La Zakât se paye sur l’argent que l’on possède
Fatwa No: 88205

Question

Mon père a placé une certaine somme d'argent dans une banque d'un pays arabe. Il dépense les intérêts perçus sans s'acquitter de la Zakât sur le capital. Nous lui avons conseillé de s'acquitter de la Zakât, mais il s'y refuse sous prétexte que cet argent est le nôtre et non le sien bien que cette somme ait été placée à son nom. Nous n'avons donc aucun moyen d'y avoir accès. Pouvons-nous donc faire usage de ce qu'il nous donne comme argent bien que nous sachions qu'il ne s'acquitte pas de la Zakât ? S'il prétend que cet argent est le nôtre sans nous donner accès à celui-ci, qui donc est dans l'erreur ?
Pouvez-vous conseiller notre père afin qu'il s'acquitte de la Zakât sur cet argent qui est en réalité le sien ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :  

 

Nous commencerons notre réponse en vous disant que placer son argent dans une banque usuraire est interdit. Ainsi, les intérêts versés par cette banque sont des intérêts usuraires dont il faut se débarrasser et qu'il est interdit de garder.

Quant à la Zakât sur ces intérêts, il n'y en a pas, car il s'agit d'argent que l'on ne possède pas. Or, une des conditions de l'acquittement de la Zakât est la possession totale du bien sur lequel on veut la payer. Quant au fait de placer son argent dans une banque islamique, cela est permis et les bénéfices perçus sur les opérations de Muchâraka (association entre la banque et le client) et de Mudâraba (commandite) sont licites.

 

Concernant votre cas particulier et le comportement de votre père, sa prétention selon laquelle cet argent est celui de ses enfants est nulle et non avenue tant qu'il a la mainmise sur cet argent et qu'il ne leur permet pas d'en disposer comme bon leur semble s'ils sont adultes, ou ne témoigne pas le leur avoir donné s'ils sont encore jeunes ou faibles d'esprit.

Par conséquent, c'est à votre père que revient le devoir de s'acquitter de la Zakât sur l'argent qu'il a placé ainsi que sur les bénéfices qui en découlent si cet argent est placé dans une banque islamique.

 

Par contre, si cet argent est placé dans une banque non islamique, il doit s'acquitter de la Zakât sur le capital, mais pas sur les intérêts perçus, car il s'agit d'intérêts usuraires qu'il est interdit d'utiliser et qu'il faut dépenser dans l'intérêt général des musulmans, comme dans la construction d'écoles, la réparation des routes et tout autre domaine bénéfique aux musulmans. Il est donc responsable de cela, mais il faut le conseiller et lui indiquer qu'il doit s'acquitter de la Zakât tout en arrêtant de traiter avec l'usure.

Il ne fait aucun doute que celui qui le voit doit s'efforcer de le conseiller avec sagesse afin qu'il s'abstienne de ce qu'Allah à interdit. Rappelez-lui l'importance de la Zakat, le danger dans lequel se trouve celui qui ne s'en acquitte pas, ainsi que la menace de châtiment que proféra Allah à l'encontre de celui-ci et de celui qui perçoit des intérêts usuraires.

 

Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

 

·         [...] A ceux qui thésaurisent l'or et l'argent et ne les dépensent pas dans le sentier d'Allah, annonce un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront portés à l'incandescence dans le feu de l'Enfer et qu'ils en seront cautérisés, front, flancs et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez." (Coran 9/34-35)

 

·        ô les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l'intérêt usuraire, si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l'annonce d'une guerre de la part d'Allah et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés. (Coran 2/278-279)

 

Enfin, il n'y a aucun mal à ce que vous fassiez usage de l'argent qu'il vous donne même s'il ne s'acquitte pas de la Zakat tant qu'une partie de son argent est licite. En effet, les oulémas ont déclaré qu'il était licite de manger chez celui dont les revenus sont en partie illicites et en partie licites.

 

Et Allah sait mieux.

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