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Explication du Hadith : « Les actions ne valent que par les intentions qui les motivent »

Explication du Hadith : « Les actions ne valent  que  par les intentions qui les motivent »

Omar Ibn AI-Khattab, Radhiya Allahou 'Anhou, a dit : « J'ai entendu le Messager d’Allah, , dire : « Les actions ne valent que par les intentions qui les motivent et chacun n'a pour lui que ce qu'il a eu réellement l'intention de faire. Celui qui émigre pour Dieu et Son Messager, son émigration lui sera comptée comme étant pour Dieu et Son Messager. Et celui qui émigre pour acquérir des biens de ce bas-monde ou pour épouser une femme, son émigration ne lui sera comptée que pour ce vers quoi il a émigré. » (Rapporté par Boukhari et Mouslim).

Ce Hadith sublime montre que les œuvres sont pesées à la balance de l'intention (Niya) ; quand celle-ci est pure, l'œuvre devient bonne et lorsqu'elle est mauvaise l'œuvre s'en trouve corrompue.
C'est l'un des Hadiths constituant le pivot de l’Islam. Il résume, selon l'imam Ach-Chafiï, le tiers de la religion et soixante-dix chapitres de la jurisprudence s’y rapportent.
Ainsi l'expression du Prophète () : « Les actions ne valent que par les intentions. » signifie que les œuvres légales pour lesquelles est rétribué le musulman, comme les actes cultuels (Ibadates) ou d'obéissance, ne sont valables, parfaits, considérés ou acceptables que s’ils sont entérinés par l'intention pure par laquelle l'on ne recherche que la face d'Allah Exalté soit-Il. D'ailleurs, certains savants estiment que ce sens englobe tous les actes, qu’ils procèdent du religieux ou du temporel (Dounyawi). Tout acte par lequel  le musulman vise l’agrément d'Allah, exalté soit-Il, peut lui procurer une récompense.

S'agissant de l'expression du Prophète : « Chacun n'a pour lui que ce qu'il a eu réellement l'intention de faire », celle-ci signifie que la part et la récompense qui reviennent à l'homme, demeurent tributaires de son intention. Si celle-ci est bonne et vouée à Allah exclusivement, l'œuvre sera agréée et son auteur récompensé. En revanche, si l'intention est mauvaise ou corrompue, l'œuvre sera elle-aussi mauvaise et son auteur en supportera le péché.
Donnons quelques exemples qui illustrent nos propos :
- Celui qui tue délibérément un homme est à son tour tué et subit le jour du jugement dernier un châtiment douloureux.
- Celui qui, par erreur, tue un homme paye le prix de sang et n'encourt aucun châtiment dans la vie ultime.
- Celui qui formule l'intention de faire du bien, mais en est empêché, en sera récompensé.

-  Celui qui veut faire du mal, mais s'en abstient, par crainte d'Allah, sera rétribué pour cela.
- Celui qui veut faire du mal, mais en est empêché, supporte un péché.

L'intention a été instituée pour distinguer l'acte adoratif (Ibada) de la simple habitude ou encore pour différencier les degrés des actes cultuels.
Exemple du premier cas : s'asseoir dans la mosquée peut avoir pour finalité la recherche du repos ou la retraite spirituelle (I’tikaf).
Ce qui distingue l'adoration de la simple habitude c'est l'intention. Il en va de même du lavage du corps qui peut être accompli pour simplement laver le corps ou pour lever l'état d'impureté, à titre adoratif.
Exemple du second cas : l'intention hiérarchise les actes cultuels ; car on peut accomplir, par exemple, deux unités de prière pour s'acquitter de la prière canonique du matin (Sobh) ou simplement de la prière surérogatoire (Sunna).
L'intention a été instituée également pour que l'œuvre soit vouée entièrement à Allah. En effet le croyant se doit de viser par ses œuvres l'agrément divin. Il doit veiller à ce que ses œuvres soient à l'abri des passions, de la recherche de la satisfaction de l'égo, c'est ainsi qu'il peut espérer une grande récompense de la part de son Seigneur, Allah.
En tant que consécration de l'œuvre à Allah, l'intention a été évoquée, dans le Coran, par le biais de la recherche sincère du Visage d'Allah.
Allah, exalté soit-Il, dit  (sens du Verset): « Reste en la compagnie de ceux qui, matin et soir, invoquent leur Seigneur en désirant Sa face» (Coran: 18/28).
Ailleurs, le Coran utilise le terme «Ibtighaa» (recherche) pour parler de l'intention pure : «Ne donnez que poussés par le désir de la Face d'Allah» (Coran: 2/272).
Ainsi toute œuvre qui n'est pas exclusivement vouée à Allah, ne peut être agréée et son auteur récompensé.  Abou Moussa, qu'Allah l'agrée, a rapporté l'événement suivant : « Un homme vint trouver le Messager d'Allah et lui demanda : « Lequel de ces trois combattants combat sur le chemin d'Allah : l'homme qui combat pour le butin, l'homme qui combat pour la réputation ou l'homme qui combat par ostentation ? » Le Messager d'Allah dit: « Celui qui combat pour que la parole d'Allah soit la plus haute, c’est lui qui combat sur le chemin d'Allah.»  Boukhari et Mouslim.
Donc, l'intention pure par laquelle n'est recherché que le Visage d'Allah constitue l'un des aspects de la sincérité envers Dieu et le signe de la validité de la foi et des actes. C'est ce qu'exige, d'ailleurs, Allah de Ses serviteurs (sens du verset): « On leur avait seulement ordonné d'adorer Dieu comme de vrais croyants qui lui rendent un culte pur » (Coran: 98/5).
Abandonner l'ostentation dans les actes d’adoration est un signe de sincérité vis-à-vis d'Allah, l'ostentation étant la recherche à travers I' œuvre d'une autre finalité qu'Allah. La sincérité dans les actes constitue une règle générale à laquelle si les gens viennent à se conformer, l'état de la communauté islamique se réformera et les musulmans mèneront dès lors une vie agréable et prospère.

La sincérité du commerçant, par exemple, envers son Seigneur revient à ce qu'il montre de la miséricorde envers les gens lorsque ceux-ci sont dans une mauvaise passe, se satisfaisant d'un minimum de profits et se gardant de monopoliser les denrées alimentaires nécessaires.
La sincérité de l'ouvrier dans son travail fait accroître la production et généraliser le bien.
La sincérité des détenteurs du pouvoir, envers Allah, remettrait leurs pays sur la voie de la réforme et ferait le bonheur et le succès de leurs peuples.
La sincérité des riches les empêcherait lorsque viennent les temps difficiles, de se montrer avares alors que leurs concitoyens succombent sous le poids de l'indigence et des maladies.
La deuxième partie du Hadith met en exergue la place de l'intention laquelle détermine le sort des œuvres. Le Prophète () dit : « Celui qui émigre pour Allah et Son Messager, son émigration lui sera comptée comme étant pour Allah et Son Messager». Le terme «Hidjra» (émigration) consistait à l'origine à ce que les musulmans faibles quittent un pays que dominent polythéisme, impiété et oppression pour une terre d’Islam (Dar Al Islam) ou un pays où ils ne sont pas assaillis du fait de leurs convictions religieuses.
C'est ce que les premiers musulmans avaient fait en fuyant la persécution qu'ils subissaient à la Mecque. Ils ralliaient Médine où l'état islamique était en phase de genèse. Cette émigration renfermait certes une récompense immense, mais le Prophète () montre ici qu'elle dépendait de la nature de l'intention de l'émigrant. Celui qui émigre pour la demeure de l’Islam  par amour pour Allah, Exalté soit-il, pour Son Envoyé () par désir de s'initier à l’Islam  et pour que la parole de Dieu soit la plus haute, celui-là est en vérité l'homme qui émigre vers Allah, Exalté soit-il, et Son Envoyé (). Et qu'il lui suffise comme honneur et gloire d'obtenir la récompense consécutive à son intention.
A la fin du Hadith, le Messager d'Allah () dit : «Et celui qui émigre pour acquérir des biens de ce bas-monde ou pour épouser une femme, son émigration ne lui sera comptée que pour ce vers quoi il a émigré.» C'est-à-dire que celui dont l'émigration a pour seul but d'obtenir un profit matériel, un bien relatif au monde d'ici-bas ou pour épouser une femme, son émigration ne lui sera comptée que pour ce vers quoi il a émigré. Autrement dit aucune rétribution ne découle de son action.
A ce sujet, on rapporte l'histoire d'un musulman qui a émigré de La Mecque à Médine ; celui-ci quitta la demeure des négateurs dans le seul but d'épouser une femme appelée Oum Qays, c'est pourquoi il fut appelé l'émigrant d'Oum Qays.
Il s'ensuit que celui qui accomplit le pèlerinage à la Maison de Dieu par pure ostentation, ne récoltera aucune récompense, contrairement au pèlerin sincère aspirant à l’agrément  d'Allah et à la rémission de ses péchés ; à celui-ci, Allah, s'Il le veut, agrée le pèlerinage et l'en rétribue.
Certains Oulémas estiment que celui qui accomplit ses ablutions pour se rafraîchir ou jeûne dans un but thérapeutique (parce qu'il veut se mettre à la diète), recherchant par la même occasion l’agrément  d’Allah, ni ses ablutions ni son jeûne ne sont valides, car ayant associé à Allah autre que Lui ; or les actes doivent être consacrés exclusivement à Allah.
En somme, en Islam, les œuvres ne valent pas par leur forme, mais par la bonne intention les générant, celle vouée à Allah, exalté soit-Il. Nul doute qu'il s'agit là d'un principe sublime, procédant du comportement idéal, qui confère aux œuvres éminence et leur fait gravir les degrés de la perfection. Ce principe débarrasse les œuvres, en même temps, des passions, de toute mauvaise envie ainsi que de toute forme d'ostentation. C'est dire que lorsque n'est recherché que la satisfaction d'Allah, les intentions en deviennent pures, les cœurs unis, le bien se généralise et les musulmans se tournent tous vers la même finalité: œuvrer en conformité avec ce qu'Allah agrée, or Allah n'ordonne à l'homme que ce qui renferme pour lui du bien, Allah se passant des créatures.
Et Allah sait mieux.
 

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