Y a-t-il une contradiction entre ces deux hadiths et la science moderne
Fatwa No: 87578

Question

Je voudrais vous remercier pour ce merveilleux site, et notamment pour la page de la rĂ©citation. Pendant un certain temps, je vaquais Ă  examiner la chaĂźne de narration des hadiths et le degrĂ© de leur authenticitĂ©. J’ai alors dĂ©couvert que certains hadiths citĂ©s dans les deux SahĂźhs de Boukhari et de Mouslim ne peuvent pas ĂȘtre authentiques, car ils s’opposent aux axiomes de la science moderne. Par exemple, des hadiths comme : Ne croyez pas Ă  l’effet de la contagion d’une maladie (en elle-mĂȘme) et La fiĂšvre est une bouffĂ©e de chaleur provenant de l’enfer. Aussi, refroidissez-la avec de l’eau , entre autres. Il s’avĂšre que les hadiths sont MutawĂątir (rapportĂ©s par un grand nombre de personnes), car ils apparaissent de maniĂšre rĂ©currente dans les deux SahĂźhs. Si ces hadiths sont authentiques et ont Ă©tĂ© rapportĂ©s d’aprĂšs le ProphĂšte (Salla Allahou Alaihi wa Sallam), comment expliquez-vous cette contradiction ? Et si nous prĂ©sumons que certains hadiths des deux SahĂźhs sont douteux, comment pourrions-nous avoir confiance dans la chaĂźne de narrations des autres hadiths

Réponse

Louange Ă  Allah et que la paix et la bĂ©nĂ©diction soient sur Son ProphĂšte et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

 

Nous implorons Allah, exaltĂ© soit-Il, de vous rĂ©compenser pour votre intĂ©rĂȘt pour la science du hadith et de vous affermir sur le chemin droit, et nous vous remercions pour votre intĂ©rĂȘt pour le site.

 

Nous devons vous informer que les deux SahĂźhs de Boukhari et de Mouslim ont Ă©tĂ© approuvĂ©s par la communautĂ©, et le consensus Ă  ce propos a Ă©tĂ© transmis par al-NawawĂź, ‘Abd al-Ma'Ăąli al-DjuwaynĂź, Ibn al-SalĂąh et Ibn Hadjar.

 

Par ailleurs, le musulman doit admettre ce qui est transmis du ProphĂšte () et croire Ă  ce que le ProphĂšte () a apportĂ©, ceci Ă©tant une RĂ©vĂ©lation d’Allah, exaltĂ© soit-Il, Qui dit (sens des versets) :
 Et il ne prononce rien sous l’effet de la passion ; ce n’est rien d’autre qu’une rĂ©vĂ©lation inspirĂ©e  (Coran 53/3-4).
Cependant, il ne commet aucun pĂ©chĂ© s’il cherche Ă  dĂ©voiler la sagesse de ce qui lui pose problĂšme. Cependant, s’il ne trouve pas d’explication, il doit toujours croire Ă  la RĂ©vĂ©lation.

 

En fait, il n’y a rien dans la Charia qui contredise la raison, mais certains esprits ne parviennent pas Ă  saisir certaines de ses sagesses. Il n’y a rien non plus dans la Charia qui s’oppose aux vĂ©ritĂ©s scientifiques si elles sont prouvĂ©es. Ceci Ă©tant admis, sachez que les oulĂ©mas ont discutĂ© de tous les hadiths mentionnĂ©s dans ces deux recueils, et ils ont Ă©tĂ© jugĂ©s authentiques et rapportĂ©s par d’autres narrateurs que Boukhari et Mouslim.

 

Quant Ă  leur interprĂ©tation, les oulĂ©mas ont expliquĂ©  Il n’y a de contagion que par la volontĂ© d’Allah  en disant que  les maladies ne sont pas contagieuses en soi, mais que la contagion est la volontĂ© et la prĂ©destination d’Allah, exaltĂ© soit-Il. Ainsi, le contact entre une personne malade et une personne saine peut entraĂźner la maladie de cette derniĂšre par la volontĂ© d’Allah, de mĂȘme qu’une personne peut attraper une maladie sans raison.

 

Cela s’applique Ă©galement Ă  la conception : Allah, exaltĂ© soit-Il, peut faire d’un rapport conjugal une raison pour combler les deux Ă©poux d’un enfant, comme Il peut rendre stĂ©rile qui Il veut. Ce qui appuie ce point de vue c’est que le premier malade est atteint sans contagion, mais par la prĂ©destination et le dĂ©cret d’Allah, exaltĂ© soit-Il. Dans la narration de Boukhari, le ProphĂšte () dit :  Pas de contagion (‘AdwĂą), ni d’augure (Tiyarah), ni d’oiseau de mauvaise augure (HĂąmah), et le mois de Safar ne porte pas malheur..
Un bĂ©douin lui dit alors :  Ô Messager d’Allah, pourquoi donc les dromadaires sont-ils en bonne santĂ© comme les gazelles dans le dĂ©sert et lorsqu’un dromadaire galeux se mĂȘle Ă  eux, ils deviennent contaminĂ©s ? . Le ProphĂšte () lui demanda :  Et qui a contaminĂ© celui-ci ? . Et d’aprĂšs Ibn Mas'Ă»d, qu’Allah soit satisfait de lui, le ProphĂšte () a dit Ă©galement :  Pas de contagion [c’est-Ă -dire que la contagion n’agit pas d’elle-mĂȘme, comme le pensaient les gens Ă  la pĂ©riode prĂ©islamique, mais elle se propage par la volontĂ© d’Allah.] Un bĂ©douin se leva et dit :  Comment se fait-il donc que la croute formĂ©e sur la peau par la gale atteigne la lĂšvre ou la queue d’un chameau, puis que tous les chameaux deviennent galeux ? . Le ProphĂšte () lui demanda :
 Et qui donc a rendu le premier chameau galeux ? Pas de contagion (‘AdwĂą), ni d’augure (Tiyarah), ni d’oiseau de mauvaise augure (HĂąmah) et le mois de Safar ne porte pas malheur. Allah a crĂ©Ă© toutes les Ăąmes et a inscrit pour chacune le terme de sa vie, les malheurs qui vont la toucher et sa substance.     [Ahmed (Al-Arna’ût et al-AlbĂąnĂź : SahĂźh)].

 

La preuve du Coran en sont les versets dans lesquels Allah, exaltĂ© soit-Il, dit (sens des versets) :

 

·         Nul malheur n’atteint [l’homme] que par la permission d’Allah  (Coran 64/11) ;

 

·         Dis : “Rien ne nous atteindra, en dehors de ce qu’Allah a prescrit pour nous”  (Coran 9/51).

 

Donc, toutes les maladies et les calamitĂ©s sont la prĂ©destination et le dĂ©cret d’Allah, exaltĂ© soit-Il. Cependant, celui qui se porte bien est enjoint d’obvier aux causes du mal, en rĂ©pĂ©tant la demande de protection d’Allah, exaltĂ© soit-Il, et les Ă©vocations transmises dans la sunna. En outre, la Charia dĂ©conseille au malade de frĂ©quenter les personnes en bonne santĂ©. Le ProphĂšte () a dit :

 

·         Qu’un homme malade n’aille pas chez un homme bien portant  (Boukhari et Mouslim) ;

 

·         Fuis le lĂ©preux comme tu fuis le lion  (Boukhari) ;

 

·         Lorsque vous apprenez que la peste se dĂ©clare dans un pays, ne vous y rendez pas  (Boukhari et Mouslim).

 

VoilĂ  ce qu’ont Ă©tabli certains oulĂ©mas, dont al-BayhaqĂź, Ibn al-SalĂąh, Ibn Taymiyya, Ibn al-Qayyim, Ibn Radjab, Ibn Muflih et al-ManĂąwĂź.

 

Quant au hadith dans lequel le ProphĂšte () a dit :  La fiĂšvre est une bouffĂ©e de chaleur provenant de l’Enfer , Ibn Hadjar, puis al-MubĂąrakfĂ»rĂź ont citĂ© la divergence des oulĂ©mas Ă  propos de son sens. Selon eux, certains oulĂ©mas l’ont compris littĂ©ralement et ont affirmĂ© que la tempĂ©rature Ă©levĂ©e du corps issue de la fiĂšvre est effectivement une braise de l’Enfer qu’Allah, exaltĂ© soit-Il, a voulu faire apparaĂźtre suite Ă  certaines causes pour que les gens en tirent des leçons. Ibn Hadjar a Ă©tayĂ© cette interprĂ©tation, et a arguĂ© du hadith rapportĂ© par al-BazzĂąr, Ahmed et al-TabarĂąnĂź, dans lequel le ProphĂšte () a dit :  La fiĂšvre est la part du croyant du [chĂątiment divin par le] Feu  (Al-AlbĂąnĂź : Hasan). Pour certains autres oulĂ©mas, il s’agit d’une mĂ©taphore qui compare la chaleur de la fiĂšvre Ă  celle de l’Enfer, pour avertir les Ăąmes. Ibn Hadjar a dit : la premiĂšre opinion est la plus pertinente.

 

Certains rĂ©dacteurs du site Salafi.net ont rĂ©pliquĂ© aux prĂ©tentions de certains mĂ©crĂ©ants amĂ©ricains Ă  propos de ce hadith. Ils ont affirmĂ© plausible que l’Enfer ait des souffles qui influencent le climat sur la terre et la vie des gens. La preuve rĂ©side dans le hadith qui affirme que la chaleur aride et le froid sĂ©vĂšre sont les effets des souffles de l’Enfer. D’aprĂšs AbĂ» Hurayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le ProphĂšte () a dit :

 

 Quand la chaleur est excessive, attendez la fraĂźcheur pour faire la priĂšre, car la chaleur intense est un souffle du feu de la GĂ©henne. L’Enfer s’est plaint auprĂšs de son Seigneur en Lui disant : “Mes parties se sont consumĂ©es entre elles”. Allah lui permit alors de dĂ©gager deux souffles, l’un en hiver, qui est ce qu’on peut imaginer de plus froid, et l’autre en Ă©tĂ©, qui est ce qu’on peut trouver de plus chaud  (Boukhari et Mouslim).

 

Et Allah sait mieux.

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