Le vendeur de parfums encourt-il un péché s’il parfume une femme dans le but de promouvoir ses produits ?
Fatwa No: 515167

Question

Le vendeur de parfums qui parfume la main ou les vêtements d’une femme — qu’elle achète chez lui ou qu’elle passe devant lui alors qu’il expose sa marchandise dans la rue — est-il visé par la menace mentionnée dans le hadith du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) concernant la femme qui sort en étant parfumée ? Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a en effet dit :
Si une femme se parfume et passe devant des hommes pour qu’ils sentent son parfum, elle est une fornicatrice (zāniya).

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

La menace contenue dans le hadith mentionné n’est pas à prendre de manière absolue. Elle est restreinte au cas où la femme vise, par son parfum, à séduire les hommes ou lorsqu’il est certain que cela entraîne une tentation.
Ibn Ḥajar al-Haytamî a dit dans Al-Zawājir : Il convient de comprendre ce hadith, conformément à nos principes juridiques, comme étant limité aux situations où la tentation (fitna) est avérée. Si l’on craint seulement qu’elle ait lieu, l’acte est alors simplement répréhensible (makrûh), et s’il y a forte probabilité qu’elle ait lieu, l’acte est interdit (ḥarâm) sans pour autant constituer un péché majeur, comme cela est manifeste. (Fin de citation)
Ibn al-Amîr al-Ṣanʿânî a dit dans Al-Tanwîr, en commentant les mots : pour qu’ils sentent son parfum : Cela signifie, de manière évidente, qu’elle l’a fait intentionnellement. (Fin de citation)
Concernant l’expression du hadith : elle est une fornicatrice (zāniya) , Ibn Rushd al-Jadd a dit dans Al-Bayān wa al-Taḥṣîl :
Le Prophète () l’a qualifiée de "fornicatrice" parce que son acte la rapproche de la fornication. (Fin de citation)
Ainsi, le mot "zāniya" (fornicatrice) dans ce hadith s'entend dans son sens large, incluant l’adultère symbolique, tel que le "zina" des yeux, des oreilles, etc.
Al-Mubârakfûrî a dit dans Mirʿât al-Mafâtîḥ : Elle a éveillé le désir des hommes par son parfum et les a incités à la regarder. Et celui qui la regarde commet un adultère avec ses yeux. Elle est donc la cause de cet adultère visuel. (Fin de citation)
De manière générale, nous disons ceci :
Si la femme concernée par cet acte peut voir son péché varier selon son intention et sa situation — comme celle qui teste simplement le parfum n’est pas comme celle qui cherche à séduire les hommes —, cela est d’autant plus valable pour le vendeur de parfums. S’il n’a pas l’intention d’aider à la désobéissance, mais cherche seulement à promouvoir sa marchandise, il ne peut être concerné par la menace évoquée dans le hadith.
Toutefois, s’il est conscient de l’interdiction et le fait malgré tout, alors il a commis un acte interdit en aidant à une chose illicite. Allah dit : Ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. (Coran 5/2)
Certains savants ont précisé que le fait d’aider à commettre un péché n’est pas équivalent au fait de le commettre directement, même si les deux partagent la base du péché.
Al-Qârî a dit dans Al-Mirqât, à propos du hadith : Le Messager d’Allah () a maudit celui qui se nourrit de l’usure, celui qui la pratique pour autrui, celui qui l’écrit et ses deux témoins. Il a ensuite ajouté qu’ils sont égaux dans le péché
Il a commenté : C’est-à-dire : ils sont égaux dans le fait de commettre un péché en soi, bien qu’ils diffèrent dans le degré de gravité de ce péché. (Fin de citation)
Et Allah sait mieux.

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