Réparons le tort avant qu’il ne soit trop tard !

15/01/2012| IslamWeb

Abou Fahd est un collègue âgé de 50 ans. Un soir, il a invité des collègues pour la pendaison de la crémaillère. J’ai répondu à son invitation, et je n’aurais pas dû. Allah, exalté soit-Il, sait que j’ai regretté d’y être allé et vous saurez pourquoi.

Les collègues se sont réunis et nous nous sommes rendus chez lui. Il se trouvait parmi nous des gens âgés et d’autres jeunes, le tout formant un grand groupe de collègues qui remplissaient la salle. Ses trois enfants ont pris place au bout de la table (Mohammad, Anas et Mo`aadh).
Abou Fahd versait le café tout en souriant, joyeux, puis est survenu un moment décisif qui a changé sa physionomie: j’ai transformé sa joie en tristesse ; et je l’ai fait pleurer, sans que je sache ce que ce quinquagénaire cachait.
Je n’ai pas aimé qu’Abou Fahd, cet homme âgé, verse le café pour un groupe de jeunes. Je n’étais pas habitué à voir cela dans mon entourage. Je me suis donc levé et j’ai insisté pour verser le café à sa place mais il a refusé en jurant par Allah et m’a forcé à m’asseoir. Je lui ai demandé, avec mécontentement, où était Fahd et pourquoi il ne venait pas avec les hommes pour aider son père. Je ne savais rien de Fahd si ce n’est qu’il était l’aîné, raison pour laquelle notre collègue était surnommé Abou Fahd.
J’avais été affecté récemment à cette administration et je ne savais rien des secrets que cachaient mes nouveaux collègues ni rien à propos de leur vie privée.
Quand j’ai demandé où était Fahd, l’assemblée toute entière s’est tue et les traits de notre hôte ont changé. Son sourire a disparu et tout le monde s’est tu. J’ai alors su que j’avais fait une gaffe et me suis tu à mon tour.
Il a fait un signe de la tête, après avoir reposé la cafetière sur la table et a quitté l’assemblée, suivi de ses trois enfants. Le collègue qui était assis à côté de moi s’est tourné vers moi. Je lui ai demandé :
-        Qu’est-ce qu’il a ?
-        Fahd est mort et tu as gâché notre soirée, m’a-t-il répondu.
-        Quand ?
-        Il y a dix ans.
-        Oh ! Dix ans, et il s’en rappelle encore, quelle grande tendresse, Abou Fahd !
Abou Fahd est revenu après s’être déchargé de ce qu’il avait sur le cœur ; les traces de pleurs étaient nettes sur son visage. J’ai insisté à rester après le départ du dernier des invités pour lui présenter mes excuses.
En effet, lorsque le dernier de mes collègues est parti, je me suis approché de lui pour lui dire : « Je suis désolé, je ne savais pas que Fahd était mort. C’est son destin, c’est d’ailleurs le chemin que nous emprunterons tous ».
Il s’est retourné vers moi et a dit :
-        « Ce n’est pas grave, ne t’excuse pas car son souvenir ne me quitte jamais ».
-        « Mais, Abou Fahd, cela fait dix ans qu’il est mort et tu le pleures encore. Où est donc ta foi en le Destin ? »
-        « Je crois au Destin, je ne suis pas triste pour sa mort !! J’ai perdu une autre fille avec lui dans un accident que nous avons eu en revenant d’Abha à Riyad, au terme des vacances d’été. Je ne l’ai pas pleurée (ma fille) autant que mon fils.
Il est mort en pleurant ! Il est mort après que je l’ai fâché ! Il est mort après que je l’ai frappé ! Il est mort avant que je ne le serre dans mes bras et le console ».
En effet, Abou Fahd revenait d’Abha, en compagnie de sa famille. Fahd avait alors dix ans et était assis sur le siège arrière en train de jouer, causant de la gêne à ses parents. Abou Fahd n’ayant pas pu pas supporter sa turbulence, a enlevé la tresse qui tenait sa koufiya (‘iqaal) et l’a battu violemment. Fahd s’est mis à pleurer causant de la peine à ses parents mais le père s’est dit qu’il le consolerait à Riyad !! Un accident s'est produit causant la mort de Fahd et de sa petite sœur encore nourrisson. Les autres membres de la famille ont été blessés et transférés à l’hôpital de Riyad à bord d’un avion-ambulance.
Abou Fahd dit : « Ah ! S’il pouvait revenir ne serait-ce que pendant une heure. Il est mort, m’abandonnant dans ma profonde tristesse. Je voudrais seulement l’étreindre et sécher ses larmes. Je crois au destin et à la prédestination, mais l’affliction emplit toujours mon cœur.
Il est mort fâché contre moi. Il est mort en pleurant. Il est mort sans que je ne le prenne dans mes bras et sans que je ne le console. Ah, si nous pouvions remonter le temps ! »
Nous sommes cruels envers les gens que nous aimons et nous pensons que nous aurons le temps de nous excuser auprès d’eux. Nous ne savons pas que la mort aura peut-être un autre avis.
 
J’ai un proche dont la mère est décédée alors qu’elle était en colère contre lui. Elle est morte alors que lui reportait toujours sa consolation au lendemain, mais elle s’est éteinte avant que n’arrive ce lendemain !!
La tristesse ne l’a pas quitté depuis qu’il a perdu sa mère et elle ne le quittera d’ailleurs jamais plus jusqu'à ce qu’il meure.
 
Un époux est sorti de chez lui, en colère contre sa femme. Le satisfaire (d’une certaine manière) aurait été suffisant pour éteindre cette colère !! Mais l’amour-propre de cette femme l’a retenue de le faire !! Elle s’est dit qu’elle le satisferait quand il rentrerait !! Mais il n’est pas retourné !!
 
Une épouse que son mari a abandonnée entre les quatre murs de sa maison pour mourir d’affliction et d’injustice; celui-ci est sorti de chez lui et son obstination l’a empêché de la consoler. Au seuil de la porte, il avait caché pour elle une fleur en velours qu’il s’était promis de lui donner en rentrant, mais, en rentrant, il l’a vu allongée, sur son lit de mort.
 
Un fils désobéissant qui a refermé la porte violemment –alors que derrière cette porte se trouvait une mère qui pleurait ou un père qui se lamentait de la peine que ce fils lui avait causée ! Courant à perdre haleine à cause du désir de rejoindre ses camarades, et reportant ainsi le moment de se jeter à leurs pieds pour les satisfaire et s’excuser, il a refermé la porte en se disant qu’il les consolerait à son retour.
Il n’est rentré qu’après avoir reçu un appel téléphonique où on lui a dit : « Qu’Allah accroisse ta récompense pour ta patience en raison de leur mort ».
 
Comme la mort peut survenir à tout moment, je vous enjoins à tous ainsi qu’à moi-même de ne jamais ajourner les consolations et les excuses que nous devons à autrui !!
 
Chers lecteurs, abstraction faite de la réalité ou non de l’incident cité plus haut, une chose est sûre, cet article relate un événement qui se produit fréquemment. Ne soyez donc pas de ceux qui regrettent, le jour où le regret ne sert à rien.

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