Ibn Khaldoun

20/07/2011| IslamWeb

Naissance et jeunesse.

Abd al-Rahman ibn Muhammad Ibn Abou Bakr Ibn Al-Hasan, surnommé Ibn Khaldoun, naquit en Tunisie en l'an 732 de l'hégire dans une famille arabe dans la lignée du compagnon Wâ'il Ibn Hajar, originaire d'une tribu yéménite établie à Hadramaout.
Ses ancêtres vinrent s'installer à Carmona en Andalousie. Son aïeul, Khâlid Ibn 'Uthmân fut le premier à entamer cette émigration et fut dès lors surnommé "Khaldoun’’. Son père était très éclairé et avait choisi de se consacrer uniquement à l'étude du fiqh et des lettres.
Ibn Khaldoun fut élevé en Tunisie et commença à mémoriser le Saint Coran et à apprendre sa psalmodie. Il reçut ses enseignements sur les sciences arabes et légitimes ainsi que la langue arabe grâce à son père qui tint, en outre, à ce que son fils reçoive l'éducation des savants les plus compétents à cette époque.  Ibn Khaldoun fit ses débuts dans la carrière de l'administration qu'il embrassa pendant longtemps.
Ses déplacements
 Ibn Khaldoun quitta la Tunisie pour aller s'installer en Algérie à Biskra qu'il abandonna pour Constantine où il laissa sa famille pour aller se fixer à Fès où prospérait alors le centre intellectuel le plus brillant du Maghreb. Il s'y consacra à l'étude, à la lecture et au commerce des savants maghrébins et andalous et fréquenta assidûment les bibliothèques du Fès pour compulser des livres et satisfaire son goût pour la science. A ce temps là, il esquissa les prolégomènes "Muqaddima" de son ouvrage intitulé "Kitâb Al-'Ibar".
- Ibn Khaldoun partit d'abord pour l'Andalousie, puis vînt s'établir en Algérie où il occupa les fonctions de chambellan. Il faisait des sermons dans la mosquée d'Al-Qasaba où il enseignait, outre sa carrière politique.
- Sept ans passés, il s'expatria, accompagné de sa famille, à Tlemcen, puis retourna de nouveau à Fès où il résida pour s'appliquer à la recherche et l'enseignement. Après cela, il regagna, seul, l'Andalousie, se dirigea à Grenade qu'il quitta pour retourner au Maghreb.
- Ibn Khaldoun retrouva sa famille à Tlemcen. Pendant cette période, il s'employa à la composition et à la lecture, puis peu après il se rendit au château d'Ibn Salâma en Algérie, où il demeura quatre. Durant cette période de stabilité, il se mit à composer son ouvrage "Kitâb Al-'Ibar" qu'il remania et retoucha dans la suite, tout en y annexant son "Histoire universelle". La Muqaddima ou Prolégomènes, fut l’œuvre la plus considérable de notre historien et sociologue. Il disait en parlant de son travail «C’est là que j’ai commencé à rédiger ce livre et que j’ai achevé La Muqaddima avec son caractère original et inédit qui la distingue et qui m’a été inspiré par cette  khalwa». Il retourna, en fin de compte en Tunisie, où il enseigne dans la grande université de Zétouna.
Son séjour au Caire
- En l'an 784 de l'Hégire, Ibn Khaldoun se décida à aller en pèlerinage. Il prit alors la mer pendant quarante jours jusqu'à ce qu'il se débarqua à Alexandrie. Ce fut dix jours après l'intronisation du sultan Azh-Zhâhir Barqûq. N'ayant pas pu accomplir le hajj à cette année, il se dirigea au Caire où il fut entouré par des foules d'étudiants. Il consentit donc à enseigner à la mosquée d'Al-'Azhar où il fut tenu en haute estime, comme il fut favorisé par le sultan Barqûq. Une fois fixé au Caire, il chercha à y amener sa famille, mais le sultan régnant en Tunisie, afficha son refus pour que Ibn Khaldoun réintègre sa patrie. Celui-ci se servit de l'entremise du sultan Barqûq qui intercéda en sa faveur auprès de son homologue tunisien.
- Ibn Khaldoun fit alors partie du corps enseignant de l'école dite "Al-'Amhiya", située à proximité de la mosquée de 'Amr Ibn Al-'As, puis devint le grand cadi pour les tenants de l'école malékite en Egypte. A ce temps là, sa famille, ayant quittée la Tunisie, se débarqua au bord d'un navire qui fit naufrage sous l'effet d'une bourrasque. La mort de tous les membres de sa famille l'attrista horriblement et le rendit incapable d'exercer ses fonctions desquelles il demanda congé. Il ne trouva de consolation que dans le retour à l'érudition, l'enseignement, la recherche et la rédaction.
- Durant un séjour de presque 24 ans, Ibn Khaldoun ne quitta le Caire que trois fois seulement dont la première pour l'accomplissement du hajj, la seconde, pour la visite du Jérusalem et la dernière, pour la rencontre de Tamerlan en Syrie.
Parmi ses livres
- Ibn Khaldoun légua à la postérité un nombre réduit de chefs-d'œuvre dont : "Kitâb Al-'Ibar" (Livre des considérations sur l'histoire des Arabes, des Persans et des Berbères)
- al-Mouqaddima : Il en est resté célèbre à son œuvre historique, qui a fait de lui l'un des meilleurs théoriciens arabes. Son projet s'inscrit en effet dans une double perspective : un panorama général des sciences et une saisie globale du phénomène social, l'histoire venant prendre, au sein de l'un et de l'autre, la place d'une discipline privilégiée, dépositaire des lois qui régissent l'apparition et le déclin des civilisations.
- Il fut le véritable fondateur de la sociologie et exposera les règles de 'Ilm Al-'Imrân (la Science de la civilisation) et celles de l'Histoire.
Sa mort
- Au mois du Ramadan de l'an 808 de l'Hégire, il meurt en Egypte où il fut enterré.  Philosophe historien et précurseur de la sociologie moderne, Ibn Khaldoun est l’une des figures les plus marquantes de la civilisation Arabo-musulmane.  Pierre lepape, journaliste dans le Monde diplomatique, affirme en parlant d’Ibn Khaldoun : “Son immense culture et sa curiosité intellectuelle insatiable lui permettent de brasser les apports les plus divers, arabes, grecs, hébreux, perses, berbères, romains, byzantins, dans une synthèse ordonnée. Mais en même temps, sa pensée rompt à ce point avec l’horizon d’attente de son époque, elle propose une logique d’interprétation si différente des catégories traditionnelles, si “moderne”, qu’elle ne pénètre pas dans les débats savants, politiques, religieux et philosophiques de son temps. Elle parle en revanche au nôtre.”
Il est décrit par Arnold Toynbee comme celui qui « a conçu et formulé une philosophie de l’Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays.».
Enfin, il est très intéressant de noter ses citations suivantes, et qui illustrent son esprit critique et la modernité de sa pensée
ÇááÅÈÊÚÇÏ Úä ÇáÅÓÊÈÏÇÏ Ýí ÇáÊÃÏíÈ ÍÊì áÇ ÊßÓá ÇáäÝÓ Ýí ÅßÊÓÇÈ ÇáÝÖíáÉ æ ÇáÌãíáÉ
“Le comportement autoritaire dans l’éducation est à la source de paresse et handicap mental dans l’acquisition des valeurs et des savoir”
“ãä ßÇä ãõÑÈÇå ÈÇáÚÓÝ æ ÇáÞåÑ . . . ÓØÇ Èå ÇáÞåÑ æ ÖóíÞó Úáì ÇáäÝÓ Ýí ÅäÈÓÇØåÇ æ ÐåÈ ÈäÔÇØåÇ . . . æ Íõãá Úáì ÇáßÐÈ æ ÇáÎÈË”
“Celui éduqué par la violence perd le sens créatif, perd toute activité d’esprit et s’enfonce dans les mensonges et la délinquance”.
“ÇÓÊäÈÇØ ÇáÌÒÆíÇÊ ãä ÇáßáíÇÊ”
“L’utilisation de la méthode inductive comme approche pédagogique”
 “ÇáãÛáæÈ ãæáÚ ÃÈÏÇ ÈÇáÅÞÊÏÇÁ ÈÇáÛÇáÈ Ýí ÔÚÇÑå æ Òíå æ äÍáÊå æ ÓÇÆÑ ÃÍæÇáå æ ÚæÇÆÏå”
“Le vaincu s’identifie à son vainqueur dans son comportement, ses traditions, ses valeurs et sa culture” (le vaincu est souvent une personne, un peuple, une nation ou encore une civilisation)

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