Zakat sur l’argent commun entre époux et sur l’argent nouvellement acquis
Fatwa No: 520075

Question

Mon épouse et moi avions une somme d’argent commune que nous mettions de côté pour acheter un logement, sans savoir exactement la part de chacun. Nous versions la zakat chaque année sur cette somme.
Aujourd’hui, mon épouse a cessé de travailler, et mon revenu provient uniquement de mon salaire, dont je connais le montant précis. Dois-je ajouter cet argent nouveau à la somme commune pour en payer une zakat unique, ou bien le considérer séparément jusqu’à ce qu’il atteigne le seuil légal (nisâb) et compter pour lui une année indépendante ?
Cette manière de procéder est-elle correcte, ou constitue-t-elle une forme de ruse pour échapper à la zakat ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


L’argent commun entre l’époux et l’épouse est soumis à la zakat pour la part de chacun d’eux individuellement, à condition que cette part atteigne le nisâb (seuil minimal imposable) et qu’une année lunaire complète s’écoule sur celle-ci.
Si la part de l’un des deux n’atteint pas le nisâb, aucune zakat ne lui est due, et l’on ne combine pas les avoirs des deux pour compléter le seuil, car la propriété partagée n’est pas prise en compte dans la zakat des biens autres que le bétail, selon l’avis de la majorité des savants.
Ibn Qudâma al-Hanbalî a dit dans Al-Charh al-Kabîr ‘alâ al-Muqni‘ :
La propriété partagée n’a pas d’effet sur la zakat en dehors du bétail, comme pour l’or, l’argent, les récoltes, les fruits ou les marchandises. Leur statut est celui de propriétaires individuels. C’est l’avis de la plupart des savants. (Fin de citation)
Si vous et votre épouse ne connaissez pas la part exacte de chacun, vous devez procéder à une évaluation approximative selon vos moyens, car “Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité.
Ainsi :
•    Si votre part dans cet argent commun n’atteint pas le nisâb, aucune zakat n’est due pour vous. Si vous acquérez un revenu nouveau, additionnez-le à votre part du fonds commun : si la somme totale atteint le nisâb, le calcul du délai annuel commence à partir du moment où l’ensemble atteint ce seuil.
•    En revanche, si votre part dans l’argent commun atteignait déjà le nisâb, vous devez en payer la zakat chaque fois qu’une année s’écoule.
Si, au cours de cette année, vous obtenez de nouveaux revenus (salaire, etc.) qui ne proviennent pas du bénéfice de ce capital initial, vous avez deux options légitimes :
1.    Payer la zakat de l’ensemble en même temps que celle du capital initial — vous aurez ainsi anticipé la zakat sur les nouveaux revenus, ce qui est permis.
2.    Fixer une année indépendante pour les nouveaux revenus et en verser la zakat à l’issue de cette année, même s’ils n’atteignent pas à eux seuls le nisâb, car ils s’y ajoutent par combinaison avec le capital initial.
La Mawsû‘a Fiqhiyya Koweitiyya précise :
Si une personne acquiert de l’argent du même type qu’un capital déjà soumis à la zakat — mais qui ne provient pas de son rendement —, comme s’il possédait vingt mithqâls d’or en Muharram, puis en acquérait mille en Dhû al-Hijja, les savants divergent :
•    les chaféites et les hanbalites estiment que l’on additionne les deux sommes pour le seuil (nisâb), mais non pour la durée (hawl) ;
•    les hanafites estiment qu’on les combine aussi pour la durée, et que la zakat est due pour l’ensemble à la fin du cycle du premier capital, afin d’éviter les complications et de faciliter la pratique, conformément à la Parole d’Allah : “Et Il n’a mis pour vous aucune gêne dans la religion.” (Coran 22/78).

 

Et Allah sait mieux.
 

Fatwas en relation