Abou Bakr à la défense de l’État naissant

06/12/2009| IslamWeb

 

Bien que le Califat d’Abou Bakr As-Siddîq ne durât qu’environ deux ans, il fut caractérisé par d’immenses réalisations et de dangereux évènements et incidents. Ces derniers auraient provoqué la dislocation de l’État islamique sans la miséricorde divine qui plaça à sa tête un homme qui, par sa sagesse et sa détermination, réussit à préserver cette nouvelle communauté.

L’armée d’Oussama Ibn Zayd

La première décision prise par Abou Bakr fut de dépêcher l’armée d’Oussama Ibn Zayd contre les Byzantins qui empêchaient les prédicateurs musulmans de transmettre leur message sur les terres qu’ils gouvernaient. Cette armée qui avait été dépêchée par le Prophète — — avant son décès, revint à Médine après l’annonce de la nouvelle de sa maladie. Cette décision fut cependant contestée par certains Compagnons pour deux raisons. La première était la crainte que la décision d’Abou Bakr ne prive la communauté de son armée à un moment si critique de son histoire ; les tribus arabes reniant, l’une après l’autre, l’islam et s’apprêtant à attaquer Médine. La deuxième était que pour certains, Oussama était trop jeune pour diriger cette armée. Il avait à l’époque dix-huit ans approximativement. Abou Bakr refusa cependant de se plier à cette contestation et dit : « Par Celui Qui détient mon âme entre Ses Mains, même si les lions me capturaient, je dépêcherais l’armée d’Oussama comme le Prophète l’a ordonné. Je le ferai même si je demeure seul dans cette cité. » Et devant son insistance, ses opposants lui proposèrent de changer Oussama ; ce qu’il refusa totalement en disant : « Je ne puis guère modifier une décision qu’avait prise le Messager d’Allah. »

Monté sur son cheval et s’apprêtant à quitter Médine, Oussama se sentit gêné d’être sur sa monture alors que le Calife la lui conduisait. Oussama lui dit : « Soit tu montes avec moi, soit je descends marcher. » Mais Abou Bakr refusa et répondit : « Tu ne descendras pas et je ne monterai pas. Quel mal me ferai-je en empoussiérant mes pieds pour la cause d’Allah pendant une heure de la journée ? » Par ailleurs, le Calife adressa à cette occasion un discours à son armée dans lequel il dit : « Ô gens ! Je vous recommande dix choses, retenez-les bien. Ne trahissez pas, ne transgressez pas, ne trompez pas, ne mutilez pas les dépouilles de vos ennemis, ne tuez ni enfants ni vieillards ni femmes, ne brûlez aucun palmier, ne coupez aucun arbre et n’égorgez aucune bête sauf pour votre nourriture. Vous trouverez sur votre chemin des gens qui se sont consacrés à l’adoration dans des couvents, laissez-les pour ce à quoi ils se sont consacrés. Vous rencontrerez des gens qui vous serviront toutes sortes de nourriture, servez-vous en et invoquez le Nom d’Allah en le faisant. »

Constatant que l’État islamique allait dépêcher son armée à l’étranger, les tribus arabes envoyèrent leurs émissaires à Médine afin de vérifier la présence d’une armée de réserve. Ayant compris leur dessein, Abou Bakr mobilisa les musulmans et leur ordonna de se regrouper dans la mosquée du Prophète, prévoyant une attaque imminente de la part des tribus rebelles. Puis, apprenant qu’elles étaient à trois jours de marche de Médine, Abou Bakr accompagné des musulmans sortit pour défendre la ville du Prophète et la bataille fut remportée par les musulmans.

Par ailleurs, l’armée d’Oussama ne déçut pas les espérances du Calife. Elle vainquit les Byzantins et fit une percée profonde sur leurs territoires avant de regagner Médine. Ainsi réalisa-t-elle l’objectif qui lui avait été fixé, à savoir établir et sécuriser les frontières du nouvel État islamique et semer le doute et la crainte dans les rangs des ennemis de l’islam, y compris certaines tribus arabes du nord qui guettaient l’occasion d’attaquer Médine.

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