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Le pèlerinage pendant la période antéislamique

Le pèlerinage pendant la période antéislamique

Le pèlerinage et ses rites furent prescrits à l’époque du prophète Ibrâhîm (). Cependant, au fur et à mesure que le temps a passé, la forme et l’objectif des rites du pèlerinage ont été altérés. Comme mentionné auparavant, ce processus de déformation a atteint son sommet avec l’introduction des idoles à côté de la Ka’ba. De nombreuses tribus importantes, accompagnées de leurs alliés et leurs esclaves, avaient l’habitude d’arriver à La Mecque et d’y camper séparément.

Les poètes faisaient l’éloge du courage, de la renommée, de la dignité, de la puissance et de la générosité des membres de leur tribu. Ils faisaient également la satire des autres tribus en inventant des histoires exagérées sur leurs prétendues lâcheté, avarice et faiblesse. Des compétitions de générosité étaient également organisées. Pour affirmer sa supériorité, le chef de chaque tribu installait d’immenses chaudrons, immolait de nombreux chameaux et cuisinait la viande qui était par la suite distribuée gratuitement aux ‘pèlerins’. Le seul objectif de cette prodigalité était que leurs noms soient glorifiés dans toute l’Arabie et pour que l’on dise qu’untel a immolé tant de chameaux et a nourri tant de personnes. On se livrait au chant, à la boisson, à l’adultère et de nombreux autres actes immoraux étaient permis, et presque personne ne pensait à Allah, exalté soit-Il.
 
Les rites du tawâf (tourner autour de la Ka’ba) s’apparentaient plus à du cirque qu'à un acte religieux. Des hommes et des femmes tournaient sans cesse autour de la Ka’ba complètement nus. Ils disaient : « Nous allons à la rencontre d’Allah dans le même état que quand nos mères nous ont mis au monde ». La prière dans la mosquée d’Ibrâhîm était accompagnée d’applaudissements, de coups de sifflets et de jeux de cors. Le nom d’Allah était prononcé dans la prière d’intention appelée la talbiya (Labbayka Allahumma labayk : Je suis là mon Seigneur, je suis présent.) Cependant, même cette expression de révérence avait été déformée et on y avait fait des ajouts : « Tu n’as nul associé sauf un à qui Tu le permets. Tu es son maître et le maître de tout ce qu’il possède ».
 
On faisait également des sacrifices au nom d’Allah, exalté soit-Il ; Cependant, le sang de la bête immolée était versé sur les murs de la Ka’ba, car on croyait qu’Allah réclamait de la chair et du sang. Même les quatre mois du pèlerinage (Chawwâl, Dhoul-Qi’dah, Dhoul-Hidjah et Muharram), que le prophète Ibrâhîm (Alaihi Salam) avait déclaré sacrés et où toute guerre ou effusion de sang étaient interdits, n’ont pas échappé à la falsification. Les générations accordaient peu d’importance au caractère sacré de ces mois, et quand ils voulaient combattre, ils transformaient tout simplement le mois sacré en un mois ordinaire cette année-là (décalage du calendrier), ensuite, ils le compensaient l’année suivante.
 
Certaines personnes qui avaient de bonnes intentions en matière de religion entreprenaient le voyage du pèlerinage sans aucune provision et voyageaient en mendiant leur nourriture tout au long du chemin. Ils considéraient cette forme de mendicité comme un acte de piété. Ils déclaraient qu’ils étaient des mutawakkilûn (ceux qui ont une totale confiance en Allah, exalté soit-Il), et qu’ils se dirigeaient vers la Maison d’Allah et que, par conséquent, ils n’avaient pas besoin de biens matériels. Faire du commerce ou travailler pour gagner sa vie pendant le pèlerinage était considéré comme illégal. D’autres s’abstenaient de manger et de boire pendant le pèlerinage, considérant cela comme un acte cultuel, alors que d’autres cessaient de parler du début du pèlerinage jusqu’à sa fin.
La pratique de ces rites déformés du pèlerinage a continué pendant environ deux mille cinq cents ans. Aucun prophète arabe n’est né pendant cette longue période, et aucun précepte authentique d’un prophète n’a atteint les gens d’Arabie. Cependant, en fin de compte, le moment d’exaucer la prière que fit le prophète Ibrâhîm () quand il érigeait les murs de la Ka’ba, arriva :
 
« Notre Seigneur ! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier. Car c’est Toi certes le Puissant, le Sage ! » (Coran 2/129).
 
Ainsi, un homme apparut issu de la descendance d’Ibrâhîm () dont le nom était Muhammad ibn Abdillah. Le Prophète Muhammad () a fait renaître la religion pure et authentique qui avait été enseignée par le prophète Ibrâhîm (). En 23 ans, il a terminé la mission de purifier la Ka’ba et d’établir la religion d’Allah comme la loi régnante, et il a de nouveau déclaré la Ka’ba comme centre universel pour les adorateurs du Seul Vrai Dieu.
En même temps que la renaissance du pèlerinage, toutes les coutumes déviantes et idolâtres de l’époque antéislamique, qui étaient devenues endémiques depuis l’époque du prophète Ibrâhîm () furent complètement éliminées. Toutes les statues de la Ka’ba furent détruites et enlevées, et l’adoration de fausses divinités en dehors d’Allah, exalté soit-Il, qui y était pratiquée, cessa. Tous les rites inventés furent supprimés et toutes les foires furent arrêtées. De plus, l’adoration d’Allah, exalté soit-Il, devait dorénavant être accomplie selon la manière prescrite. Le Prophète () a dit : « Prenez de moi seul vos rites de pèlerinage. »
Par ailleurs tous les actes obscènes furent strictement proscrits par la déclaration d’Allah, exalté soit-Il (sens du verset) : « … point de perversité, point de dispute pendant le pèlerinage… » (Coran 2/197).
On mit fin aux concours entre les poètes, faisant les éloges des réalisations de leurs aïeux ou des membres de leurs tribus. Et à la place, Allah, exalté soit-Il, leur dit (sens du verset) : « Et quand vous aurez achevé vos rites, alors invoquez Allah comme vous invoquez vos pères, et plus ardemment encore… » (Coran 2/200).
 
On arrêta toutes les compétitions de générosité, qui étaient mises en place par orgueil et par désir de célébrité, et à leur place le système pratiqué pendant l’époque d’Ibrâhîm () fut restauré, soit l’immolation de bêtes au nom d’Allah, exalté soit-Il, exclusivement, pour que les pèlerins pauvres puissent se nourrir pendant le pèlerinage. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
·       « … Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d'excès, car Il [Allah] n'aime pas ceux qui commettent des excès » (Coran 7/31).
·       « … Prononcez donc sur eux le nom d'Allah, quand ils ont eu la patte attachée, [prêts à être immolés]. Puis, lorsqu'ils gisent sur le flanc, mangez-en, et nourrissez-en le besogneux discret et le mendiant… » (Coran 22/36).
 
La pratique consistant à verser le sang des bêtes immolées sur le mur de la Ka’ba et à y lancer des morceaux de leur viande fut également stoppée. Allah, exalté soit-Il, les a informés que (sens du verset) : « Ni leurs chairs ni leurs sangs n'atteindront Allah, mais ce qui L'atteint de votre part c'est la piété » (Coran 22/37).
Tourner nu autour de la Ka’ba fut strictement interdit par le Prophète () conformément à l’ordre d’Allah, exalté soit-Il. Et Allah, exalté soit-Il, explique en plus : « Dis : « Qui a interdit la parure d'Allah, qu'Il a produite pour Ses serviteurs… » (Coran 7/32).
Il fut également interdit d’interchanger les mois du pèlerinage pour rendre les mois illicites licites dans le but de pouvoir combattre. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
 
« Le report d'un mois sacré à un autre est un surcroît de mécréance. Par là, les mécréants sont égarés : une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, afin d'ajuster le nombre de mois qu'Allah a fait sacrés. Ainsi rendent-ils profane ce qu'Allah a fait sacré. Leurs méfaits leurs sont enjolivés. Et Allah ne guide pas les gens mécréants » (Coran 9/37).
 
Il fut également interdit d’entreprendre le pèlerinage sans avoir de provisions et Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
 
« … Et prenez vos provisions (ne pas prendre de provision pour un voyage ici bas ne signifie pas prendre la provision pour l’au-delà) ; mais vraiment la meilleure provision est la piété » (Coran 2/197).
 
Ne pas faire du commerce pendant la saison du pèlerinage était considéré auparavant comme un acte de piété, car il était considéré comme illégal, dans cet état, d’utiliser des moyens de subsistance. Ce concept fut également rejeté par Allah, exalté soit-Il, qui dit (sens du verset) : « Ce n'est pas un péché que d'aller en quête de quelque grâce de votre Seigneur (en faisant du négoce)… » (Coran 2/198).
 
Le système qui consistait à s’abstenir de parler, de manger et de boire prit fin. Après l’abolition de toutes les autres traditions antéislamiques, le pèlerinage fut un modèle de piété, de crainte d’Allah, exalté soit-Il, de pureté, de simplicité et d’austérité. Quand les pèlerins quittaient leurs domiciles, ils avaient l’ordre de se purifier de toutes les pollutions de ce bas monde, d’abandonner toute relation sexuelle avec leurs femmes, et de s’abstenir de toute parole profane et de tout acte obscène.
Sur tous les chemins menant à la Ka’ba, des balises étaient installées à des dizaines de kilomètres, pour indiquer qu’avant de dépasser ces limites, les pèlerins devaient revêtir le simple habit de l’ihrâm, constitué uniquement de deux pans de tissus pour les hommes, afin que le riche et le pauvre soient égaux, que les distinctions des différentes nationalités soient éliminées et que tous se tiennent debout dans la cour d’Allah, exalté soit-Il, unis, adorateurs pleins d’humilité. Il fut décrété illicite de tuer n’importe quel animal en étant en état d’ihrâm ou même de parler de tuer un être humain. La finalité était de générer une ambiance de paix et de faire baigner l’esprit des pèlerins dans une ambiance de spiritualité.
 
Les quatre mois du pèlerinage furent à nouveau décrétés sacrés pour que la paix règne sur toutes les routes qui mènent à la Ka’ba, et qu’aucun pèlerin ne soit maltraité en chemin. Quand les pèlerins atteignaient la Ka’ba de cette manière, il n’y avait ni festivals, ni carnavals, ni amusements ni jeux, ni ébats, ni réjouissances. Il ne devait y avoir que l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, à chaque pas : des prières, des sacrifices d’animaux, et la circumambulation autour de la Ka’ba. Le seul slogan qui devait être répété à haute voix était la talbiya : ‘Je suis là, ô Allah, je suis là pour Toi, je suis présent. Tu n’as pas d’associés. Je suis présent. Certes, toutes les louanges et les bénédictions sont pour Toi. Et à toi appartient toute la royauté. Tu n’as aucun associé ».
Le Prophète () a dit ce qui suit, à propos d’un pèlerinage pur, sans tache, désintéressé et sincère :
 
« Quiconque accomplit le Hadj pour la seule satisfaction d’Allah, exalté soit-Il, et pendant lequel il s’abstient de tout acte charnel ou illicite, reviendra aussi pur qu’un nouveau-né ».

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