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Les musulmans du Sri Lanka

Les musulmans du Sri Lanka

L’île de Ceylan, connue aujourd’hui sous le nom de Sri Lanka, a été pendant longtemps un carrefour commercial dynamique, cela s’explique notamment par sa position géographique centrale et privilégiée. L’île de Ceylan devint fameuse pour sa production d’épices et de pierres précieuses, lesquelles attirèrent l’attention du vieux monde sur cette île de l’océan Indien. On considère que les Arabes furent parmi les premières nations à entretenir des relations commerciales avec Ceylan et à s’y fixer, ces derniers appelèrent ce territoire du bout du monde l’« île du rubis ». L’Islam pénétra dans l’île de Ceylan à l’époque des Califes Bien-guidés.
Après que l’Islam eut pris pied à Ceylan et s’y fut répandu, les relations commerciales entre le monde arabo-musulman et Ceylan se renforcèrent encore. Par ailleurs, les sources historiques nous confirment bien que l’Islam s’implanta sur l’île de Ceylan à l’époque des Califes Bien-guidés ; ainsi, par exemple, Ibn Chahriyâr nous dit dans son ouvrage intitulé Les merveilles de l’Inde que lorsque les habitants de Ceylan et des contrées se trouvant dans ses alentours entendirent parler de l’Islam, ils envoyèrent un messager afin qu’il recueille des informations sûres sur cette nouvelle religion, au moment où ce messager arriva à Médine, c’est ‘Umar ibn al-Khattâb (Radhia Allahou Anhou) qui était le Calife, il put avoir une entrevue avec ce dernier durant laquelle il put recueillir les préceptes authentiques de l’Islam. Toutefois, ce messager décéda sur la route du retour, ce fut donc son serviteur qui transmis le message aux gens de Ceylan.
Il est clair que les relations commerciales entre Ceylan et l’Etat islamique constituèrent le moyen béni de faire découvrir et aimer l’Islam aux habitants de Ceylan, car en effet les commerçants musulmans étaient exemplaires en termes de confiance et de loyauté, ce bon comportement fit d’eux d’excellents prédicateurs pour notre religion, ils laissèrent des traces indélébiles que n’arrivèrent pas à laisser les armées conquérantes.
Même si on peut dire que la colonisation de l’île de Ceylan par les Anglais, en 1716, fut un peu moins violente et brutale à l’égard des musulmans que celles des Portugais et des Hollandais, lesquels colonisèrent Ceylan avant les premiers, il n’en reste pas moins que les Anglais poursuivirent plus ou moins la même politique d’évangélisation que leurs prédécesseurs. C’est ainsi que les Anglais fondèrent de nombreuses écoles entre 1732 et 1746, ils donnèrent donc la possibilité à tous les groupes et classes sociales de Ceylan de s’éduquer ; toutefois, les musulmans ne purent oublier facilement les jours noirs qu’ils vécurent sous la domination hollandaise, ils lièrent donc dans leur esprit l’enseignement occidental avec les buts d’évangélisation des autochtones poursuivis par l’Eglise, c’est pourquoi les musulmans appréhendèrent cette politique d’éducation avec une grande méfiance et refusèrent ainsi ce genre d’enseignement. Les musulmans se contentèrent donc d’étudier au sein de leurs propres écoles, lesquelles étaient attenantes aux mosquées et où n’étaient enseignés que le Coran et les bases essentielles de l’Islam.
Cependant, après un certain temps, les musulmans commencèrent à chercher un moyen d’accéder eux aussi à l’enseignement moderne et aux bénéfices matériels que celui-ci pouvait leur apporter, et ce, sans sacrifier leurs valeurs spirituelles ou se départir de leur foi islamique.
Et c’est dans ce climat particulier de volonté d’évolution historique des musulmans de Ceylan que se distingua l’un des chefs de la communauté musulmane de l’île et que certains qualifiaient de visionnaire, son nom était Muhammad Qâsim Saddî Labay, ce dernier était un réformateur social actif ainsi qu’un prédicateur islamique ayant une grande audience. Ce réformateur musulman prit l’initiative de fonder un journal appelé L’ami du musulman et écrit dans la langue locale, il y appelait les musulmans de l’île à se tourner vers l’enseignement moderne, mais en parallèle il les encourageait à conserver leurs valeurs islamiques. Nous pouvons considérer que les années allant de 1881 à 1901 furent des années expérimentales en termes d’éducation pour les musulmans de l’île de Ceylan.
Et partir de l’indépendance de Ceylan en 1948, qui devint le Sri Lanka, les musulmans commencèrent à jouer un rôle important dans la vie publique de l’île, et ce, bien qu’ils ne représentent qu’environ 8% de la population totale. Les musulmans participent donc activement à la vie politique du pays, de plus ils firent un grand pas en avant dans le domaine de l’éducation, c’est ainsi qu’ils furent nombreux à accéder à l’université et ils sont donc nombreux aujourd’hui à travailler dans l’administration et certains siègent même au conseil des ministres.
Il est à noter que les musulmans du Sri Lanka ont leurs propres cours de justice, lesquelles s’occupent principalement des questions de droit civil comme le mariage ou le divorce par exemple. De même qu’il existe des journaux et émissions, radiophoniques et télévisuelles, faits par et pour les musulmans ou bien il est notable que des vacances officielles sont données à tous à l’occasion des fêtes musulmanes ; enfin, il existe de nombreuses écoles gouvernementales dédiées exclusivement aux musulmans.
Malgré tout cela les musulmans du Sri Lanka doivent faire face à des problèmes très importants qui nécessitent des solutions rapides et radicales. Et parmi ces problèmes il y a le fait qu’il faille trouver des solutions pour éviter que les jeunes musulmans ne soient pris dans les filets des philosophies et idéologies matérialistes. En effet, les jeunes musulmans du Sri Lanka, comme c’est le cas de tous les jeunes à travers le monde islamique, sont exposés au danger des idéologies modernes qui ont pour fondement le matérialisme et l’athéisme. S’il ne fait aucun doute que les oulémas qui sont le produit des écoles dont on a parlé plus haut font un travail louable pour l’Islam et les musulmans, il faut néanmoins dire qu’étant donné la nature de l’enseignement qu’ils reçurent au sein de ces établissements, ils n’ont pas les armes culturelles et intellectuelles qui leur permettraient de présenter l’Islam aux jeunes musulmans d’une manière qui correspond à leurs aspirations, car en effet ces derniers ont été subjugués par le progrès scientifique occidental, cette fascination pour celui-ci leur empêche de voir qu’il est sous-tendu par une philosophie matérialiste et athéiste. Par conséquent, les oulémas, qui sont les guides de cette communauté musulmane en général et de ses jeunes en particulier, ne doivent pas se contenter d’être des érudits dans le domaine des sciences religieuses, mais ils doivent en outre avoir une large connaissance des idéologies globales et modernes qui traversent notre monde.
Le deuxième grand problème est le problème de la langue. En effet, les musulmans du Sri Lanka parlent la langue Tamoule, qui est également la langue des musulmans du sud de l’Inde, il y a par exemple de nombreux ouvrages islamiques écrits dans cette langue par des oulémas du Sri Lanka ou du sud de l’Inde ; toutefois, aujourd’hui c’est la langue cingalaise qui domine au Sri Lanka, elle est la langue officielle du pays, par conséquent, on constate que de nombreux jeunes musulmans délaissent la langue tamoule pour apprendre exclusivement le cingalais. Le problème qui résulte de cela est qu’il n’existe pas ou très peu d’ouvrages islamiques en langue cingalaise, c’est pourquoi il y a un besoin urgent de rédiger ou traduire des livres dans cette dernière langue. Ce projet essentiel nécessite évidemment que les musulmans de l’île le soutiennent et s’unissent pour le mener à bien.

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