Porter des vêtements sur lesquels sont inscrits des versets du noble Coran
Fatwa No: 422218

Question

J’ai un vêtement que je n’ai jamais porté. C’est une pièce de tissus sur laquelle sont inscrits des versets du Coran de plusieurs sourates. Que dois-je faire avec ce tissu : dois-je le jeter, le détériorer, le découper ? Qu’Allah vous récompense par un bien.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Les vêtements peuvent éventuellement être profanés. Il ne convient donc pas d’écrire des versets du Coran dessus ou de porter des vêtements sur lesquels ont été écrits des versets.
Certains juristes sont d’avis qu’il est interdit de les porter s’ils peuvent être sujet à la profanation comme dans le cas où on pourrait s’assoir sur les inscriptions. Dans l’explication du livre Al-Muntaha, il est dit : Il est interdit d’écrire des versets du Coran de sorte à ce qu’il puisse être profané par de l’urine d’un animal, ou qu’une personne s’assoit dessus ou quelque chose de ce genre. Cheikh Taqî al-Dîn affirme que c’est un consensus et qu’il est obligatoire d’enlever ce tissu tout comme il est interdit de poser son pied dessus ou sur l’inscription.
Ahmad a dit : il ne convient pas d’accrocher quelque chose sur laquelle se trouve une inscription du Coran qui peut être profané.
Dans le livre Al-Fusûl, il est dit : il est réprimandable d’écrire une formule de rappel religieux sur les murs de la mosquée ou autre car cela distrait les fidèles en prière. Ahmad considère qu’il est réprimandable d’acheter un vêtement sur lequel est inscrit une formule de rappel religieux sur lequel on pourrait s’assoir ou marcher.
Et dans le recueil de Boukhari il est dit : les Compagnons, après avoir réuni des feuillets du Coran qui n’étaient pas lisibles les avaient brulés. Ibn Al-Jawzî explique qu’ils ont agi ainsi par vénération pour le Coran et de façon à le préserver de toute éventuelle profanation.
On rapporte que Uthman a enterré des exemplaires du Coran entre la tombe et la chaire du prophète. Ahmad a dit que si un exemplaire du Coran est détérioré et se décompose alors il faut l’enterrer.
Fin de citation.
Dans le livre Matâlib ‘Ûlî Al-Nuha, il est dit : Ahmad considère qu’il est réprimandable d’acheter un vêtement sur lequel est inscrit une formule de rappel religieux sur lequel on pourrait s’assoir ou marcher sur un endroit du vêtement qui ne contient pas ladite formule. On devrait faire prévaloir ceux sur lesquels il n’y pas ce genre d’inscription. Quant à marcher ou s’assoir sur l’endroit où se trouve l’inscription, il est interdit. Fin de citation.
D’autres juristes sont d’avis que porter des vêtements sur lesquels il y a des inscriptions coraniques n’est absolument pas interdit. Même si cela implique de s’assoir sur les endroits où se trouvent ces inscriptions. Dans le livre Al-Iqnâ’ Fî Hall Alfâdh Abu Shujâ’, il est dit : Il est réprimandable d’écrire le Coran sur un mur, même si c’est le mur d’une mosquée. Le statut est le même sur un vêtement ou sur de la nourriture ou autre. Il est permis de détruire un mur sur lequel serait écrit des versets du Coran, de porter un vêtement ou de manger de la nourriture qui contiendrait une telle inscription. Le fait que la nourriture pénètre dans son intestin ne cause aucune gêne. Contrairement au fait d’ingérer un feuillet sur lequel est inscrit le nom d’Allah, cela est interdit. Fin de citation.
Dans son ouvrage Tuhfat al-Muhtâj, Al-Haytami a dit : Il est interdit de marcher sur une formule de rappel religieux qui a été gravé. On doit cependant distinguer ce cas de celui stipulant qu’il est réprimandable de porter un vêtement sur lequel il y aurait ce type d’inscription. Porter ce vêtement nous amènerait à nous assoir dessus et donc sur l’inscription coranique, ce qui équivaudrait à marcher dessus. Mais admettons que cela soit le cas, il nous est tout de même possible de dire qu’il y a bel et bien une différence entre marcher sur une inscription religieuse dans le but de la profaner et porter un vêtement qui contient cette inscription : celui qui porte le vêtement n’a pas eu l’intention de profaner quoi que ce soit. Et comme le dit la règle juridique : un acte involontaire qui résulte d’un autre est tolérable alors que ce n’est pas le cas pour un acte commis délibérément. Fin de citation.
Le plus prudent et le plus salutaire serait de ne pas porter des vêtements sur lesquels il y a des versets du Coran.
Ceci dit, il ne vous est pas interdit de conserver ce tissu sur lequel sont écrits des versets. Et il ne vous est pas obligatoire de vous en débarrasser. Et quand vous le souhaiterez, faites-en sorte de ne pas mettre ce tissu à la portée de qui pourrait le profaner en le jetant ou autre. Vous devrez faire disparaitre les inscriptions en le lavant si possible, ou en le brûlant, ou en l’enterrant.
Dans le livre Al-Itqân Fî ‘Ulûm al-Qurân, il est dit : S’il est nécessaire de se débarrasser de certains feuillets du Coran parce qu’ils se sont détériorés ou abîmés alors il n’est pas permis de le mettre dans une fente ou un endroit de ce genre car le feuillet pourrait tomber et on pourrait marcher dessus. Et il n’est pas permis de le déchirer puisque cela conduirait à découper les lettres et disperser le verset. Agir ainsi revient à mépriser ce qui est écrit. C’est ce qu’a affirmé Al-Halîmî.
Il dit par ailleurs : il est possible de le laver avec de l’eau. Et il n’y a aucun mal à le brûler. Uthman a brûlé des exemplaires du Coran qui contenaient des versets et certaines lectures abrogés et personne ne le lui a reproché.
Un autre savant affirme qu’il est préférable de le brûler plutôt que le laver parce que ce qui est lavé pourrait se retrouver sur le sol. Dans son commentaire, le cadi Husayn est catégorique : il est interdit de le brûler car cela est l’inverse même du respect dû au Coran. Al-Nawawi soutient que cela est réprimandable.
Dans certains livres de jurisprudence de l’école hanafites, il est dit que si un exemplaire du Coran est détérioré il ne doit pas être brûlé mais on devrait creuser un trou dans le sol pour l’y enterrer. Mais cet avis pose problème. En effet, agir ainsi expose les feuillets du Coran à ce que des gens marchent dessus. Fin de citation.


Et Allah sait mieux.
 

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