Le Hadj et la sérénité

01/06/2023| IslamWeb

Lorsqu’Allah, exalté soit-Il, accorde à un croyant la grâce d’accomplir le Hadj, ce croyant qui aime son Seigneur, exalté soit-Il, est envahi d’une joie exubérante, mêlée de crainte et de soumission. Il est conscient de la grande responsabilité qu’il doit assumer. Il se prosterne avec amour et reconnaissance, loue Allah, exalté soit-Il, pour cette grâce immense, tout en L’implorant d’accepter son Hadj et de le préserver de toute erreur.

 
En fait, le Hadj est une grande responsabilité envers Allah, exalté soit-Il. Il exige une grande sincérité dans la parole et les actes ainsi qu’un cœur pur et une sérénité morale.
 
Les préparatifs du Hadj requièrent une attitude particulière : lorsque le serviteur croyant a l’intention de partir pour accomplir le Hadj, il doit être quiet et pur, et ne doit pas avoir de rancune. Il doit être habité par l’amour d'Allah, exalté soit-Il, aspirant à Sa miséricorde et s’évertuant à gagner Son agrément.
 
Le serviteur sincère qui aime son Seigneur doit commencer son Hadj par la sérénité intérieure : il doit se hisser avec son âme et son cœur au stade de pureté le plus élevé, entreprendre un examen de conscience, repasser en revue les scènes de sa vie pour régler ses comptes avec soi-même et avec les autres. S’il a fait du tort ou a lésé quelqu’un, il doit implorer le pardon d’Allah, exalté soit-Il, puis demander à cette personne de l’excuser. Car sauvegarder les droits des autres constitue l’une des conditions sine qua non pour obtenir le plein pardon d’Allah, exalté soit-Il, et pour parfaire son repentir. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
 
« Ô mon peuple, dit Noé, je vous apporte un message solennel qui vous invite à adorer Allah, à Le craindre et à m’obéir, afin qu’Il vous pardonne certains de vos péchés(…) » (Coran 71/2-4).
 
Allah, exalté soit-Il, n’a pas dit : « qu’Il vous pardonne vos péchés », mais plutôt : « … certains de vos péchés », c'est-à-dire que la rémission de certains autres péchés restera en suspens jusqu'à ce que les droits soient rendus aux ayants droit ou que ces derniers pardonnent ou renoncent à leurs droits.
 
Mais qu'est-ce que l’injustice ?
 
D’aucuns croient à tort que l’être humain peut faire ce qui lui plaît, puis accomplir le Hadj et revenir sans le moindre péché, comme le jour où sa mère l’a mis au monde.
 
Comment cela peut-il avoir lieu ? Comment peut-on se permettre de commettre des injustices ou de faire du tort à autrui et imaginer que le simple accomplissement du Hadj nous rende purs comme si on n’avait jamais rien fait ? Où sont donc les droits des personnes lésées ?
 
Le Coran a stigmatisé l’injustice, menacé les injustes d'un châtiment douloureux et promis la victoire à ceux qui ont subi une injustice. Il a également rassuré ces derniers lorsqu’il a indiqué qu’Allah, exalté soit-Il, n’aime pas qu’on profère de mauvaises paroles à l'encontre d'autrui sauf quand on a été injustement provoqué. Allah, exalté soit-Il, a fait cette exception, car Il sait bien la colère qui se déchaîne à l’intérieur de toute personne qui a subi une injustice.
 
L’injuste est une personne arrogante, égoïste et orgueilleuse au point qu'elle ne considère que ses propres intérêts. Pour arriver à ses fins, elle commet des injustices, piétine les droits d'autrui et porte atteinte à leur dignité. C’est quelqu’un qui a oublié Allah, exalté soit-Il, alors Allah, exalté soit-Il, lui a fait oublier sa propre personne.
 
Il existe trois sortes d'injustice :
- L'injustice commise par l’homme à l'égard de son Seigneur, exalté soit-Il. Elle se rapporte aux droits d’Allah, exalté soit-Il. La mécréance, le polythéisme et l’hypocrisie vis-à-vis d’Allah, exalté soit-Il relèvent de cette forme d'injustice qui est abominable, puisqu’Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Car le polythéisme est vraiment une injustice énorme » (Coran 31/13). Elle est en plus impardonnable, car Allah, exalté soit-Il, pardonne tous les péchés à celui qu’Il veut, sauf le polythéisme.
 
- L'injustice commise par l'homme contre lui-même : cette forme d'injustice est commise contre la personne humaine. Elle a lieu lorsque le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, néglige l’accomplissement des obligations religieuses et des actes cultuels, comme Allah, exalté soit-Il, le dit (sens du verset) : « (…) Parmi eux, il en est qui se font tort à eux-mêmes(…) » (Coran 35/32). Allah, exalté soit-Il, pardonne cette injustice à qui Il veut.
 
- Une injustice commise par l’homme contre ses congénères en violant les droits d’autrui, en donnant un faux témoignage, en abusant de son pouvoir pour offenser et humilier les gens. Ce sont là différents aspects de cette injustice, à propos de laquelle Allah, exalté soit-Il, dit : « Il n’y a de voie [de recours] que contre ceux qui lèsent les gens et commettent des abus » (Coran 42/42).
 
Le Prophète () a dit : « Si ton pouvoir t’incite à opprimer les gens, rappelle-toi alors le pouvoirqu’Allah a sur toi ! ».
 
Cette forme d’injustice nécessite un repentir et un changement d'attitude en demandant le pardon de la personne qu’on a lésée ou persécutée. C’est ainsi que le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, peut accomplir le Hadj, alors qu’il est assaini de toute rancune, cherchant l’amour et l’agrément d’Allah, exalté soit-Il.
 
Les trois formes d'injustice susmentionnées sont des injustices contre soi-même.
 
Quoi qu’il en soit, à Allah, exalté soit-Il, appartient le commandement, au début et à la fin, car Sa Miséricorde et Son Pardon sont toujours liés à Sa Volonté. Il guide qui Il veut et pardonne à qui Il veut, Lui Qui étend sur toute chose Sa miséricorde et Sa science. Les Anges prient devant Lui et disent (sens du verset) :
 
« Seigneur ! Tu étends sur toute chose Ta miséricorde et Ta science. Pardonne donc à ceux qui se repentent et suivent Ton chemin et protège-les du châtiment de l’Enfer » (Coran 40/7).
 
Décrivant Sa miséricorde, Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Et Ma miséricorde embrasse toute chose » (Coran 7/156). Il dit également (sens du verset) : « Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut »(Coran 4/48).
 
Dès que l’Homme s'engage sur la voie de la sincérité envers Allah, exalté soit-Il, s'applique à lui le verset dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
 
« Sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre ; ceux-là Allah changera leurs mauvaises actions en bonnes, et Allah est Absoluteur et Miséricordieux » (Coran 25/70).
 
Etant donné que le sentiment de culpabilité génère un autre sentiment d’infériorité et d’anxiété, le Coran nous fournit un remède unique et efficace au problème de la culpabilité, à savoir le repentir qui efface les péchés, consolide l’espérance en l’agrément d’Allah, exalté soit-Il, et, par conséquent, atténue l’anxiété.
 
Par ailleurs, le repentir pousse le serviteur à se corriger pour éviter de répéter les mêmes erreurs et de commettre à nouveau les mêmes désobéissances. Il l’aide à accroître son estime et sa confiance en soi et engendre chez lui un sentiment de sécurité et de quiétude. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
 
·       « Dis : 'Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui l’Absoluteur, le Très Miséricordieux' » (Coran 39/53) 
 
·       « Quiconque agit mal ou se fait du tort à lui-même, puis aussitôt implore d’Allah le pardon, trouvera Allah Absoluteur et Miséricordieux » (Coran 4/110) 
 
·       « Allah accueille seulement le repentir de ceux qui font le mal par ignorance et qui aussitôt se repentent. Voilà ceux de qui Allah accueille le repentir. Et Allah est Omniscient et Sage » (Coran 4/17) 
 
·       « Et lorsque viennent vers toi ceux qui croient à nos versets (le Coran), dis : 'Que la paix soit sur vous ! Votre Seigneur S’est prescrit à Lui-même la miséricorde. Et quiconque d’entre vous a fait un mal par ignorance, et ensuite s’est repenti et s’est réformé... Il est, alors, Absoluteur et Miséricordieux' »(Coran 6/54) 
 
·       « Ceux qui ont fait de mauvaises actions et qui ensuite se sont repentis et ont cru... ton Seigneur, après cela est sûrement Absoluteur et Miséricordieux » (Coran 7/153) 
 
·       « Et je suis Grand Pardonneur à celui qui se repent, croit, fait bonne œuvre, puis se met sur le bon chemin » (Coran 20/82) 
 
·       « Et pour ceux qui, s’ils ont commis quelque turpitude ou causé quelque préjudice à leurs propres âmes (en désobéissant à Allah), se souviennent d’Allah et demandent pardon pour leurs péchés - et qui est-ce qui pardonne les péchés sinon Allah ? - et qui ne persistent pas sciemment dans le mal qu’ils ont fait. Ceux-là ont pour récompense le pardon de leur Seigneur, ainsi que les Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement. Comme est beau le salaire de ceux qui font le bien ! »(Coran 3/135-136).
 
·       « Car Allah aime ceux qui se repentent, et Il aime ceux qui se purifient » (Coran 2/222).
 
En fait, se repentir c'est prendre véritablement connaissance de ses fautes, c'est une foi qui s’empare de notre cœur et une certitude avérée. Lorsqu'on se repent et qu'on prend conscience de nos fautes, on se révolte et on ressent une certaine douleur, une tristesse à cause des péchés commis.
 
Le fait de croire qu'Allah, à Lui la Grandeur, accepte le repentir, pardonne les péchés et tient Sa promesse nous incite à demander Son pardon, à nous repentir et à nous éloigner des désobéissances dans l’espoir de gagner le pardon et l’agrément de notre Seigneur, exalté soit-Il. Lorsque le musulman se repent sincèrement, lorsqu’il obéit à son Seigneur, exalté soit-Il, et qu’il se dévoue à Lui en accomplissant les bonnes actions, il se sent reposé et se débarrasse de ce sentiment de culpabilité qui le rend anxieux et le perturbe.
 
Le Hadj est une occasion en or pour l’âme distraite et le cœur inattentif, une chance pour refaire ses comptes, se purifier des péchés et des fautes, revenir sur le droit chemin et obéir à Allah, exalté soit-Il, tout en acquérant de nouvelles habitudes et une bonne moralité. Cependant, si le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, se montre récalcitrant, s'il ne se repent pas et ne demande pas le pardon de celui qu’il a lésé ou persécuté, son injustice restera suspendue jusqu’au Jour de la Résurrection où Allah, exalté soit-Il, le jugera pour son comportement. Autrement dit, il peut obtenir la récompense du Hadj, mais son injustice restera attachée à son cou jusqu’au Jour du Jugement dernier où Allah, exalté soit-Il, lui donnera la rétribution de son comportement. Telle est la justice et la miséricorde d’Allah, exalté soit-Il. Il juge et assure l’équité entre Ses créatures, Il est le Juste, le Très Miséricordieux, et la justice est le moyen par lequel le Tout Miséricordieux tire vengeance de l’injuste et accorde la victoire à la personne lésée.
 
Ce discours sur l’injustice, nous amène à nous arrêter quelques instants pour méditer sur la rétribution divine. La personne qui subit l'injustice s'en remet à Allah, exalté soit-Il, et lui confie le sort de ceux qui lui ont fait subir cette injustice.
 
En fait, le fait de s'en remettre à Allah, exalté soit-Il, est une vertu et un degré élevé de foi qui requiert une lutte permanente contre ses passions et implique certains comportements vertueux comme le fait de maitriser sa rage, de pardonner à autrui et de patienter. Ces comportements, entrepris pour gagner l’agrément d’Allah, exalté soit-Il, placent l’homme dans un conflit permanent avec ses passions ; un conflit qui exige de la patience. Soulignons aussi que le fait d'endurer le mal que nous infligent les autres est un degré de la bienfaisance.
 
Ne croyez pas que les droits de ceux qui endurent les injustices dans l’attente de la récompense d’Allah, exalté soit-Il, soient perdus ; ils sont plutôt conservés auprès d’Allah, exalté soit-Il, jusqu’au moment où Il voudra faire triompher Son serviteur lésé. Telle est la promesse d’Allah, exalté soit-Il, et la promesse d’Allah, exalté soit-Il, est une Vérité indubitable.
 
Le fait de confier son sort à Allah, exalté soit-Il, de s'en remettre à Lui et d'attendre Sa récompense nous donne une grande force. Cette force, nous la tirons de notre amour d'Allah, exalté soit-Il, et de notre confiance en Lui. Cette force nous rend capable de patienter et nous confère une tranquillité, une quiétude et d’une assurance qui mènent à la sérénité et à la lucidité d’esprit.
 
Cette sérénité est un degré de la foi qui fait que le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, a le sentiment de s’élever dans le ciel, que la vie présente est très infime et courte, et que l’agrément et l’amour d’Allah, exalté soit-Il, sont des dons considérables et incomparables qui valent tous les trésors et les jouissances de ce bas monde.
 
Cette sérénité est également un bienfait, dont Allah, exalté soit-Il, comble le serviteur croyant qui aime son Seigneur. Ce dernier se sent envahi d’une lumière qui circule dans ses veines. Cette lumière le guide vers le bien, vers tout ce qui est vertueux et généreux.
 
Cette sérénité requiert certaines qualités comme le pardon, la véracité, l’endurance, la sincérité, la maîtrise de sa colère, la bienfaisance et la satisfaction. Voilà qui nous incite à adopter l'éthique que nous enseigne le Coran. Et quiconque adoptera sciemment les mœurs conformes auxprescriptions du Coran sera à l’abri des maux et des péchés du bas monde.
Par : Nâhid ‘Abdul-‘Âli al-Kharâchî

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