Intérêts acquis avant votre conversion à l’Islam
Fatwa No: 74626

Question

Ma question comprend deux volets, dans le dans le premier j’expliquerais la situation et dans le second je poserais les questions. J’espère que cela ne vous dérangera pas. Le problème est extrêmement urgent et est en rapport avec l’héritage de mon père, j’ai aussi un tas de questions sur ce sujet qui me viennent à l’esprit, certaines peuvent vous paraitre stupides, je m’en excuse d’avance mais j’ai besoin d’avoir des réponses claires sur tout ce que j’ai à l’esprit à fin de repousser le Waswass du diable.
Je suis une convertie à l’Islam, al-hamdoulillah, mon père (qui n’était pas musulman) est mort quand j’avais 11 ans. A cette date (c'est-à-dire en été 1995) il nous (mon frère et moi) a laissé un héritage : environ 40 000 francs chacun soit l’équivalent de 6100 euros, nous n’étions pas majeurs et ma mère (qui n’est pas musulmane) a placé cet argent sur un compte épargne pour qu’il fasse des intérêts. L’argent a été bloqué pour une période de 10 ans. Quelques années plus tard (en Juin 2001 soit 6 ans après) je me suis convertie à l’Islam al-hamdoulillah, mais je n’avais toujours pas la possibilité de prendre cet argent et il est donc resté sur le compte à intérêts jusqu’à aujourd’hui (c'est-à-dire pendant 4 ans). En août prochain, l’argent va être débloqué et je ne sais pas quoi faire avec cet argent pour ne pas commettre de péché. Il a atteint la somme de 80 000 francs environ et la même chose pour mon frère qui n’est pas musulman. Voila les questions que je pose et encore une fois je m’excuse, sachez que je ne cherche pas à obtenir le maximum mais à satisfaire à Allah en ne touchant de cet argent (qui est le mien depuis 1995) que ce qui est halal.
Etant donné que chaque compte contient une part de capital initial et une part d’intérêts, puis-je échanger ma part d’intérêt avec la part de capital de départ de mon frère du fait qu’il n’est pas musulman ? Sachant que je ne suis convertie que 6 ans après que cet argent fut placé sur le compte épargne, ai-je le droit de prendre le capital plus les intérêts des six premières années dans lesquelles je n’étais pas musulmane ? Si oui que dois-je faire du reste (les intérêts des quatre dernières années où j’étais devenue musulmane al-hamdoulillah) ?
Sachant que cet argent m’appartenait depuis l’âge de 11 ans mais que je n’en étais pas maître, ne devrais-je prendre que le capital initial que m’a laissé mon père ? Ma mère (qui a une procuration sur cet argent) m’a interdit de faire don de ces intérêts (du fait qu’ils représentent 40 000 francs et pour elle, il est inimaginable de faire don d’une somme si importante) elle me dit qu’elle préfère les récupérer, que dois-je faire ? Puis-je les laisser à mon frère (c’est sans doute la seule solution qu’elle acceptera) ?
Qu’Allah vous récompense avec largesse et qu’Il me pardonne pour la faiblesse de ma foi.
Toutes ces questions n’arrêtent pas de me causer des soucis, veuillez avoir la bienveillance de me donner une réponse.

Réponse

Louange à Allah. Paix et salut sur Son Prophète.

Chère sœur,

Il ne vous appartient de l’héritage de votre père que votre part des biens qu’il a laissé le jour de sa mort. Quant aux biens issus d’intérêts usuraires et qui ont été ajoutés au capital de départ, ils sont de deux sortes :

1/ Les intérêts qui ont été acquis avant votre conversion à l’Islam (c'est-à-dire les intérêts des six premières années) vous sont licites. En effet, Allah a interdit la pratique du Riba, l’usure, mais Il a reconnu l’appartenance des gains issus de cette pratique à ceux qui la pratiquaient avant l’Islam lorsqu’Il dit :  Ceux qui mangent [pratiquent] de l'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu'ils disent : "Le commerce est tout à fait comme l'intérêt" Alors qu'Allah a rendu licite le commerce, et illicite l'intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant ; […]  (Sourate 2/Verset 275).

Le Prophète, , quant à lui, n’a pas ordonné à ceux qui ce sont convertis à l’Islam et qui pratiquaient le Riba lorsqu’ils étaient mécréants de rendre les biens qu’ils ont acquis grâce au Riba.

 

2/ Les intérêts qui ont été acquis après votre conversion à l’Islam (c'est-à-dire celles des quatre dernières années) vous sont illicites et vous devez vous en débarrasser après avoir pris possession du montant global (c’est-à-dire le capital initial + les intérêts des dix années) en les dépensant dans les intérêts des musulmans. Nous vous signalons qu’il vous est illicite d’en faire don à votre frère ni de les lui échanger contre sa part initiale de l’héritage de votre père.

Et Allah sait mieux.

    

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