Ce que dit le droit musulman sur l’avortement lorsque l’on craint d’accoucher d’un enfant handicapé
Fatwa No: 6095

Question

Je suis mère de quatre enfants dont trois sont en parfaite santé alors que le quatrième est atteint d’une maladie héréditaire et totalement paralysé. Cette maladie est incurable et c’est le deuxième cas parmi mes enfants, puisque j’ai eu une fille qui était atteinte de la même maladie et qui décéda à l’âge d’un an et demi. Après l’occurrence de la maladie par deux fois, les médecins ont eu la confirmation qu’il s’agit d’une maladie héréditaire qui touche d’une manière générale les centres de motricité dans le cerveau, louange à Allah en toute circonstance. De plus, la probabilité que cette maladie atteigne le fœtus est de 25% et il y a une possibilité que les enfants nés en bonne santé soient porteurs de la maladie. J’ai essayé de prévenir la grossesse par tous les moyens possibles afin que je puisse prendre soin de mon enfant malade, mais, gloire à Allah, j’ai la certitude que je suis enceinte d’environ un mois. Ma question est la suivante : m’est-il légalement permis d’avorter ou pas ? Veuillez s’il vous plaît me répondre rapidement.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons :

 

Les avis des oulémas divergent relativement à ce cas (avorter avant que le fœtus n’atteigne les 40 jours) et la majorité d’entre eux prônent son interdiction. Ils avancent l’argument qu’une fois la goutte de sperme dans l’utérus, elle s’apprête à prendre la forme humaine et à recevoir l’âme. Ainsi avorter est semblable au meurtre qu’Allah, exalté soit-Il, a interdit. Et ainsi, il n’est pas permis de le faire sauf dans le cas où l’avortement est le seul moyen de tirer la mère d’un grand danger.

Un petit groupe d’entre eux permettent l’avortement (dans ce cas-là) s’il y a une raison valable, et d’autres n’ont pas posé de condition. Néanmoins, l’avis le plus juste est l’avis que prône la majorité des oulémas.

Par conséquent, nous conseillons à cette femme de s’en remettre à Allah et de se satisfaire de Son décret, quel qu’il soit, car le croyant à la foi mature est celui qui croit avec certitude qu’Allah ne décrète que le bien. Selon Suhayb, qu'Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit :

  La situation du croyant est étonnante ! Il ne lui arrive que du bien, et ceci est exclusivement réservé au croyant. Lorsqu’une bonne chose lui arrive, il remercie Allah, exalté soit-Il, et cela est un bien pour lui, et lorsqu’il lui arrive un malheur, il fait preuve d’endurance ce qui est un bien pour lui.  (Mouslim)

Et peut-être que si votre foi et confiance en Allah sont suffisamment matures, Allah vous fera éviter ce que vous craignez, et fera du fruit de cette grossesse un enfant pieux, exempt de tout défaut, et qui sera pour vous une aide dans les difficultés de la vie et un atout pour vous après la mort.

Si l’on suppose que l’enfant naisse handicapé, les enfants handicapés ne sont pas tous un fardeau. Il se peut qu’il soit une grâce, une miséricorde et un facteur d’expiation de vos péchés et d’élévation de votre rang spirituel ; à condition que la patience et la certitude de la rétribution divine soit avec vous. Le plus important est qu’Allah, exalté soit-Il, est Celui qui l’a créé. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :  Ne connaît-Il pas ce qu'Il a créé alors que c'est Lui le Compatissant, le Parfaitement Connaisseur (Coran : 67/14)

En résumé, cette question prête à divergence, mais l’avis prépondérant est son interdiction ; et à supposer que cette divergence concerne votre cas, il ne faut subir l’avortement que si vous avez la certitude que le fÅ“tus deviendra un enfant handicapé, si cela est possible avant que les 40 jours ne s’écoulent, car l’avortement au-delà de cette période est une faute grave.

Et Allah sait mieux !

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