Une femme qui suit l’avis des savants autorisant de découvrir les mains commet-elle un péché ?
Fatwa No: 516358

Question

Certains savants religieux de mon pays ont émis une fatwa stipulant que la femme doit couvrir ses mains devant les hommes étrangers (non-mahrams), tandis que d’autres estiment que cela est recommandé (mustahabb) mais non obligatoire. Suis-je coupable de péché si je montre mes mains en suivant l’avis de ceux qui le permettent ? Sachant que ceux qui considèrent cela recommandé déconseillent (karâha) de les découvrir. Et si je les montre systématiquement, cela devient-il interdit (harâm) ? Car j’ai entendu que la répétition d’un acte déconseillé le transforme en interdit.
Enfin, suis-je considérée comme une personne qui "cherche les facilités" (tatabbu ‘al-rukhas) dans ce cas ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons : 

Dans les fatwas que nous émettons sur ce site nous adoptons l’avis qui stipule qu’il incombe au non-spécialiste (al-‘âmmî), en cas de divergence entre les savants sur une règle religieuse, de suivre l’avis de celui qu’il juge le plus savant, le plus pieux et le plus digne de confiance.
Al-Shâtibî a dit dans Al-Muwâfaqât :
Lorsque deux fatwas contradictoires se présentent au non-spécialiste, c’est comme si deux preuves contradictoires se présentaient au mujtahid. De même que le mujtahid n’a pas le droit de suivre les deux preuves simultanément, ni d’en suivre une sans effort d’analyse ou sans les comparer, le non-spécialiste ne peut non plus suivre deux avis simultanément, ni en choisir un arbitrairement.
Il ajoute :
Si deux fatwas contradictoires lui parviennent, la vérité est qu’il ne peut se contenter de suivre superficiellement un avis. Chaque mufti s’appuie sur une preuve qui contredit celle de l’autre. Suivre l’un des deux par inclination personnelle revient à suivre ses passions. La seule solution est donc de privilégier l’avis le plus étayé, notamment par la compétence de son auteur.
Par conséquent, si vous suivez l’avis autorisant de montrer les mains parce qu’il vous paraît plus solide (en raison de ses preuves) ou parce que ses partisans sont plus savants et pieux, vous ne commettez pas de péché. La divergence sur cette question est acceptable (khilaf sâ’igh), et le simple fait de suivre un avis plus permissif ne fait pas de vous une "suiveuse des facilités", à moins que cela ne devienne une méthode pour échapper aux règles de la Charia par caprice et sans considération pour les preuves.
Il n’est pas exact de dire que tout acte déconseillé (makrûh) devient interdit (harâm) si on le répète fréquemment. Cependant, s’habituer aux actes déconseillés peut conduire à une banalisation des interdits.
Le devoir du musulman est de se conformer au Coran et à la Sunna authentique du Prophète (), et de consulter, en cas de doute, des savants dignes de confiance. Allah dit : Et Nous n’avons envoyé avant toi que des hommes à qui Nous faisions des révélations. Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas. (Coran 16/43).
Et Allah sait mieux.

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