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Une nouvelle naissance après le Hadj

Une nouvelle naissance après le Hadj

Par : Ali Mukhtâr Mahfûdh

Dans un article antérieur, nous avons expliqué comment le pèlerin lutte contre les passions de son âme, s’approvisionne en piété, dépense de ses biens et traverse les difficultés afin d’atteindre les haut degrés, et revenir comme le jour où sa mère l’a enfanté, le registre de ses mauvaises actions vierge, sans le moindre péché. Comment donc noircir cette page blanche en commettant à nouveau des désobéissances ou des actes blâmables, alors qu’il s’en est repenti et a goûté la saveur de l’obéissance et de la dévotion ? Comment le musulman persévèrera-t-il dans l’obéissance et empruntera-t-il à jamais le droit chemin ? Comment sauvegarder la pureté de sa nouvelle naissance ?
Quant au musulman qui n’a pas accompli le Hadj, mais qui a fait des efforts dans l’adoration d’Allah au cours de la première décade du mois de Dhul-Hidjja pour conclure l’année avec de bonnes actions, comment peut-il persévérer dans l’accomplissement de ces œuvres pieuses pour obtenir une fin heureuse ?

Nous avons cité quelques procédés qui aident à atteindre ces objectifs, dont la sincérité, la soumission aux dispositions de la Charia, faire preuve de bonnes moralités, l’acquisition de la piété, la lutte contre les passions de l’âme, le souci de gagner licitement son argent, l’acquisition de la science, la compagnie des vertueux, le repentir, la restitution des droits pris injustement et la persévérance dans les bonnes actions à la suite de l’accomplissement des actes d’obéissances.

Si le pèlerin revient tel un nouveau-né, il ne doit obtempérer qu’aux ordres d’Allah, exalté soit-Il, n’agir que selon Sa méthode, ne s’attacher qu’à Son Livre, ne se conformer qu’à la Sunna de Son Prophète (). C’est en agissant ainsi qu’il deviendra un nouveau-né qui n’est pas adepte de la méthode orientale, ou qui n’admire pas une méthode profane, tout en refusant celle d’Allah, exalté soit-Il ! Il met en application, non pas une constitution occidentale, mais les dispositions du Coran et de la Sunna. Il s’engage à se rapprocher de son Seigneur, exalté soit-Il, par l’accomplissement des actes d’adoration obligatoires et surérogatoires, l’accomplissement des actes obligatoires étant la meilleure chose par laquelle le serviteur peut se rapprocher de son Seigneur. Il doit s’éloigner des hérésies et délaisser les péchés. Par exemple, s’il avait recourt aux prêts usuraires, il doit absolument comprendre que l’Islam a rendu illicite l’usure, et que le Prophète () l’a rigoureusement condamné dans son Sermon d’Adieu. En fait, par ce sermon, le Prophète () a posé les fondements de la méthode islamique globale, couvrant tous les aspects de la vie : la justice, l’économie, l’équité à l’égard des femmes, l’interdiction de l’effusion (illégitime) de sang et la préservation des droits.

Pendant le Hadj, le pèlerin tire des leçons remarquables qu’il doit appliquer après son retour. Il apprend l’importance d’organiser son emploi du temps, en le rattachant aux heures de la prière prescrite. Au cours de l’accomplissement des rites, il apprend la valeur de l’organisation et de l’ordre, voit que les musulmans, une fois unis, représentent une grande puissance. Pourquoi donc ne pas être soucieux quant à l’importance de l’harmonie et de la solidarité.
Quand il fait des efforts pour évoquer et invoquer Allah, exalté soit-Il, et lire le Coran, qu’il sache que c’est ça l’arme du croyant et il doit continuer à être assidu dans la lecture du Coran, dans la mise en œuvre de la Sunna du Prophète élu () pour se soumettre ainsi à l’ordre d’Allah, exalté soit-Il. Il doit être fier d’être musulman, louer Allah, exalté soit-Il, pour le bienfait de l’Islam et donner la priorité à ses lois sur toute autre chose.

En outre, pendant le Hadj, le pèlerin apprend la leçon de la soumission à Allah, exalté soit-Il : il embrasse une pierre, incapable de lui nuire ni de lui être utile, mais en le faisant, il le fait pour se conformer à la Sunna du Prophète élu (). Il lance des cailloux contre les stèles et tourne autour de la Ka’ba, construite de pierres, rien que pour déclarer qu’il est un musulman soumis à la méthode qu’Allah, exalté soit-Il, a choisi. Comment s’opposerait-il donc à Ses ordres ? Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Et quiconque soumet son être à Allah, tout en étant bienfaisant, s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allah » (Coran /22).

Parmi les procédés qui aident également à la persévérance dans l’obéissance :
Le pèlerin doit se souvenir qu’il a pris un engagement envers Allah, exalté soit-Il, devant la Pierre Noire et Lui a confié son sort. Comment donc revenir sur son engagement, alors qu’Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Demeure sur le droit chemin comme il t’est commandé » (Coran 11/112), et que le Prophète () a dit : « Dis : 'Je crois en Allah'. Puis, demeure sur le droit chemin » ?

Le pèlerin a réussi à combattre le diable et à le prendre pour ennemi, comme il a goûté la saveur de la victoire qu’il a remportée sur lui. Comment donc lui obéir de nouveau, alors qu’Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Le diable est pour vous un ennemi. Prenez-le donc pour ennemi. Il ne fait qu’appeler ses partisans pour qu’ils soient des gens de la Fournaise » (Coran 35/6) ?

Le pèlerin est fier, parce qu’il a également réussi à lutter contre ses propres passions et à brider ses caprices, comme Allah, exalté soit-Il, le dit (sens du verset) : « Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaisants » (Coran 29/69). Comment donc suivre l’âme incitatrice au mal comme Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Car l’âme est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, [ne la préserve du péché] » (Coran 12/53) ? Il est enjoint de poursuivre cette lutte et d’essayer de changer son âme incitatrice au mal en une âme toujours prompte à se faire des reproches ou en une âme sereine. Car, quiconque lutte contre ses propres passions et son démon sera également capable de lutter contre les ennemis et sera victorieux dans sa guerre contre les hypocrites.

Et si jamais il tombe dans le péché ou faiblit, il doit se hâter de remplir le diable de dépit en revenant promptement à l’obéissance au Tout Miséricordieux, exalté soit-Il, en renouvelant regret et repentir, en étant déterminé à ne plus revenir à ce péché commis ou à cette désobéissance, et en multipliant les demandes adressées à Allah, exalté soit-Il, de lui pardonner. Il doit savoir qu’à chaque fois qu’il se repent, il gagne une récompense. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Celui qui commet une mauvaise action ou se fait du tort à lui-même trouvera toujours auprès d’Allah, s'il implore Son pardon, indulgence et miséricorde.» (Coran 4/110).

Parmi les causes d’acceptation de l’œuvre figure également le fait que le musulman déprécie ses propres actions, ne s’en flatte pas ou ne soit pas trompé par sa sincérité. Il ne doit pas considérer comme une faveur faite à Allah, exalté soit-Il, la bonne action qu’il a accomplie, mais doit plutôt parfaire son œuvre, s’humilier devant Allah, Le supplier de l’accepter et Lui demander sincèrement de lui permettre d’être assidu dans son accomplissement. Cela fait partie des œuvres les plus aimées d’Allah, exalté soit-Il, et de Son Messager comme dit le Prophète () : « Les actes les plus aimés d’Allah sont ceux faits avec le plus de constance, aussi minimes soient-ils » (Boukhari, Mouslim). Le musulman doit craindre que son œuvre ne soit pas acceptée pour une raison quelconque : un manque de sincérité, une forme de polythéisme, un manque de conformité envers la Charia, etc. Les vertueux Anciens se souciaient de l’acceptation par Allah, exalté soit-Il, de leurs actes d’adoration et craignaient qu’ils ne soient rejetés ou refusés. Décrivant la situation de ceux qui craignent de voir leurs actions non acceptées, Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

« Qui donnent ce qu’ils donnent, tandis que leurs cœurs sont pleins de crainte [à la pensée] qu’ils doivent retourner à leur Seigneur. Ceux-là se précipitent vers les bonnes actions et sont les premiers à les accomplir » (Coran 23/60-61).

Le Prophète () expliqua ce verset en disant qu’il s’agit de ceux qui accomplissent le jeûne et la prière et qui versent des aumônes, tout en craignant que leurs œuvres ne soient pas acceptées. Il est rapporté qu’Ali Ibn Abi Tâlib, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Soyez plus soucieux de l’acceptation de l’œuvre que de l’œuvre elle-même. N’avez-vous pas entendu le verset, dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Allah n’accepte que de la part des pieux » (Coran 5/27) ?

Parmi les choses qui aident à rester ferme sur la voie de l’obéissance, le fait de se rappeler les bienfaits d’Allah, exalté soit-Il, et le musulman doit bien saisir que toutes ses œuvres ne lui permettraient pas de s’acquitter de la dette qu’il a pour un seul de ces bienfaits, les bienfaits d’Allah sur Ses serviteurs étant innombrables. Nous devons donc remercier Allah, exalté soit-Il, pour cela et se rappeler Sa parole (sens des versets) :

• « Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d’Allah » (Coran 16/53) ;

• « Et si vous comptez les bienfaits d’Allah, vous ne saurez pas les dénombrer » (Coran 16/18).

Parmi les choses qui aident également à rester ferme sur la voie de l’obéissance, se souvenir de la mort, qui met fin aux plaisirs terrestres et sépare les gens, et advient inéluctablement et à l’improviste (sens du verset) : « Où que vous soyez, la mort vous atteindra, fussiez-vous dans des tours imprenables » (Coran 4/78). Quiconque considère les nombreux accidents qui se produisent chaque jour saura que la mort peut le surprendre à n’importe quel moment et qu’il n’aura pas le temps de se repentir. Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de nous accorder une bonne fin.

Parmi les choses qui aident également, se souvenir de la tombe, la première étape de l’au-delà où l’on sera interrogé sur notre Seigneur, notre religion et notre Prophète, et où ne donnera la bonne réponse que celui qui aura fait de bonnes actions. En fait, la tombe est le réceptacle des œuvres, où ne seront utiles que la foi, la persévérance dans les bonnes actions et un cœur sain (sens des versets) : « Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur sain » (Coran 26/88-89).

Pour que l’âme ait de l’ardeur dans l’accomplissement des œuvres pies avec assiduité, tout en s’éloignant des désobéissances et en abandonnant les actes blâmables, il faut lui rappeler fréquemment la grande récompense de cette attitude, car Allah, exalté soit-Il, de par Sa miséricorde envers nous, nous rétribue généreusement pour chaque bonne action, aussi minime soit-elle. Il faut également susciter son désir d’entrer au Paradis, pour qu’elle emprunte le chemin de ses habitants, et lui faire avoir peur des flammes et la chaleur de l’Enfer, pour qu’elle s’éloigne du chemin de l’égarement et se tienne sur celui de la droiture.

Celui qui, après son retour du Hadj, ne trouve pas en lui la motivation nécessaire ou la forte envie et l’ardeur lui permettant de rivaliser dans l’accomplissement des adorations et des bonnes actions ; et pour qui les divers moyens d’encouragement et d’intimidation n’aboutissent à rien, dont le cœur est encore dur et pas sain, ou encore qui fait preuve d’apathie ou ressent de la paresse après avoir été en forme ; alors, cette personne doit se rappeler que la vie est courte et que le bonheur dans le bas monde et le repos dans l’au-delà n’est la récompense que de celui qui se tient sur le droit chemin. Ainsi, celui qui désire mener une vie agréable et jouir d’un bonheur permanent doit se tenir constamment sur le chemin droit et faire des efforts pour rester ferme dans l’obéissance. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Quiconque, homme ou femme, aura fait le bien tout en étant croyant, Nous lui assurerons une vie heureuse. Et Nous les récompenserons en fonction des meilleures de leurs œuvres. » (Coran 16/97).

Sinon, le Jour des Comptes, il regrettera ses manquements envers Allah, exalté soit-Il. Donc, dans l’intérêt de son âme et pour atteindre les rangs les plus élevés, il appartient au musulman de faire tout pour obéir assidûment à son Seigneur, exalté soit-Il, car quiconque accomplit les bonnes actions gagnera certes ces rangs élevés. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

« En vérité, celui qui se présentera devant son Dieu chargé de crimes aura pour récompense la Géhenne, où il demeurera entre la vie et la mort. Mais ceux qui se présenteront devant Lui en croyants et qui auront accompli des œuvres pies, ceux-là accèderont aux plus hauts rangs des jardins d'Eden, sous lesquels coulent des rivières et où leur séjour sera éternel. Telle est la récompense réservée à ceux qui se seront purifiés de leurs péchés. » (Coran 20/74-76).

Si ces procédés ne parviennent pas à réveiller le musulman, celui-ci doit secouer son âme et attendrir son cœur en visitant les cimetières, en réfléchissant sur son sort, en méditant sur la fin de tout être vivant. Il peut prendre part à une prière funéraire, sans hésiter ensuite à porter le cercueil et à enterrer le mort. Il peut se rendre aux chevets des malades, surtout ceux qui ont été atteints d’infirmités sévères, suite à des accidents terribles. Ces scènes ont un pouvoir certain sur l’âme et sont susceptibles d’attendrir son cœur. C’est alors qu’il regrettera sa négligence, renouvellera son repentir et nourrira l’intention de consacrer le reste de sa vie à la bienfaisance.

Pour l’aider à rester sur le droit chemin et tenir ferme sur la voie de l’obéissance, à réussir dans la lutte contre les passions de son âme, à parvenir à la piété et à stimuler sa volonté de gagner le Paradis, le musulman doit faire des efforts sur lui et essayer de s’imposer des activités lui permettant de rester ferme dans la voie de l’obéissance et de la droiture. Il essaye donc d’être assidu dans la lecture, la récitation, l’écoute du Coran. Ainsi que la méditation de ses versets, sa mise en pratique, y revenir dans le jugement et s’en servir comme remède. Il doit également assister à des cours d’exégèse du Coran et de sciences religieuses en général, en se hâtant d’aller écouter les assises de ulémas, pour faire croître sa foi et affermir ses pas, comme il doit lire les biographies des Prophètes, étudier celle de notre bien-aimé Mohammad () et lire celles des ulémas et des vertueux.

Et pour que son enthousiasme perdure et qu’il persévère dans les œuvres pies, le musulman doit se rappeler la force de ceux qui sont dans le Faux et les assauts menés par les ennemis de l’Islam contre ses forteresses en se servant de tous les moyens possibles. Il doit méditer sur les efforts infatigables des partisans du Faux pour défendre leurs doctrines erronées, car ceci est susceptible de stimuler sa jalousie pour l’Islam, et de le pousser à se soucier des affaires de ses coreligionnaires et à prêter main-forte à ceux qui en ont besoin.
Il doit également examiner les facteurs qui aident à l’établissement et à la cohérence des différents Etats et l’éclosion des différentes civilisations et de leur pérennité. Là, il découvrira que les plus importants de ces facteurs sont : l’attachement à une certaine méthode, le travail avec sérieux et dévouement et la rectification du parcours. Or, les musulmans possèdent la méthode divine pleine de sagesse, dont ils doivent se prévaloir et à laquelle ils doivent donner la prééminence, tout en œuvrant sans cesse et en corrigeant leurs erreurs. En fait, le succès des Etats, la suprématie qu’ils acquièrent et la continuité de leurs civilisations ne sont pas dus aux apparences trompeuses, ni aux biens matériels passagers, mais plutôt à l’attachement aux valeurs, la mise en application des principes et la fierté à l’égard de la méthode adoptée.

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