « Il est le premier que je connaisse à avoir écrit sur le sujet. » Il y a également l'Imam al-Tirmidhî décédé en 279 de l'Hégire ou encore l'Imam Mohammed ibn 'Abdillah ibn Sulaymân al-Hadramî al-Kûfî plus connu sous le surnom Mutayyan décédé en 297 de l'Hégire. Il y a aussi Abû Bakr ibn Abî Dâwûd, 'Abdân et Abû 'Alî ibn al-Sakan décédé en l'an 353 de l'Hégire.

Les oulémas se succédèrent après eux et rédigèrent l'histoire des Compagnons et leurs magnifiques biographies dans d'innombrables livres. Dans l’introduction de son livre intitulé Al-isâba, qui est l'un des livres les plus complets sur le sujet, al-Hâfizh ibn Hadjar mentionna un certain nombre de livres écrits par les oulémas musulmans à travers les siècles au sujet des Compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux ; et il est possible au chercheur de se référer à l’introduction de ce livre en complément.

Quant à la méthodologie qu'ils adoptèrent, si vous sous-entendez par cela la méthodologie utilisée pour savoir si un homme faisait ou non partie des Compagnons, le résumé de la méthodologie utilisée est qu'ils identifiaient un homme comme étant un compagnon par l'une des cinq manières suivantes :

Premièrement : le caractère mutawâtir concernant le fait qu’untel est un Compagnon ; al-Tawâtur désigne le fait qu’un certain nombre de personnes rapportent de plusieurs autres personnes une chose, de manière à ce qu’ils soient habituellement impossible qu’un nombre aussi important de personnes aient tous convenus de mentir. Tel est le cas en ce qui concerne Abû Bakr, 'Umar, 'Uthmân, 'Alî et le reste des dix Compagnons à qui la bonne annonce de leur entrée au Paradis avait été faite. En effet, le fait que ceux-ci fassent partie des Compagnons est une chose notoire (mutawâtir).

Deuxièmement : al-Chuhra (la réputation bien établie) ou al-istifâda (le caractère quasi-notoire) comme c'est le cas pour Damâm ibn Tha'laba et 'Ukkâcha ibn Mihsan.

Troisièmement : le fait qu'une personne d’entre les Compagnons rapporte qu'untel faisait partie des Compagnons comme c'est le cas pour Humama ibn Abî Ahmama al-Dawsî qui décéda à Ispahan de douleurs au ventre et au sujet duquel Abû Mûsâ al-Ach'arî témoigna avoir entendu le Prophète () déclarer qu'il mourrait en martyr.

Quatrièmement : le fait qu'un des tâbi'îs (génération qui a succédé à celle de Compagnons) ait rapporté qu'untel faisait partie des Compagnons.

Cinquièmement : le fait qu'une personne affirme être un Compagnon après qu’on ait eu la preuve qu’elle était une personne intègre et qu’elle a vécu à l'époque du Prophète ().

Les oulémas parmi les Anciens qui ont rédigé des livres sur les Compagnons ont transmis ce qui leur avait été rapporté avec la chaîne de transmission de ces rapports. En effet, cette communauté (NdT : la communauté musulmane) est celle qui porte un intérêt particulier aux chaînes de transmission ; et cela est une des caractéristiques par laquelle Allah, exalté soit-Il, la distingua des autres nations et préserva sa religion.

Il en est de même pour ceux qui rédigèrent les biographies des transmetteurs de hadiths ; ces biographes sont les plus grands savants musulmans, et ces derniers étudièrent le statut des transmetteurs.
Cette science vit le jour à l'époque des tâbi'îs, lorsque les troubles et les différentes sectes apparurent. C'est à cette époque qu’apparut l’invention de hadiths de la part des innovateurs et des égarés. Les oulémas parmi les tâbi'îs s'attelèrent alors à préserver les hadiths et mirent tous leurs efforts dans cette entreprise en suivant les méthodes de recherche les plus minutieuses et les examens les plus corrects qui soient. Mouslim a rapporté, dans l’introduction de son recueil authentique de hadith, qu’ibn Sîrîn a dit : « Les gens ne prêtaient guère attention aux chaînes de transmission; mais lorsque les troubles apparurent, ils se mirent à demander que soient cités les gens qui avaient rapporté ces paroles, gardant les hadiths rapportés par les gens de la Sunna et réfutant ceux des innovateurs. »

Ils disaient : « Ces hadiths font partie de la religion, alors prêtez attention de qui vous les prenez, et cette science est une religion, alors regardez de qui vous prenez votre religion.

Parmi les critiques et vérificateurs, après les Compagnons, figurent entre autres Sa'îd ibn al-Musayyib décédé en 93 de l'Hégire, 'Âmir al-Cha'bî décédé en 104 de l'Hégire et ibn Sîrîn décédé en 110 de l'Hégire. Après eux, d’autres savants musulmans parmi les jeunes tâb’îs comme Mohammed ibn Chihâb al-Zuhrî continuèrent l'authentification et la révision des transmetteurs ; et parmi la génération suivant celle des tâbi’îs, nous avons par exemple Mâlik. Ensuite vinrent ceux qui leur succédèrent tel 'Abdullah ibn al-Mubârak puis Yahyâ ibn Sa'îd et ses élèves, puis l'imam Ahmad et sa génération ainsi que leurs élèves après eux tels Boukhari et Mouslim suivis des élèves de ces derniers dont al-Tirmidhî et al-Nasâ'î.

L’introduction du livre intitulé Tahqîq Tadrîb al-Râwî mentionne : « Au début du deuxième siècle, au milieu de l’époque des tâbi'în apparurent des transmetteurs rapportant des hadiths mursal et munqati' (termes désignant une interruption dans la chaîne de transmission) ainsi que des hadiths rapportés par des gens qui commettaient de nombreuses fautes. Ce phénomène s'accrut encore à la fin de l’époque des tâbi'îs, au milieu du deuxième siècle ; c’est à cette époque que vécurent les premiers successeurs des tâbi'îs. Et c’est également à cette époque qu’apparurent les différentes sectes, que les sciences religieuses furent confrontées aux multiples cultures et qu’apparurent des personnes qui s’appuyaient sur des mensonges pour promouvoir leur doctrine et leur innovation. C’est ainsi que les plus grands oulémas spécialisés dans la science relative à la critique et à l’éloge des transmetteurs de hadiths (al-Jarh wa al-Ta’dîl) furent alors contraint d'élargir leur examen et de redoubler d’efforts dans l’inspection des transmetteurs et l’analyse des chaînes de transmission. Nous avons donc des savants comme Chu'ba, Mâlik, Ma’mar et Hichâm al-Dastuwâ’î puis ibn al-Mubârak, Huchaym et ibn 'Uyayna suivis de Yahyâ ibn Sa'îd et de ses élèves tel que 'Alî ibn al-Madînî et Yahyâ ibn Ma'în. Parmi les oulémas du troisième siècle il y a Ahmad ibn Hanbal et sa génération, et leurs élèves qui leur succédèrent comme Boukhari, Mouslim, Abû Zur'a, ibn Abî Hâtim suivis de leurs élèves tels al-Tirmidhî et al-Nasâ'î… jusqu'à la fin de l'ère des transmetteurs, à la fin du troisième siècle. » Les oulémas compilèrent ensuite l'avis de ces grands imams au sujet des transmetteurs et c'est ainsi que les recueils traitant du statut des transmetteurs, de leur degré de fiabilité et autres furent rédigés.

Quant au statut des hadiths, il est lié à des règles relatives à l'examen du texte et de la chaîne de transmission dont l'examen de la biographie des transmetteurs et ce qui a été rapporté à leur sujet concernant leur fiabilité, leur faiblesse, la continuité ou discontinuité de la chaîne de transmission, entre autres choses.

Et Allah sait mieux.

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