Un mari cache à sa femme ce qu'il fait avec ses revenus
Fatwa No: 226321

Question

Salam alaykum,
Mon mari m’a toujours cachée ce qu'il fait avec ses revenus, il envoie de grandes sommes à sa famille (qui n'est pas dans le besoin) et il ne comble pas les besoins de sa petite famille. Il m’a mentie à plusieurs reprises pour cacher la vérité que je découvre !
C'est moi qui avais les allocations des enfants et les dépensais sur mes enfants et mon foyer sur les choses que lui n'achète pas mais derrière mon dos, il a fait des changements pour que lui récupère les Allocations familiales. La CAF a remarqué le conflit et a décidé de bloquer les prestations. Ensuite, on a signé tous les deux une déclaration et j'avais proposé à mon mari de mettre les AF sur un compte commun (en plus il a nié qu'il voulait récupérer les AF) il m'a montrée qu'il est d'accord puis il a fait le contraire en donnant son RIB a lui.
Je me suis rendue compte et j'ai expliqué la situation à la CAF qui m’a virée la somme bloquée sur mon compte.
Depuis mon mari refuse de faire les courses malgré qu'il ait récupéré l'allocation du mois dernier.
Je lui ai proposé qu'il peut lui recevoir les AF et moi je gère la somme qui m a été versée en achetant ce que lui n'achète pas.
Mais il refuse, je lui ai proposé de mettre tout en commun, mais lui me dit ok et tu mets tout l'argent depuis tout le temps que t’as commencé à recevoir les AF mais moi je les ai dépensées et je lui dis toujours j'ai les relevés bancaires, mais ne veut ni les voir ni me croire.
Que dois-je faire ?
Baraka Allah fikoum.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Nous invitons les deux conjoints à faire preuve de douceur et de gentillesse l'un à l'égard de l'autre et à faire régner entre eux une atmosphère d’affection et de compassion mutuelles. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l'affection et de la bonté. (Coran 30/21)

‘Aïcha, , a rapporté que le Prophète () a dit : La douceur embellit tout ce qu'elle touche et tout ce qui en est privé est enlaidi. (Muslim)

Sachez que le mari n’est pas tenu d’informer sa femme de ses revenus ou de ce qu’il en fait tant qu’il subvient aux besoins de sa femme et ceux de ses enfants de manière convenable. Il peut être bon parfois d’informer sa femme du montant de ses revenus et parfois non. Cela dépend de la situation de la femme et du couple.

Il n’y a pas non plus de mal à ce qu’il fasse don d’une partie de son argent à sa famille tant qu’il pourvoit aux besoins de sa femme et ses enfants. Au contraire, donner une partie de son argent à sa famille est un acte de bienfaisance pour lesquel l’homme est récompensé, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

Ils t'interrogent : "Qu'est-ce qu'on doit dépenser ?" Dis : "Ce que vous dépensez de bien devrait être pour les père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres et les voyageurs indigents. Et tout ce que vous faites de bien, vraiment Allah le sait." (Coran 2/215)

Concernant les allocations versées par le gouvernement et destinées aux enfants, elles doivent être dépensées dans l'intérêt de ces derniers si l’instance qui les octroie émet cette condition.

Quant au fait que le mari refuse de subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants, cela est interdit. En effet, le Coran, la Sunna et le consensus des oulémas nous apportent des preuves indiquant que les hommes ont l'obligation de subvenir aux besoins de leurs femmes et de leurs enfants sans faire preuve ni d’excès ni de manquement.

Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
• Au père de l'enfant de les nourrir et vêtir de manière convenable. (Coran 2/233)
• Que celui qui est aisé dépense de sa fortune ; et que celui dont les biens sont restreints dépense selon ce qu'Allah lui a accordé. (Coran 65/7)
Hind bint ‘Utba, , dit au Prophète () : Ô Messager d’Allah, Abû Sufiân est un homme avare qui ne subvient pas à mes besoins ni à ceux de mon enfant si je ne lui prends pas ce qui nous suffit à son insu. Le Prophète () lui dit alors : Prends ce qui te suffit à toi et à ton enfant sans exagérer. (al-Bukhârî)

Mu’âwiya al-Quchayrî a rapporté de son père qu’il demanda au Prophète () : Quels sont les droits de la femme sur son époux ? Le Prophète répondit :

Qu’il la nourrisse lorsqu’il se nourrit, qu’il la vêtisse lorsqu’il se vêt, qu’il ne la frappe pas au visage, qu’il ne la rabaisse pas et qu’il ne l'abandonne qu’à l'intérieur du foyer. [Abû Dâwûd (al-Albânî : sahîh)]

Les oulémas sont unanimes pour dire que le mari a l’obligation de subvenir aux besoins de sa femme, s’ils sont pubères et que sa femme ne lui désobéit pas. Il doit également subvenir aux besoins de ses jeunes enfants qui n’ont pas d’argent. Ibn al-Mundhir, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : Les oulémas que nous connaissons sont unanimes sur le fait que l’homme doit subvenir aux besoins de ses jeunes enfants qui n’ont pas d’argent.

Pour terminer, nous vous conseillons de demander à votre mari de quoi subvenir à vos besoins essentiels vous et vos enfants. S’il vous donne ce qui vous suffit, ne l'interrogez plus au sujet de ce qu’il envoie à ses proches pour préserver l’affection entre vous et éviter la rancœur. Par contre, s’il ne vous fournit pas de quoi couvrir vos besoins et ceux de vos enfants, vous pouvez alors recourir à tous les moyens possibles et légitime pour obtenir ce droit car le mari doit obligatoirement subvenir aux besoins de sa femme même si cette dernière est riche. Etant donné que nous ne connaissons pas la nature de l’aide que vous percevez et nous ne savons pas si cette aide est de votre droit seule, et dans tel cas, vous demander des comptes sur cela serait une injustice de sa part, ou si votre mari y a droit également – ce qui l'autoriserait à vous demander des comptes au sujet de sa part dans ces allocations –, nous ne pouvons pas juger s’il commet une injustice ou non envers vous.

Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de guider vos cœurs et de vous réconcilier.

Et Allah sait mieux.

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