Délaisser un acte pour les gens est-il de l'ostentation ?
Fatwa No: 242407

Question

Salam alaykum, J'aimerais connaître votre avis sur le fait d'arrêter de faire un dou’a avec les mains levées quand quelqu'un entre dans la pièce ou on se trouve par honte ou bien d'arrêter de faire du dhikr ou de réciter le Coran par peur qu'on dise " il est fou, il parle tout seul " ou d'arrêter si on nous parle pour répondre et d'autres choses de ce genre. Ceci est-ce du shirk ? Si oui majeur ou mineur ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Ce que vous avez mentionné n'est pas du polythéisme et vous avez sans doute été troublé par la parole d'al-Fudhayl ibn 'Iyâd qui a dit : Délaisser un acte pour les gens relève de l'ostentation, accomplir un acte pour les gens relève du polythéisme et la sincérité est qu'Allah vous préserve de ces deux choses.

Cette parole ne s'applique pas dans l'absolu. Le Comité permanent mentionne dans l'une de ses fatwas : "Délaisser un acte pour les gens relève de l'ostentation." Cela n'est pas toujours vrai et cela requière des précisions. En effet, cela dépend de l'intention, car le Prophète () a dit :

"Les actions ne valent que par les intentions (de leurs auteurs) et la rétribution de chacun sera uniquement en fonction de son intention."

Il faut également examiner attentivement la conformité de tout acte avec la religion, car le Prophète () a dit : "Quiconque accomplit un acte d'adoration non conforme à notre religion, verra cet acte rejeté par Allah." Donc, si une personne se retrouve dans une situation où elle délaisse un acte qu'elle n'a pas l'obligation d'accomplir afin que l'on ne pense pas d'elle ce qui pourrait lui nuire, cela ne relève pas de l'ostentation. Au contraire, cette attitude dénote une sagacité parfaitement conforme avec la religion. Il en est de même pour celui qui délaisse certains actes surérogatoires chez certaines personnes par crainte que ces dernières ne le complimentent d'une manière qui pourrait lui nuire ou par crainte d'être éprouvé par cela. Par contre, une personne ne peut pas délaisser un acte obligatoire si ce n'est pour une excuse légitime.

Ismâ'îl Haqqî a dit à la fin de son exégèse de la sourate Al-Kahf (La Caverne) : Il existe une exception à la parole d'al-Fudhayl dans laquelle le délaissement d'un acte pour les gens n'est pas de l'ostentation. Cette exception concerne le cas où la personne sait que lorsqu'elle accomplit un acte de culte en présence de gens, ces derniers lui nuisent et la calomnient. Dans ce cas, délaisser cet acte pour eux ne relève pas de l'ostentation et ce délaissement est même un acte de compassion et de miséricorde pour lui (Nûr al-Bayân)

Il n'y a pas non plus de mal à s'arrêter de réciter le Coran, d'invoquer Allah ou de L'évoquer afin de répondre à quelqu'un. Dans son livre intitulé Al-Adhkâr, l'imam al-Nawâwî, qu'Allah lui fasse miséricorde, rédigea un chapitre concernant les situations où il est recommandé à celui qui est en train d'évoquer Allah d'interrompre son évocation puis de la reprendre lorsque la chose qui l'a interrompue est passée. Parmi ces choses il cita : Répondre aux salutations de quelqu'un, invoquer la miséricorde d'Allah pour celui qui éternue auprès de lui, écouter le sermon du vendredi, écouter le muezzin et répéter l'Adhân ou l'Iqâma après lui, être témoin de la pratique d’un vice et le corriger, ou d’une pratique vertueuse et l'encourager, orienter une personne qui en a besoin, être pris par le sommeil et tout autre situation du même genre.

Et Allah sait mieux.

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