Abou Bakr et les derniers jours du Prophète –Salla Allahou Alaihi wa Sallam

24/09/2008| IslamWeb

Les âmes transparentes et purifiées apprennent, par la grâce divine, ce qui pour d’autres serait caché ; les cœurs raffinés comprennent les sens implicites que les paroles du Prophète () peuvent porter. C’est ainsi que durant le Pèlerinage d’Adieu, quand le Prophète récita le verset : « Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous » [S5/V3], tous les Compagnons se réjouirent alors qu’Abou Bakr fut le seul à pleurer. Il expliqua : « C’est l’annonce de la mort du Messager d’Allah ! »

Durant sa maladie de mort et devant les Compagnons qui avaient afflué vers sa mosquée à Médine, le Prophète () adressa un dernier mot à sa communauté dans lequel il leur conseilla de continuer à suivre son chemin et à préserver le Message divin. Il conclut son discours disant : « Le choix fut donné à un serviteur entre la vie de l’ici-bas et la rencontre de son Seigneur ; il choisit la rencontre de son Seigneur. » Le silence total régna et personne ne comprit le sens de cette dernière phrase. À ces mots, Abou Bakr ne put s’empêcher d’éclater en sanglots si bien que ses pleurs retentirent dans la mosquée, et furent entendu par tous les Compagnons. Au grand étonnement des Compagnons qui le virent interrompre le Prophète, il cria : « Ô Messager d’Allah ! Je sacrifierais pour toi mes père et mère, je sacrifierais pour toi ma progéniture, ma personne, et mon argent ! » Le Prophète () dit : « Laissez-le, car par Allah, j’ai pu retourner toutes les faveurs qui m’ont été faites sauf à Abou Bakr, je n’ai pas pu le récompenser et je laisse sa récompense à Allah ! » Le Prophète () ordonna ensuite que toutes les portes débouchant sur la mosquée soient fermées à l’exception de la porte d’Abou Bakr.

Puis arriva le 12 Rabi` Al-Awwal de l’an 11 de l’hégire, jour qui devait endeuiller Médine et le reste de la communauté musulmane naissante. Le Prophète () demanda à notre mère Aicha qu’Abou Bakr dirige la prière à sa place ; après une hésitation elle répondit : « Ô Messager d’Allah, Abou Bakr est un homme larmoyant. Quand il dirige la prière, il pleure et les gens risquent de ne rien entendre ». Mais le Prophète insista à ce que ce soit Abou Bakr qui le remplace et refusa la proposition de Aicha que Omar dirige la prière à sa place. Il dit : « N’ai-je pas dit Abou Bakr ! Allah ne veut que cela et les musulmans ! ». On vit le Prophète faire son dernier sourire en regardant les musulmans accomplir leur prière ; adoration qui continuera à les lier à leur Créateur même après la disparition du porteur du Message.

Le décès du Prophète () dépassa la raison de ses Compagnons si bien qu’Omar dit : « Le Messager d’Allah n’est pas mort, il est allé rencontrer son Seigneur à l’instar de Moïse et il reviendra. » Mais ayant compris la fin inéluctable, Abou Bakr fut le premier à l’accueillir avec sagesse et patience. Il rentra dans la chambre du Prophète () pour s’assurer que la nouvelle était vraie. Il le serra ensuite tendrement et l’embrassa entre les yeux en disant : « Bonté tu es, vivant ou mort. Ô mon bien-aimé à qui je confie mon secret, ô mon ami à qui je me voue. » Puis, Abou Bakr sortit calmer les Musulmans et dit : « Quiconque adorait Mohammad qu’il sache que Mohammad est mort et quiconque adore Allah qu’il sache qu’Allah est Vivant et qu’Il ne meurt jamais. » Il récita ensuite la Parole d’Allah : « Mohammad n’est qu’un Messager — des messagers avant lui sont passés —. S’il meurt ou s’il est tué, retournerez-vous sur vos talons ? » (Coran : S3/V144).

 

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