Un historien français ayant visité Gaza affirme que ce qu’il a vu dépasse l’imaginable

  • Author: Site arabe d\\\'islamweb
  • Date de publication:19/06/2025
  • Catégories:Actualités
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Un historien français ayant visité Gaza affirme que ce qu’il a vu dépasse l’imaginable

Jean-Pierre Filiu, universitaire français et historien spécialiste du Moyen-Orient, a passé 32 jours dans la bande de Gaza entre décembre 2024 et janvier 2025 aux côtés de l’organisation Médecins sans frontières. Dans son ouvrage Un historien à Gaza, il livre un témoignage rare sur la souffrance du peuple palestinien, dans un contexte d’agression israélienne continue et de censure médiatique visant à priver la presse étrangère d’un accès au territoire.

Son récit direct, dont le journal Le Monde a publié des extraits, offre une vision à la fois précieuse et douloureuse de la catastrophe humanitaire qui se déroule dans cette région.

L’auteur commence par affirmer qu’il n’avait jamais vu – ni même imaginé pouvoir voir – ce qu’il a découvert à Gaza : Rien du tout ne l’avait préparé au choc terrible qu’il allait vivre face à une destruction massive, à des ruines infinies où des hôpitaux dévastés côtoient des quartiers entiers totalement rayés de la carte.

L’ouvrage, dont la parution est prévue pour le 28 mai, dresse un tableau sombre de la vie quotidienne dans cette enclave palestinienne assiégée, où sévit une tragédie humaine sans précédent : décharges à ciel ouvert grouillant d’enfants pieds nus, tentes en plastique à peine capables de résister aux intempéries, évacuations sanitaires rudimentaires, le tout aggravé par une pénurie aiguë d’eau.

Filiu rapporte que la détresse humaine est immense : un tiers des habitants de Gaza, soit la jeunesse prometteuse de la région, est déscolarisé, contraint de fouiller les ordures pour se nourrir ou de mendier dans les rues. Les besoins en santé mentale sont gigantesques, alors que seulement quatre psychiatres sont disponibles pour toute la bande de Gaza.

Les femmes, elles aussi, subissent des conditions très dures, avec une augmentation alarmante des maladies de la peau et des troubles gastro-intestinaux, dans un contexte de manque criant de produits d’hygiène. Certaines familles, confrontées à une précarité extrême, en viennent à marier leurs filles très jeunes, perçue comme une forme de protection psychologique.

Voici un résumé des données clés présentées dans les extraits :

Des chiffres stupéfiants :

87 % des logements sont détruits (entièrement ou partiellement), 1,9 million de déplacés, 80 % des entreprises et les deux tiers des routes sont hors d’usage. 700 000 femmes sont privées d’accès à des soins de santé. La ration quotidienne d’eau est tombée de 80 litres par personne avant le conflit à 9 litres seulement, dont 2 litres d’eau potable.

Une vie dans les camps dans des conditions inhumaines :

Des tentes de fortune, des puits creusés à la main, une hygiène déplorable, des pénuries d’eau et de nourriture, froid, faim, maladie et surpopulation, qui affectent particulièrement les femmes et les enfants, dont presque tous ont besoin d’un soutien psychologique.

Une situation sécuritaire chaotique :

Le Hamas, bien qu’affaibli par la guerre et les assassinats ciblés de ses dirigeants, conserve le pouvoir. Selon l’auteur, la mort de Yahya Sinwar et d’Ismaïl Haniyeh n’a pas entamé la capacité du mouvement à se reconstituer par le recrutement de nouveaux combattants.

Le territoire est plongé dans l’anarchie, avec la loi du plus fort, des actes de pillage et de criminalité organisée, y compris à l’encontre de convois humanitaires, certains étant pourtant escortés par l’armée israélienne.

Silence médiatique et double peine

Filiu estime qu’Israël a remporté la guerre médiatique, en empêchant les journalistes internationaux d’accéder à Gaza, ce qui a permis de déshumaniser les Palestiniens. Ainsi, les victimes sont tuées deux fois : physiquement sous les bombes, puis symboliquement, par l’effacement de leur voix.

Depuis janvier 2025, l’UNRWA (l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens) est interdite d’opération à Gaza, ce qui a aggravé le décrochage scolaire massif.

Trois impasses qui étranglent Gaza :

1.     L’impasse israélienne : une obsession sécuritaire et le refus de toute solution politique.

2.     L’impasse palestinienne : des divisions internes et l’absence de leadership démocratique.

3.     L’impasse humanitaire : des aides internationales devenues inefficaces sans solution politique durable.

 

En conclusion, Jean-Pierre Filiu affirme que Gaza ne représente pas seulement une tragédie humaine, mais un effondrement moral mondial. Le silence ou l’inaction des démocraties face à cette destruction généralisée marque un tournant décisif, révélant un monde livré à la logique de la violence, de l’indifférence et du cynisme.

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