Le respect du serment entre obligation et recommandation
Fatwa No: 17528

Question

Doit-on s’astreindre à faire ce qui nous est demandé si quelqu’un nous dit, par exemple : Par Allah, apportez-moi telle chose ? Quelle est la sentence si vous estimez que cette personne fait des serments sur les choses les plus futiles, même celles que vous pensez être sans intérêt.

Réponse

Louange Ă  Allah et que la paix et la bĂ©nĂ©diction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :  

 

Le respect du serment est recommandĂ©. D’après al-Barrâ’ ibn `Âzeb, qu’Allah soit satisfait de lui :

 

 Le Messager d'Allah nous a ordonnĂ© sept choses et nous a interdit sept choses. Il nous a ordonnĂ©  d'accompagner les convois funĂ©raires, de visiter les malades, de rĂ©pondre aux invitations, d'aider les victimes d'injustice, honorer les serments, de rendre le “Salâm” et d'invoquer la MisĂ©ricorde d'Allah pour celui qui Ă©ternue. Il nous a interdit d'utiliser des rĂ©cipients en argent, de porter des bagues en or et de nous vĂŞtir de diffĂ©rentes sortes d'Ă©toffes de soie (al-HarĂ®r, al-DĂ®bâdj, al-Qassi, al-Istabraq et al-MĂ®thara al-Hamrâ') . (Boukhari et Mouslim)

 

Il a Ă©tĂ© rapportĂ© par al-Tabarâni, d’après une chaĂ®ne de narrateurs qui figurent dans les Hadiths rapportĂ©s par Boukhari et/ou Mouslim, d’après Ibn Hadjar al-Haythami dans son ouvrage intitulĂ© al-Zawâdjer, d’après Abou Moussa al-Ach`ari, qu’Allah soit satisfait de lui,  qu’il a entendu le Prophète () dire :

 

Maudit soit celui qui quémande par le Nom d'Allah; maudit soit celui à qui on quémande par le Nom d'Allah et qui refuse de donner à celui qui le sollicite, tant qu’on ne lui demande rien d’illicite

 

De mĂŞme, d’après Djâbir, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit :

 

N’implorez par le Nom d'Allah que le Paradis (Abou Daoud dans son ouvrage Al-Sunan)

 

En outre, d’après Ibn `Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui  et de son père, le Prophète (Salla Allahou 'Alaihi wa Salam) a dit :

 

Accordez la protection à celui qui vous la demande au Nom d’Allah, donnez à celui qui vous demande quelque chose au Nom d’Allah, acceptez l'invitation de celui qui vous invite et récompensez celui qui vous fait une faveur, et si vous ne trouvez rien pour le récompenser, alors invoquez Allah en sa faveur jusqu’à ce que vous estimiez l’avoir récompensé. (Ahmad et Abou Dawoud)

 

La majorité des oulémas considèrent le respect du serment par celui qui l’a prononcé ainsi que le fait de répondre à la demande de celui qui quémande par le Nom d’Allah comme des actes recommandés.

 

Le Hadîth précédent d’al-Barrâ’ souligne l’obligation de respecter son serment. Toutefois, cette conduite est associée à une autre qui n’est pas obligatoire, soit le fait de saluer autrui, ce qui constitue une preuve que la première n’est pas obligatoire non plus.

 

De plus, comme autre preuve en la matière, le Prophète () a blâmĂ© le serment d’Abou Bakr As-SiddĂ®q, qu’Allah soit satisfait de lui. D’après Ibn `Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui  et de son père : Un homme se prĂ©senta au Messager d’Allah () pour lui raconter un rĂŞve. Abou Bakr demanda au Prophète () la permission de l’interprĂ©ter, et le Prophète l’autorisa Ă  le faire. Ensuite, Abou Bakr demanda : Ô Messager d’Allah ! Puisses-tu vivre au prix de la vie de mon père! Ai-je raison ou tort ?
Le Prophète () répondit : "Tu as raison pour certaines choses et tort pour d’autres"
Abou Bakr dit : Ô Prophète d’Allah ! Par Allah, tu dois me dire en quoi j’ai eu tort. Le Prophète () lui dit : Ne jure pas (Boukhari et Mouslim)

 

Dans son ouvrage intitulĂ© Charh Mouslim, l’Imam al-Nawawi a dit : Ce HadĂ®th est la  preuve de la vĂ©racitĂ© des propos des oulĂ©mas affirmant que le respect du serment, comme il figure dans les divers Hadiths, dĂ©pend du fait que ce serment ne soit liĂ© ni Ă  un dommage, ni Ă  quelque chose de pĂ©nible ; sinon on n’est pas obligĂ© de l’honorer.

 

Dans l’ouvrage intitulĂ© al-Zawâdjir `an Iqtirâf al-Kabâ’ir, au sujet des pĂ©chĂ©s 138 et 139, Ibn Hadjar al-Haythami a rapportĂ© les Hadiths en la matière, puis a commentĂ© en disant : Pourtant, cette opinion est rĂ©futĂ©e par nos Imams qui estiment qu’il est dĂ©testable aussi bien de mendier au Nom d’Allah que de refuser de donner. Cependant, ils n’ont pas considĂ©rĂ© cet acte comme un acte illicite et encore moins comme un pĂ©chĂ© grave. Toutefois, il est possible, d’après eux, d’appliquer l’interdiction dans le hadith uniquement au cas de celui qui est contraint de mendier. En effet, le fait de lui refuser l’aumĂ´ne malgrĂ© son Ă©tat d’indigence et son imploration au Nom d’Allah est pire et plus grave. En outre, le fait de le pousser Ă  insister longuement et Ă  rĂ©pĂ©ter sa demande au Nom d’Allah au point d’importuner la personne Ă  qui il demande et de lui porter prĂ©judice, expose les deux Ă  la malĂ©diction divine : le premier pour avoir demander avec insitance par le Nom d'Allah et le second pour avoir refuser de rĂ©pondre favorablement Ă  la demande du premier.

 

Et Allah sait mieux.

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