Un mari veut laisser tout son héritage à sa deuxième femme et ses enfants à elle
Fatwa No: 90251

Question

J’ai trois frères et sœurs et mon père et ma mère sont divorcés depuis un certain temps. Mon père s’est remarié à une autre femme qui a trois enfants d’un autre mari. Il a acheté une nouvelle maison et veut la léguer à sa nouvelle femme et ses trois enfants bien que ceux-ci ne le savent pas et n’ont par conséquent payé quoi que ce soit pour cette maison. Mon père dit qu’il veut assurer leur avenir. Cette décision nous a beaucoup choqués, nous ses vrais enfants et nous sentons qu’il ne nous considère pas comme ses enfants. Nous sommes tous grands et mariés mais très inquiets par cette décision. Allah agrée-t-Il un comportement pareil ? Comment répartir l’héritage entre l’épouse, les enfants de celle-ci d’un autre mari et ses propres enfants ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammad, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons.

Si ce qui a été mentionné est vrai, le testament de votre père en faveur de sa seconde femme ne peut pas être exécuté conformément à ces paroles du Prophète () :  Allah a donné à tout ayant-droit ce qui lui est dû, un testament en faveur d'un héritier ne peut donc avoir lieu. [(Ahmad, al-Nasâ’i, al-Tirmidhî, Abû Dâwûd)]

A la mort du père, si l’épouse est toujours mariée avec lui elle n’a aucun droit à un legs à moins que les autres héritiers ne l’acceptent.

Le testament est valable, cependant, pour les enfants de l’épouse à condition que le legs ne dépasse pas le tiers de l’héritage, conformément aux paroles du Prophète () à Sa‘d lorsque ce dernier était malade et voulait léguer tous ses biens (aux musulmans). Il lui dit :  Non.  Sa‘d demanda :  Alors la moitié ? .  Non .  Le tiers ? 
---  Le tiers, et même le tiers, c’est beaucoup. Il vaut mieux que tu laisses tes héritiers riches plutôt que dépendants d'autrui pour leurs besoins et réduits à la mendicité. répondit le Prophète ().  [(Boukhari, Mouslim)]

Le legs du tiers de l’héritage pour les enfants de l’épouse sera donc valide parce qu’ils ne sont pas des héritiers et il est connu que la personne peut avant sa mort léguer le tiers de ses biens mais pas plus en tant qu’aumône conformément au hadith précédent de Sa‘d et à ces paroles du Prophète () :
Allah vous a permis de donner en aumône le tiers de vos biens au moment de votre décès pour augmenter vos bonnes Å“uvres.  [(Al-Bayhaqi, al-Tabarâni, Musnad al-Albâni)]

Al-Nawawi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit :  Les oulémas de nos jours sont tous d’accord que le testament de celui qui a un héritier ne peut être exécuté que dans les limites du tiers de ses biens sauf accord des héritiers.

Par conséquent, le legs par votre père de cette maison en faveur de sa femme et de ses enfants d’un autre mari doit être examiné. Son legs pour sa femme n’est pas valable. Quant à son legs pour les enfants de celle-ci, il le sera à condition de ne pas dépasser le tiers de l’héritage; et le reste sera partagé entre les héritiers légaux selon les instructions du Livre d’Allah et de la Sunna de Son prophète ().

Ce père doit craindre Allah, glorifié soit-Il, et ne pas dépasser les limites qu’Il a fixées. Après avoir mentionné les versets sur l'héritage, Allah, glorifié soit-Il, dit (sens des versets) :
 Telles sont les limites fixées par Allah. Tous ceux qui obéissent à Allah et à Son Prophète seront accueillis dans des Jardins arrosés d'eaux vives où ils demeureront pour l'éternité, et ce sera pour eux la félicité suprême. * Celui qui, en revanche, désobéit à Allah et à Son Prophète et qui transgresse Ses lois, Allah le précipitera dans l'Enfer pour l'éternité, où un supplice avilissant lui sera infligé. (Coran 4/13-14)

Il faut savoir aussi que les enfants doivent accomplir leur devoir envers leur père et être bienfaisants envers lui, même s’il ne leur donne pas leur dû. En effet, Allah lui demandera à lui comme à vous des comptes et chacun doit faire ce qu’Il lui a ordonné.

Et Allah sait mieux. 

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