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Le parti de la libération, Hizb ut-Tahrir

Question

On m’a dit qu’il me fallait faire partie d’un groupe qui œuvre à la restauration du califat du moment qu’on ne peut appliquer la Législation islamique dans son intégralité en l’absence d’un Etat. Ces dires sont-ils fondés ? A signaler que ce groupe auquel je fais allusion s’appelle (le Parti de la Libération), il prétend être le seul groupe qui met scrupuleusement en vigueur les préceptes du Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam).

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Le Parti de la Libération (dit également Hizb ut-Tahrir) est un parti politique islamique qui préconise l’adoption des concepts de l’Islam et la restauration du califat islamique. La philosophie de ce parti soutient la pensée comme moyen principal du changement. Il a fait des efforts d’interprétation religieuse qui ont fait l’objet de critiques de la part de la majorité des savants musulmans selon al-Mawsû’a al-Muyassara, page 3441.

Parmi les personnalités les plus illustres de ce parti nous citons le Cheikh Taqiuddin an-Nabhanî connu pour être le fondateur du parti. D’origine palestinienne, il est né dans le village d’Ijzim dans le district de Haïfa en 1908 et est décédé en 1977. Après avoir fait ses études primaires au village, il s’est inscrit à l’Azhar puis au collège de Dar al-Ulum au Caire. De retour en Palestine, il a travaillé comme professeur puis comme juge dans nombre de villes palestiniennes.

Son installation à Beyrouth où il s’est rendu avec sa famille lors de la Nakba de 1948, fut de courte durée car il a dû rentrer quelque temps plus tard à Bayt al-Maqdis (Jérusalem) pour remplir la charge de juge à la cour d’appel islamique, puis de professeur à la faculté des sciences islamiques à Amman.

En 1952, il a créé son parti et en a tenu les leviers de commande ; de plus, il s’est consacré à la composition de livres et de bulletins qui sont considérés dans leur ensemble comme la source culturelle essentielle du parti. Il était en perpétuel déplacement entre la Jordanie, la Syrie et le Liban jusqu’à rendre l’âme à Beyrouth où il fut enterré.

Idéologie du parti :

L’idéologie du parti de la libération se fonde prioritairement sur le retour aux préceptes islamiques par l’établissement d’un Etat islamique dans les pays arabes puis dans un deuxième temps, par le rétablissement du califat islamique et enfin dans un troisième temps par la transmission des préceptes de l’Islam aux pays non islamiques par le biais de la nation islamique.

Le parti de la libération se distingue plus particulièrement par l’accent mis sur l’aspect culturel dans la formation de la personnalité musulmane d’abord et de la nation islamique enfin ; le parti se soucie au plus haut point de faire prévaloir cet aspect chez ses adhérents.

Par ailleurs, le parti œuvre à restaurer la confiance en l’Islam par le biais des activités culturelles et politiques.

Le processus de changement selon le parti, se fait suivant trois étapes :

Premièrement : Le combat idéologique par le biais de la culture encouragée par le parti ;

deuxièmement : Le bouleversement idéologique qui se réalise par l’interaction avec la société au moyen des activités tant culturelles que politiques ;

Troisièmement : La nation prend en main les rênes du pouvoir d’une façon intégrale ; entre temps, le parti juge nécessaire de demander le soutien d’un chef d’Etat, de parti ou de groupe, ou à ce stade, d’un chef de tribu, d’un ambassadeur ou de toute autre personnalité de ce type.

1. Le parti a fixé une période de treize ans pour accéder au gouvernement à compter de la date de sa création, puis il l’a prolongée jusqu’à trente ans eu égard aux circonstances et aux différentes pressions ; mais rien ne s’est produit en dépit de l’expiration des deux périodes, comme cela est mentionné dans al-Mawsû’a al-Muyassara page1346.

2. Le parti ne fait aucun cas des questions spirituelles, voire, il les considère d’un point de vue idéologique en disant : « On ne trouve pas chez l’homme d’élan spirituel ni de tendances physiques ; une fois que ses besoins organiques et ses désirs sont satisfaits suivant les normes d’Allah, ils seront soumis à l’âme, mais si ces élans et ces désirs sont satisfaits selon la loi de la jungle ou suivant des instructions autres que celles d’Allah, cela conduira au malheur de l’homme. »

3. Cheikh Nabhanî estime que l’instauration d’un Etat islamique doit faire face à plusieurs obstacles, dont :

- L’invasion d’idéologies non islamiques

- Les méthodes d’enseignement élaborées à base de celles établies par les colonisateurs, sont toujours en cours.

- La vénération de certaines connaissances culturelles en les plaçant au niveau des sciences universelles ;

- La société dans le monde islamique est loin d’appliquer les préceptes de l’Islam ;

- Le grand écart existant entre les musulmans et le système islamique étant donné qu’aucun Etat ne l’observe parfaitement, plus particulièrement dans la politique de gouvernement et des finances, ce qui fait que les musulmans comprennent mal les conceptions islamiques de la vie ;

· Le gouvernement dans certains pays islamiques repose sur des bases démocratiques, tout en imposant au peuple un régime capitaliste, en établissant d’étroites relations avec les Etats étrangers, et en reposant sur le régionalisme, selon al-Mawsû’a al-Muyassara pages 1346 et 347.

· Par ailleurs, les chefs du parti pensent devoir négliger du moins pour le moment, le fait d’exhorter au bien et d’interdire le mal, car ils pensent que cela entrave les activités en cours, la question estiment-ils, étant du ressort de l’Etat islamique lorsqu’il sera restauré.

· Le parti a élaboré une constitution comprenant 187 articles déterminant la forme du gouvernement de l’Etat islamique prévu. Les textes fondamentaux de cette constitution ont été minutieusement expliqués. Cependant, bien qu’elle n’ait pas été effectivement mise en vigueur, on lui a reproché de ne pas répondre aux conceptions de l’Etat islamique contemporain ni à ses exigences.

On reproche plusieurs choses au parti… :

1) …questions de prédication :

- Le parti porte un plus grand intérêt aux questions idéologiques et politiques et laisse de côté les questions éducatives et spirituelles.

- Les membres du parti sont préoccupés à engager des polémiques avec toutes les autres tendances islamiques.

- Le parti accorde une importance superflue à la raison dans la formation de la personnalité et dans les questions doctrinales.

- Le parti s’appuie sur des éléments extérieurs pour accéder au pouvoir, ce qui pourrait entraîner des ingérences inattendues.

- Le parti renonce à l’exhortation à la vertu et à la répression du vice dans l’attente de la restauration de l’Etat islamique qui prendra en charge la mise en vigueur de ces prescriptions par la force du pouvoir.

- En prenant connaissance de l’idéologie du parti, le lecteur déduit que le souci prioritaire du parti se restreint à l’accession au pouvoir.

- Limitation des objectifs et sélection de certains objectifs de l’Islam aux dépens d’autres.

- La perception du parti selon laquelle l’étape éducative est susceptible de les faire passer à l’étape de l’interaction, puis à celle de l’accession au pouvoir ; or cette perception s’oppose aux Lois d’Allah, exalté soit-Il, relatives aux épreuves qui accompagnent la prédication tout comme elle va à l’encontre de la réalité avec ses nombreuses entraves.

- L’hostilité des régimes des pays sur les territoires desquels ses membres se déplacent ce qui les a exposés à des campagnes d’arrestation ininterrompues ; il est probable que le mystère qui les entoure et l’ambition qui les anime pour accéder au pouvoir est la cause de l’appréhension qu’éprouvent les régimes à leur égard et des poursuites impitoyables qu’ils subissent.

2) …questions de jurisprudence islamique :

Le parti a promulgué des fatwas et a prononcé des verdicts étrangers à la jurisprudence islamique. De plus, il a imposé à ses adhérents d’adopter ces verdicts, de les appliquer et de les diffuser ; parmi ces verdicts :

1- Il est permis au non-musulman et à la femme d’être membres du conseil consultatif.

2- Il est licite de regarder des images de personnes nues.

3- Il est licite d’embrasser des femmes non Mahrams avec ou sans concupiscence, tout comme il est licite de leur serrer la main pour les saluer.

4- Il est permis aux femmes de porter des perruques et des pantalons ; la femme qui n’obéit pas à son mari en renonçant à ces tenues n’est pas considérée comme désobéissante vis-à-vis de lui.

5- Il est licite de désigner un chef mécréant dans un Etat musulman.

6- Il est licite qu’un Etat musulman paie le tribut à un pays mécréant.

7- Il est licite de livrer combat sous l’étendard d’une personne qui collabore avec l’ennemi, et ce, en exécution du plan d’un Etat mécréant tant que le combat se fait contre les mécréants.

8- L’astronaute musulman est dispensé d’accomplir la Salât.

9- Il est licite pour les habitants des deux pôles de ne pas accomplir la Salât et de ne pas observer le jeûne.

10- Celui qui épouse une femme qui lui est définitivement interdite en mariage est condamné à dix ans de prison.

11- Tous les canaux, y compris le canal de Suez, sont publics et doivent rester ouverts à la navigation internationale.

12- Il est licite de monter à bord des moyens de transport (les navires, les avions et autres…) possédés par des compagnies étrangères tout en prohibant cela au cas où les compagnies appartiennent à des musulmans, car le parti juge que ces derniers ne sont pas dignes qu’on signe des contrats avec eux.

13- Le fait d’entrer en possession d’un terrain implique de le cultiver, mais si le propriétaire néglige d’en prendre soin et s’abstient de le cultiver trois années de suite, il en sera dépossédé en faveur d’un autre ; en outre, il n’est absolument pas licite de louer un terrain pour le cultiver.

14- La thésaurisation de l’argent est illicite même si on s’acquitte de la Zakât.

Al-Mawsû’a al-Muyassara ajoute sous le titre « Racines idéologiques et doctrinales » : « Cheikh Nabhanî maintenait à ses débuts, des liens étroits avec les Frères Musulmans en Jordanie. Il donnait des conférences durant des rencontres avec eux, approuvait leur prédication et louait leur fondateur Cheikh Hasan al-Banna mais il n’a pas tardé à entrer en rupture avec ce mouvement en annonçant la création de son propre parti de façon indépendante du point de vue de la fondation comme de l’idéologie. »

L’expansion du parti et les centres d’influence :

A ses débuts, le parti a concentré son activité en Jordanie, en Syrie et au Liban avant de la mener dans différents pays islamiques, pour parvenir en Europe, spécialement en Autriche et en Allemagne.

« Al-Raya » était le nom du quotidien que le parti a publié en Jordanie mais qui n’a pas tardé à être interdit ; il fut suivi d’un autre quotidien « al-Hadara » paru cette fois à Beyrouth qui fut également muselé.

Ce mouvement donne l’appellation de wilâyats aux contrées dans lesquelles il est actif ; l’organisation dans chacune de ces wilâyats est assurée par un comité qui lui est propre, nommé le comité de la wilâyat ; le nombre des membres au sein de chacun de ces comités varie entre 3 et 10. Ces comités dépendent du conseil secret de la direction.

Al-Mawsû’a déduit fort justement :

A la lumière de ces informations, il apparaît clairement que le parti de la libération est un parti politique islamique ; il prône la restauration du califat islamique ; il estime qu’on ne peut produire aucun changement sans bouleversement idéologique qui sera suivi d’une autre politique. On reproche à ce parti le fait qu’il s’oppose au credo et à la méthode d’Ahlu-Sunna Wal-Djamâ’a en donnant la priorité à la raison par rapport aux textes religieux, rejoignant par-là la doctrine des théologiens parmi les Mu’tazilites et autres sectes, ce qui a amené le parti à nier le châtiment de la tombe et son supplice ainsi que l’avènement de l'Antéchrist ; s’ajoute à cela sa négligence des aspects éducatifs, son renoncement à l’exhortation au bien et à l’interdiction du mal dans l’attente du rétablissement du califat islamique et finalement, la promulgation de fatwas contredisant le fiqh islamique (al-Mawsû’a al-Muyassara, l’Encyclopédie simplifiée des religions et des partis contemporains) 1/344-345.

Muhammad al-Hasan estime que cette fausse interprétation de l’éducation culturelle a entraîné des résultats négatifs, dont :

· Le laxisme moral et religieux chez les militants du parti, car il arrive qu’on trouve chez les prédicateurs les plus zélés une négligence de la Salât, ce qui a ébranlé la confiance des musulmans en eux ; bien plus, lorsqu’ils ont cherché à justifier leur attitude ils ont commis une erreur encore plus grave en interprétant le noble verset selon leurs passions… (sens du verset) :

[…ceux qui, si Nous leur donnons la puissance sur terre, accomplissent la Ṣalāt,…] (Coran 22/4)

…en disant que ce verset ne les engagera à accomplir la Salât que lorsqu’Allah leur accordera le pouvoir sur terre et les soutiendra par la restauration de l’Etat de l’Islam et du califat islamique ; mais ils n’ont pas tardé à revenir sur leurs paroles face à la réaction des musulmans.

Un des prédicateurs célèbres a relaté : « Je suis entré chez le Cheikh Taqiuddin an-Nabhanî et lui ai suggéré d’insérer le Noble Coran dans les méthodes d’enseignement au sein des cercles d’études du parti. Pour toute réponse, il m’a dit : ‘Ecoute bien Amin, n’essaie pas de corrompre les jeunes gens du parti, je ne veux pas de Derviches chez moi’»

Muhammad al-Hasan rapporte les paroles célèbres du maître Mawdûdî : « N’engagez pas de discussions avec eux, laissez le temps les emporter ».

Muhammad al-Hasan a également dit : « Nous ne nous étonnons plus de voir le chef du parti s’opposer au consensus de la nation musulmane en ce qui concerne la prohibition d’embrasser une femme étrangère, rentrerait-elle de voyage ou serait-elle résidente » (Cf. Les doctrines et les idéologies contemporaines) (159-169).

Tout compte fait cher frère, vous devez sans doute concevoir que personne n’est dans l’obligation d’adhérer à un tel parti ; voire, vous ne devez en aucun cas y penser du moment que vous avez pris connaissance des infractions du parti de la libération aux règles de conduite de l’Islam et aux enseignements du Noble Coran et de la Sunnah. De plus vous devez savoir que ce parti n’est pas le seul qui œuvre sur la scène politique ; au reste, la prétention de ses adhérents de suivre la méthode du Messager d’Allah () a été contredite par de nombreux faits.

Par conséquent, tachez d’acquérir la science qui vous sera utile à partir du Noble Coran et de la Sunna, et d’être en contact direct avec les savants dignes de confiance d’Ahlu-Sunna Wal-Djamâ’a et évitez surtout les groupes qui en dévient.

Nous vous avons donc donné un bref aperçu du parti de la libération. Nous ne sommes pas en mesure à ce niveau, de discuter en détail des infractions du parti au credo et à la jurisprudence, encore moins d’y répondre ; quiconque désire en savoir plus n’a qu’à se référer à (« al-Mawsû’a al-Haraqiyya» de Fathi Yakan en deux volumes) à (« La pensée islamique contemporaine » de Ghazi Tawba) et aux (« Perspectives islamiques sur les doctrines contemporaines » de Muhammad al-Hasan)

Et Allah sait mieux.

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