'Umar ibn 'Abd al-'Azīz

01/02/2012| IslamWeb

Le prince des croyants 'Umar ibn al-Khattâb, (), fit un rêve et se leva tout d'un coup en disant : "Qui est cet homme balafré issu des Banû Umayya, appelé 'Umar, lui aussi, venant de la progéniture de 'Umar et qui suit sa ligne de conduite et remplit la terre de justice".

Les jours s'écoulèrent et le songe du prince des croyant se réalisa; ce fut dans la région de Hilwan en Egypte où vivait le gouverneur de l'Egypte 'Abd al-'Azîz ibn Marwân et sa femme Layla Bint 'Âsim ibn 'Umar ibn al-Khattâb que naquit 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz en l'an 61 de l'hégire. Son père était particulièrement soucieux de lui assurer une éducation pieuse et lui a appris à lire et à écrire. Mais 'Umar, qu'Allah lui fasse miséricorde, voulut quitter l'Egypte pour aller s'installer à Médine afin d'y étudier les sciences religieuses. 'Abd al-'Azîz ibn Marwân répondit positivement à la volonté de son fils en envoyant ce dernier à Sâlih ibn Kissân, un des plus grands et plus vertueux oulémas de Médine.
'Umar ibn 'Abd al-'Azîz mémorisa le Noble Coran et se manifestèrent en lui les signes de la piété à tel point que son maître Salih ibn Kissân dit de lui : " Je ne connais personne qui vénère plus Allah, exalté soit-Il, que ce gamin". Sa mère le surprit alors qu'il pleurait dans sa chambre et elle lui demanda :"Qu'est-ce qui t'est arrivé ?" "Je me suis souvenu de la mort", dit 'Umar. Sa mère pleura alors elle aussi.
Il admirait beaucoup 'Abdallah ibn 'Umar, (), et il disait souvent à sa mère : "Tu sais ma mère que je serai comme mon oncle maternel 'Abdallah ibn 'Umar". Ce ne fut pas uniquement ces choses qui laissaient présager le fait que ce gamin serait un des grands hommes de l'Islam ; il y avait d'autres signes qui en faisaient foi ; 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz entra un jour dans l'écurie de son père et un cheval lui donna un coup de patte à la tête, lui laissant ainsi une balafre, son père se mit alors à essuyer le sang qui s'écoulait de lui et lui dit : "Si tu es l'homme à la tête balafrée (dont parla auparavant 'Umar ibn al-khattâb), tu seras certes bienheureux."
'Umar, qu'Allah lui fasse miséricorde, était maigre et avait le visage blanc et une belle barbe. Les jours et les ans s'écoulèrent et 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah lui fasse miséricorde, devint un jeune homme fort. Il menait alors une vie de bien-être, portait les habits les plus chers et se parfumait avec les parfums les plus raffinés, il chevauchait les meilleurs et les plus adroits chevaux. Il hérita de son père beaucoup d'argent, de biens et de bêtes. Ses revenus dépassaient quarante mille dinars. En plus, le calife 'Abd al-Malik ibn Marwân le maria avec sa fille Fâtima et 'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, était alors âgé de vingt ans, ce qui augmenta son opulence et ses richesses.
Lorsque 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz atteignit l'âge de vingt-cinq ans, al-Walîd ibn 'Abd al-Malik, le calife omeyyade, le choisit pour qu'il soit le gouverneur de Médine. Puis il le chargea de gouverner le Hidjaz tout entier. 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah lui fasse miséricorde, y fit régner la sécurité et la justice parmi les gens et se mit à prendre soin des mosquées en commençant par la Mosquée prophétique. Il creusa des puits et des canaux. C’est pour toutes ces raisons que son règne fut une source de bienfaits et de bénédiction pour toutes les villes du Hidjaz. Les gens se sentaient en sécurité et vivaient en toute tranquillité sous son règne.
'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah lui fasse miséricorde, constitua un conseil composé de dix personnes choisies parmi les plus grands jurisconsultes de Médine dont à leur tête l'éminent Tabi'î Sa'îd ibn al-Musayyab. Il ne décidait de rien sans les consulter. Il leur demandait toujours conseil. Une fois il les convoqua et leur dit : "Je vous ai appelés pour une chose pour laquelle vous serez récompensés et où nous coopérerons pour la Vérité. Je ne veux trancher une quelconque question que lorsque je vous aurai consulté ou que j’aurai consulté celui parmi vous qui sera présent. Si vous voyez quelqu'un commettre une transgression ou que vous prenez connaissance d'une injustice commise par un gouvernant, je vous demande de m'en faire part". Ils le remercièrent et s'en allèrent. 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah lui fasse miséricorde, resta six ans gouverneur de Médine jusqu'à ce que le calife al-Walîd ibn 'Abd al-Malik le destituât, car al-Hadjâdj lui fit comprendre que 'Umar représentait un danger pour le pouvoir des Banû Umayya. 'Umar partit pour les pays du Cham (Grande Syrie) et y resta jusqu'à la mort d'al-Walîd ibn 'Abd al-Malik. Le frère de celui-ci, Sulaymân ibn 'Abd al-Malek, lui succéda au califat. Sulaymân aimait 'Umar et le considérait comme son frère et son ami intime. Il suivait ses conseils. Un jour Sulaymân contracta sa dernière maladie et, sentant qu'il était sur le point de mourir, il se soucia de la question du califat étant donné qu’aucun de ses enfants n’était encore en âge de l’assumer, ce qui le porta à consulter, à propos de cette affaire, son vizir Radjâ' ibn Haywa qui était un grand jurisconsulte. Celui-ci lui dit : "Ce qui te préservera dans ta tombe et te servira d'intercesseur dans l'au-delà est le fait de choisir un homme vertueux comme calife des musulmans".
-Sulaymân lui dit : "Qui est cet homme?"
-Radjâ' lui répondit : " 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz "
-Sulaymân lui dit : "Je suis d’accord avec cela. Je conclurai pour eux un contrat où le diable n'aura pas de part". Puis il rédigea le pacte et chargea Radjâ' de l'appliquer sans mettre quelqu'un d'autre au courant de son contenu"
Sulaymân décéda et Radja' ibn Haywa voulut appliquer le pacte, mais 'Umar ne recherchait pas le califat et ne le convoitait pas, car il considérait cela comme une très grande responsabilité à propos de laquelle il serait interrogé par Allah, exalté soit-Il. 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah lui fasse miséricorde, s'inquiéta face à la grandeur de la responsabilité ce qui le fit décider d'aller immédiatement à la mosquée où les gens se rassemblaient. Une fois monté sur le minbar, 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz dit : "J'ai été mis à l'épreuve par cette affaire sans qu'on prenne mon avis et sans consulter les musulmans à son propos. Je décharge celui qui m'a prêté serment d'allégeance de son serment. Choisissez donc un calife (autre que moi) pour vous !". Mais les musulmans qui avaient vu son équité, son détachement des plaisirs de ce bas monde et sa crainte d'Allah, exalté soit-Il, insistèrent pour qu'il soit leur calife et crièrent tous ensemble : "Nous ne choisirons que toi, ô prince des croyants." 'Umar versa alors des larmes. Il fut nommé calife le vendredi dix Safar de l'an 99 de l'hégire. Ce jour-là, il s'assit triste et soucieux et les poètes vinrent le féliciter avec leurs poèmes, mais il ne le leur permit pas et dit à son fils de leur dire : (sens du verset) : "Je crains, si je désobéis à mon Seigneur, le châtiment d’un jour terrible." (Coran: 10/15).
 
Sa femme Fâtima entra chez lui alors qu'il pleurait. Elle lui demanda pourquoi il pleurait, il lui répondit : "J’assume la responsabilité de la nation de Muhammad (), avec toutes ses races, de peau claire et de peau foncée. Et j'ai pensé au démuni affamé, au malade, à celui qui n'est pas bien habillé, à celui qui est opprimé, à l'étranger, au captif, au vieillard, à celui qui a une famille nombreuse avec peu d'argent et à ceux qui leur ressemblent aux quatre coins de la terre. C'est alors que j'ai su qu'Allah, exalté soit-Il, me demanderait des comptes en ce qui les concerne le Jour de la Résurrection et que j'ai craint ne pas avoir une excuse à avancer à ce propos".
'Umar, (), abandonna le luxe de cette vie présente et refusa les apparats du pouvoir dont jouissaient les califes précédents. Il s'installa dans une maison modeste sans garde ni portier. Il s’interdit de jouir de ses propres biens et les consacra aux pauvres d’entre les musulmans. Il fit don de ses propriétés qu'il avait héritées de son père aux musulmans et refusa de pendre un salaire de Bayt al-mâl (trésor public). De plus, il retira à sa femme Fâtima, fille de l'ex-calife 'Abd al-Malik ibn Marwân, ses parures et ses bijoux précieux et lui demanda de les offrir à Bayt al-mâl (trésor public) en lui disant : "Choisis entre deux choses ; soit tu rends tes bijoux à Bayt al-mâl, sois tu me permets de divorcer de toi, car je déteste vivre dans un même foyer avec toi alors que tu gardes ces bijoux tout en sachant d’où ton père te les a apportés". "Je te préfère, ô prince des croyants, à ces bijoux et à des quantités bien supérieures encore si je les possédais", lui dit sa femme. 'Umar, qu'Allah lui fasse miséricorde, ordonna alors qu'on mette ces bijoux dans Bayt al-mâl et l'on fit ce qu'il ordonna. Il eut vent que l'un de ses enfants avait acheté une bague avec une pierre précieuse coûtant milles dirhams, il lui envoya alors un message pour le lui reprocher en lui disant : "Vends-la et donne à manger avec son prix à mille pauvres affamés. Et achète à sa place une bague en fer et écris dessus : "Qu'Allah fasse miséricorde à tout homme qui privilégie la satisfaction d’Allah à ses propres désirs".
On raconte que 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah soit satisfait de lui, distribuait des pommes aux musulmans et pendant qu'il les donnait à ceux qui les méritaient, un de ses petits-enfants, prit une pomme, 'Umar se leva et lui enleva de la bouche. Le garçon alla à sa mère en pleurant. Informée de la raison de ses pleurs, la mère de l'enfant acheta des pommes et les lui donna. Lorsque 'Umar rentra chez lui, il sentit l'odeur des pommes et dit alors à sa femme : "Ô Fâtima, as-tu pris quelque unes des pommes des musulmans". Sa femme lui raconta alors ce qui s'était passé. Il lui dit alors : "Par Allah, je l'ai arrachée de mon fils et c'était comme si je l'avais arrachée de mon cœur, mais je déteste l’idée d’aller en Enfer à cause d'une des pommes des musulmans".
 
Voilà encore le prince des croyants, 'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qui disposait des biens de l'Etat islamique, et dit un jour à sa femme : "Je désire manger du miel du Liban". Sa femme envoya un message à Ibn Ma'd Yakrib, gouverneur du Liban, et lui mentionna que le prince des croyants désirait manger du miel du Liban. Ibn Ma'd Yakrib lui envoya beaucoup de miel. Lorsque le prince des croyants vit le miel, il se fâcha et dit à sa femme : "Je pense que tu as envoyé un message à Ibn Ma'di Kariba lui demandant ce miel et il te l'a envoyé, n'est-ce pas ?". Puis 'Umar alla au marché pour y vendre ce miel et plaça l’argent qu’il lui rapporta à Bayt al-mâl. De plus, il envoya un message au gouverneur de Liban le blâmant pour avoir agi de la sorte et lui dit dans ce message : "Si tu recommences à faire une chose pareille, je ne te chargerais d'aucune mission et je te mépriserais ".
 
'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah soit satisfait de lui, était indulgent et juste, il sortit une nuit vers la mosquée avec un de ses gardes et lorsqu'il pénétra dans la mosquée, il heurta dans les ténèbres sans le vouloir un homme endormi. L'homme leva la tête et lui dit : "Es-tu fou ?". 'Umar de répondre : "Non". Le garde s’offusqua et envisagea de frapper l’homme, mais 'Umar l'empêcha de le faire et lui dit : "L'homme n'a fait que me demander si j’étais fou et je lui ai dit que je ne l’étais pas".
 
'Umar ibn 'Abd al-'Azîz, qu'Allah soit satisfait de lui, était doux et compatissant envers les humains et les animaux ; un jour, il écrit au gouverneur qu'il avait nommé en Egypte le message suivant : "On m'a informé que les porteurs en Egypte chargent les dromadaires plus que ce qu'ils ne peuvent supporter ; lorsque tu recevras mon message que voici, interdis qu'on charge un dromadaire d’un poids supérieur à six cent ratl-s (unité de poids)".
 
'Umar, qui était équitable et détaché des plaisirs de ce bas monde, tenait à ne pas toucher aux biens des musulmans ni à en rien prendre, car il s'agissait pour lui d'un dépôt dont il était chargé et pour lequel Allah, exalté soit-Il, lui demanderait des comptes. Il avait une lampe à la lumière de laquelle il inscrivait ce qui le concernait et en avait une autre à la lumière de laquelle il inscrivait uniquement ce qui concernait les musulmans. Une fois on réchauffa de l'eau pour lui dans la cuisine publique ; il paya un dirham comme prix du bois !
 
Il était particulièrement soucieux de faire que les musulmans vivent dans la dignité et l’honneur tout en jouissant des bienfaits de la sécurité et de la tranquillité. Il envoya à un des gouverneurs qu'il avait nommés le message suivant : "Il faut à chaque musulman un foyer où il s'abrite, un serviteur pour le servir, un cheval sur lequel il combat les ennemis pour la cause d'Allah, exalté soit-Il, et des meubles pour sa maison". Il ordonnait aux gouverneurs qu'il nommait dans les différentes provinces de rembourser les dettes des gens endettés, de marier les jeunes hommes qui voulaient se marier, mais qui n’en avaient pas les moyens. De plus, il ordonnait au héraut de crier aux gens chaque jour : "Où sont les endettés pour que nous les aidions ? Où sont les jeunes gens qui veulent se marier ? Où les nécessiteux ? Où sont les orphelins ? ". Et il put, grâce à Allah, exalté soit-Il, les enrichir tous.
Un jour 'Umar sortit en chevauchant sa monture pour prendre les nouvelles des différents pays. Il croisa alors en chemin un homme originaire de Médine et lui demanda des nouvelles de cette ville. L'homme lui dit : "L'injuste y est vaincu, l'opprimé est soutenu par tous, les riches y sont nombreux et les pauvres obtiennent leur droits des riches". 'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, se réjouit alors beaucoup et loua Allah, exalté soit-Il.         
 
Et voici un homme qui était un des enfants de Zayd ibn al-Khattâb et qui dit : "'Umar ibn 'Abd al-'Azîz occupa le poste de calife pendant deux ans et demi. Lors de son règne et avant qu'il ne meurt, il arrivait qu’un homme riche vienne en apportant une importante somme d'argent et dise : 'Donnez cela aux pauvres de la façon que vous jugez convenable !'. Mais il finissait par revenir en emportant son argent, ne trouvant personne ayant besoin de cet argent, car Allah, exalté soit-Il, avait rendu les gens riches par le biais de 'Umar".
 
On lui demanda de payer le prix de la couverture de la Ka'ba comme l'on faisait d'habitude chaque année, il dit alors : "Je pense qu'il vaut mieux donner le prix de cette couverture aux affamés, car ces derniers sont plus dignes que la Ka'ba de cet argent".
 
Après la période de son règne qui s'étendit sur vingt-neuf mois, il tomba gravement malade. Son oncle paternel, Maslama ibn 'Abd al-Malik, vint alors lui dire : "Ô prince des croyants, lègue ton argent à tes enfants d'autant plus qu'ils sont nombreux et que tu les as rendus pauvres et n'as rien laissé pour eux !".
'Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, dit : "Est-ce que je possède quelque chose à leur léguer ? Ou bien m'ordonnes-tu de leur donner de l'argent des musulmans ? Par Allah, je ne leur donnerai le dû de personne. Car ils (mes enfants) sont de deux types : soit ils sont vertueux et c'est Allah, exalté soit-Il, Qui prend soin des gens vertueux, soit ils ne le sont pas et dans ce cas je ne leur laisserai pas de quoi les aider à désobéir à Allah, exalté soit-Il". Puis il rassembla ses enfants et se mit à les regarder et à passer la main sur leurs habits vétustes jusqu'à ce que ses yeux versent des larmes abondantes et il leur dit alors : "Mes enfants, votre père a eu à choisir entre deux choses : soit que vous soyez riches, mais que votre père entre en Enfer à cause de cela, soit que vous soyez pauvres, mais qu’il entre au Paradis. Et il a choisi le Paradis. Ô mes enfants, qu'Allah vous protège et vous accorde une bonne subsistance. J'ai confié votre cas à Allah, exalté soit-Il, Qui prend en charge les gens vertueux".
Puis il dit à ses enfants et sa famille : "Sortez et laissez-moi seul !" Ils sortirent. Maslama ibn 'Abd al-Malik et sa sœur Fâtima se tinrent au seuil de la porte. Ils l'entendirent dire : "Je souhaite la bienvenue à ces visages qui ne sont ni ceux des humains ni ceux des djinns". Puis il récita le verset coranique où Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
 
" Cette Demeure dernière, Nous la réservons à ceux qui ne recherchent, ni à s’élever sur terre ni à y semer la corruption. Cependant, l’heureuse fin appartient aux pieux. " (Coran : 28 /83).
 
'Umar, prince des croyants et cinquième calife Bien-guidé, qu'Allah soit satisfait de lui, mourut, après avoir donné le meilleur exemple en matière de justice, de détachement des plaisirs de ce bas monde et de piété.

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