Malcom X
Fatwa No: 79738

Question

Qui est Malcom X ?

Réponse

Louange à Allah. Paix et salut sur Son Prophète.

Cher frère,

Malcolm X est un jeune amĂ©ricain d'origine africaine. Il Ă©tait le leader du groupe (la Nation de l'Islam) dirigĂ© par Elijah Muhammad. Malcom se  sĂ©para du groupe  Ă  cause de leur dĂ©viation et forma son propre groupe. Il est venu Ă  la Mecque portant avec lui des idĂ©es fausses et erronĂ©es non seulement sur l'Islam mais aussi sur la vie d'une façon gĂ©nĂ©rale et n'a quittĂ© la Mecque qu'après y avoir laissĂ©e une partie de son âme qui a changĂ© et une partie de son esprit qui s'est transformĂ©. Grâce Ă  son sĂ©jour dans cette citĂ© bĂ©nie, il a corrigĂ© ses idĂ©es et ses convictions ont changĂ©.

Voici quelques aspects sélectionnés de la biographie de Malcom X, connu plus tard sous le nom d' El Hadj Malek Es-Shabbaz, qu'il a redigé dans ses mémoires. Ces mots mettent en exergue plusieurs réalités qui se sont clarifiées au cours de son voyage dans la terre sainte pour accomplir les rites du Hadj. Il, qu'Allah lui accorde Sa miséricorde, a dit:

*   *   *

1- " Je me sentais nerveux. Je me disais alors que j'Ă©tais dans le rang: qu’est-ce que tu vas leur montrer ! J'Ă©tais au coeur du monde musulman et sur le point de faire sortir mon passeport amĂ©ricain  qui symbolise exactement le contraire des recommandations de l'Islam.

Le juge égyptien constata mon air tendu. Il me donna une tape sur l'épaule. L'amour, l'humilité, la fraternité sincère étaient un sentiment presque palpable que j'éprouvais partout où je passais.

 

2- Mon guide m'a pris dans un coin et m'a fait comprendre par des gestes qu'il voulait me montrer comment s'accomplit la prière; imagine ! J'étais un homme religieux musulman et l'un des leaders du groupe la Nation de l'Islam (Elijah Muhammad) et je ne savais pas accomplir la prière. J'essayais d'imiter mon guide, je sentais les regards se diriger vers moi et que ma prière était imparfaite; car il n'était pas aisé pour des genoux occidentaux habitués aux fauteuils de se fléchir avec douceur comme ceux des musulmans.

 

3- Dans le restaurant de l'aĂ©roport j'ai vu des hommes ayant les soixante dix ans accroupis, mangeant leur repas avec tranquilitĂ© et satisfaction comme s'ils Ă©taient dans l'un des plus luxueux hotels. Ces musulmans mangeaient ensemble, dormaient ensemble  et tout ce qui Ă©tait autour d'eux concrĂ©tisait l'union humaine sous la protection d’Allah l'Unique.

 

4- Dr. Azzam m'a rendu mon sac de voyage et mon passeport, m'a fait monter dans sa voiture et s'est mit Ă  traverser les routes de Jeddah. A cause de son comportement exemplaire je ne sentais pas de diffĂ©rence entre lui et moi. J'avais entendu parler de l'hospitalitĂ© Arabe, mais la chaleur de son accueil dĂ©passait toutes les imaginations. Nous sommes arrivĂ©s Ă  la maison très tĂ´t le matin et nous avons trouvĂ© le père du docteur Azzam, son oncle (qui Ă©tait chimiste) et un ami Ă  eux et qui s'Ă©taient reveillĂ© pour nous recevoir en cette heure très matinale. Ils m'embrassèrent l'un après l'autre très chaleureusement malgrĂ© qu’ils ne m'ont jamais vu auparavant. Laisse-moi te dire : durant toute ma vie je n'ai jamais Ă©tĂ© accueilli avec tant de chaleur et de gĂ©nĂ©rositĂ©. En tant qu'homme noir amĂ©cain, rien dans ma vie ne me laisse penser que les services offerts ne sont fait que pour plaire Ă  Allah.. ce matin dans cet hĂ´tel alors que je venais de passer la nuit sur un modeste lit dans un dortoir; je vivais l'un des rares moments oĂą je sentais vraiment ma faiblesse. Un homme blanc, beau-frère d'un roi et son conseiller; homme de renommĂ©e internationale m'a prĂŞtĂ© son pavillon spĂ©cial pour que je me repose aisĂ©ment, sans qu'il  ait un quelconque intĂ©rĂŞt. En AmĂ©rique quand on dit (homme blanc) on entend par lĂ  des situations particulières et un comportement particulier vis-Ă -vis de l'homme noir et  vis-Ă -vis de tout ceux qui ne sont pas  blancs. Mais dans le monde musulman j'ai vu des hommes blancs plus gentils avec tous leurs frères que quiconque.

 5- Ce jour-lĂ  mon opinion gĂ©nĂ©rale sur les blancs a changĂ© et je vais citer ce que j'avais Ă©crit dans cet hĂ´tel Ă  la mi-journĂ©e : " Au fond de moi je ne peux admettre que ces hommes soient "des blancs", ils m'ont traitĂ© comme si j'Ă©tais leur frère, le grand docteur m'a traitĂ© comme si j'Ă©tais son fils et je sentais vraiment qu'il Ă©tait mon père. Il est clair qu'il est un diplomate chevronnĂ©, un vrai diplomate. Il m'a dit que la descendance du Prophète comportait le blanc et le noir et que la couleur dans le monde musulman n'a d'effet que dans les pays qui sont influencĂ©s par l'occident.

 

6- Nous sommes rentrĂ©s Ă  Mekka que je trouvais aussi vieille que le temps. Le chauffeur conduisait lentement sa voiture Ă  travers des rues tortueuses oĂą des boutiques, des voitures et des autobus sont alignĂ©s et remplis par des milliers de pèlerins. Il arrĂŞta sa voiture Ă  l’endroit oĂą m’attendait mon guide. Nous avons laissĂ© la voiture près de La MosquĂ©e SacrĂ©e, nous avons fait nos ablutions et nous sommes entrĂ©s dans la MosquĂ©e bâtie autour de la Kaâba. Je trouvais la mosquĂ©e dans une splendeur que les mots ne peuvent dĂ©crire et une joie immense s’empara de moi. Je marchais derrière mon guide  portant mes chaussures  dans mes mains et je vis la Kaâba, gigantesque maison en pierres noires au cĹ“ur de la mosquĂ©e, autour d’elle des centaines de milliers de pèlerins : hommes et femmes, de tous les gabarits, sous toutes les formes et de toutes les couleurs ! Je me sentais comme si j’étais  sous l’effet d’une anesthĂ©sie totale, mon guide continua Ă  traverser la foule qui faisait le Tawaf et priait, la foi est apparente sur leurs visages. Au sein de cette foule immense se trouve des vieillards et des handicapĂ©s portĂ©s par d’autres personnes. Après le Tawaf nous avons bu de l’eau de Zamzam (mon guide et moi), puis nous avons fait le Say’ entre les monticules Safa et Marwa rĂ©pĂ©tant ce que faisait Hadjar lorsqu’elle cherchait de l’eau Ă  boire pour son fils IsmaĂ«l. Ce jour-lĂ , je suis retournĂ© Ă  la Kaâba trois fois et Ă  chaque fois je faisais le Tawaf. Le jour suivant, après l’accomplissement de la prière du Sobh, nous avons pris la direction de Arafat en rĂ©pĂ©tant :  Labbayka Allahoumma labbayk  et  Allahou Akbar . Mekka Ă©tait entourĂ©e de montagnes. C’étaient les montagnes les plus rudes et les plus arides que je n’ai jamais vues. Elles me paraissaient  comme les laves d’un volcan.

 

7- A Arafat je ne connaissais que ce que j’ai laissĂ© derrière moi en AmĂ©rique et qui Ă©tait en complète contradiction avec le monde musulman. A Arafat j’étais dans une grande tente entourĂ© par une vingtaine de pèlerins qui s’intĂ©ressaient Ă  moi car j’étais amĂ©ricain. Ils voulaient savoir ce qui a attirĂ© mon attention dans le Hadj. Je rĂ©pondais Ă  leurs questions et les rares qui connaissaient l’Anglais traduisaient mes paroles aux autres. Ils Ă©taient surpris par ma rĂ©ponse, mais ils trouvèrent qu’elle venait du fond de mon cĹ“ur. Je leurs ai dit :  La fraternitĂ© - l’union de toute cette foule de toutes les couleurs et toutes les ethnies m’a confirmĂ© la puissance d’Allah, l’Unique. Puis j’ai saisi l’occasion pour leur parler du racisme amĂ©ricain et de ses mĂ©faits. Ce qui a eu un très grand effet sur eux. Ce sont des musulmans, leurs cĹ“urs sont pleins de misĂ©ricorde, assoiffĂ©s de vĂ©ritĂ© et de justice. Ils Ă©taient au courant de l’épreuve des noirs amĂ©ricains, mais ils ignoraient qu’elle Ă©tait inhumaine Ă  ce point et qu’elle a un effet dĂ©vastateur sur les âmes. Ils savaient que le racisme est la chose la plus pire dans la vie, qu’il est la preuve de la dĂ©ficience humaine – surtout occidentale - et son incapacitĂ© Ă  vivre en parfaite harmonie avec les autres.

 

8- J’avais rĂ©digĂ©, dans ma pensĂ©e, une lettre sur l’inexistence de la diffĂ©rence de couleurs en Islam. Son inexistence est due Ă  deux facteurs essentiels :  la piĂ©tĂ© et l’humanisme. Ces deux facteurs n’ont cessĂ© de m’influencer jour après jour et ont fini par modifier mes rĂ©flexions et  ma vision des choses. Cette lettre Ă©tait naturellement destinĂ©e Ă  ma femme (mon foyer) et j’étais persuadĂ© qu’après l’effet du choc, elle  finira par changer son attitude et adoptera mon opinion. Elle comprendra qu’Allah m’a guidĂ©, sur la terre de Mohammed et d’Ibrahim, Ă  l’Islam vrai et qu’Il m’a permis de comprendre le problème du racisme en AmĂ©rique  d’une meilleure façon. Dans cette lettre ma vie Ă©tait une sĂ©rie de changements. J’écrivais du profond de mon cĹ“ur :

 Dans ma vie je n’ai jamais vu une fraternitĂ© plus sincère entre des gens de toutes les races et de toutes les couleurs ; durant la semaine passĂ©e j’étais Ă©bahi par ce que j’ai vu de leur amabilitĂ©, de leur gentillesse et de leur courtoisie. Allah m’a accordĂ© une très grande faveur : j’ai accompli le Hadj, le Tawaf en compagnie d’un guide portant le nom de Mohammed, j’ai bu de l’eau de Zamzam, j’ai fait le Say’ entre Safa et Marwa, j’ai priĂ© Ă  Mina, j’ai fait l’arrĂŞt Ă  Arafat avec des centaines de milliers de pèlerins venus de tous les pays et reprĂ©sentant toutes les ethnies et toutes les couleurs (les blonds aux yeux bleues sont  mĂŞlĂ©s aux noirs africains). J’ai accompli avec eux les mĂŞmes rites dans un climat d’union et de fraternitĂ©. D’après mon expĂ©rience en AmĂ©rique, ces deux choses Ă©taient impossibles Ă  rĂ©aliser entre un homme blanc et un homme noir.

 

9- Durant mon voyage dans le monde musulman j’ai rencontrĂ©, j’ai parlĂ© et j’ai mĂŞme mangĂ© avec des hommes (s’ils Ă©taient en AmĂ©rique ils allaient ĂŞtre considĂ©rĂ© comme des hommes blancs), mais l’Islam a effacĂ© de leur conduite la fiertĂ© de la couleur. J’ai vu pour la première fois dans ma vie des gens de toutes les couleurs qui n’accordent aucune importance Ă  la couleur de leur peau et qui vivent dans une fraternitĂ© sincère. Ce que je vais vous dire vous surprendra peut-ĂŞtre ! Ce que j’ai vu et vĂ©cu pendant mon pèlerinage a changĂ© mes idĂ©es et m’a dĂ©barrassĂ© de beaucoup de mes dĂ©ductions prĂ©cĂ©dentes.  Chaque heure que j’ai passĂ© dans cette  terre sainte a accru ma comprĂ©hension des problemes raciaux entre les blancs et les noirs en AmĂ©rique,  a augmentĂ© ma conviction qu’on ne doit pas mĂ©priser le nègre amĂ©ricain Ă  cause de sa sensibilitĂ© au racisme ; car il s’agit lĂ  d’une rĂ©action normale due Ă  une souffrance endurĂ©e pendant de longs siècles et que le phĂ©nomène de racisme conduira l’AmĂ©rique au suicide. J’étais l’objet d’un respect que je n’ai jamais eu durant  toute ma vie et je ressens une humilitĂ© que je n’ai jamais sentie auparavant.

 Qui pourra croire qu’on peut traiter un nègre amĂ©ricain avec toute cette considĂ©ration et ce respect !! Depuis quelques nuits seulement un homme  blanc  (diplomate, ambassadeur aux nations unies et ami des rois) m’a prĂŞtĂ© son pavillon spĂ©cial et son lit. Il informa son roi de ma prĂ©sence qui a chargĂ© son fils de me tĂ©lĂ©phoner et me dire que je suis l’hĂ´te du royaume. Le chef de protocole du roi en personne est parti avec moi pour me faire les formalitĂ©s du Hadj et le juge Mohammed Al-Harkan a donnĂ© son accord pour que je puisse entrer Ă  Mekka, m’a donnĂ© deux livres sur l’Islam qui portaient sa signature et son cachet et a implorĂ© Allah de me guider Ă   propager l’Islam en AmĂ©rique. Ils ont mis Ă  ma disposition une voiture, un chauffeur et un guide et j’ai commencĂ© Ă  voyager dans le territoire sacrĂ© comme bon me semble. Le gouvernement a donnĂ© des instructions pour que je puisse bĂ©nĂ©ficier dans chaque ville visitĂ©e d’un domicile climatisĂ© et de domestiques. Ces honneurs en gĂ©nĂ©ral sont rĂ©servĂ©s aux rois et non Ă  un nègre. Toutes mes louanges Ă  Allah, Seigneur des mondes.

 

10-Lorsque j’ai quitté Jeddah à la fin du mois d’Avril 1964 à destination de Beyrouth capitale du Liban j’ai senti que j’ai laissé une partie de mon âme à Mekka Al Moukarrama et j’ai pris avec moi une autre pour l’éternité.

Et Allah sait mieux.

       

 

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