Le Hadj et la Da’wa

30/09/2012| IslamWeb

Allah, exalté soit-Il, a comblé la péninsule arabique par la présence sur son sol de Maison sacrée qui est devenue le point de mire vers lequel se tournent les cœurs des musulmans. D’aucuns même attendent pendant des années et avec envie le moment où ils seront capables de s’y rendre. Or, certains habitants de cette région sacrée ne ressentent pas la grandeur du Hadj comme le ressentent leurs coreligionnaires venus d’ailleurs.

Il existe des musulmans qui passent toute leur vie à économiser sou après sou l'argent qui leur permettra d’accomplir le Hadj. Certains d’entre eux atteignent la cinquantaine, la soixantaine et même plus sans y parvenir ; d’autres trépassent avant de pouvoir réaliser ce rêve.

Rien pour moi n’est plus étonnant que cette histoire rapportée par un homme qui a été incarcéré dans une prison aux Etats-Unis. Interrogé un jour sur ce qui l’a étonné le plus en prison, il a répondu : « En prison, j’étais en compagnie d’un musulman du Nigéria. Comme je le trouvai consumé de chagrin, je crus qu’il avait des tracas pécuniaires ou familiaux ou qu’il était condamné à mort, j’imaginais encore d’autres raisons pires qui auraient pu être à l’origine de sa mélancolie. Curieux, je lui demandai :
- "Je te vois toujours triste. Qu’est-ce que tu as ?".
- "Je suis tracassé par une seule chose", me répondit-il.
- "Laquelle ?", demandai-je.
- "Je suis un musulman et j’ai été condamné à cinquante ans de prison. J’ai maintenant la trentaine – ou il m’a dit la quarantaine. Ceci signifie que je mourrais avant la fin de la durée de la peine et si je survie jusque-là je n'aurais pas la force d'accomplir le Hadj", m’expliqua-t-il ».

Voilà le plus grand problème de cet homme, bien que son incarcération constituât un empêchement valable d’un point de vue islamique.

Ainsi, cette histoire montre la valeur du Hadj dans le cœur des musulmans. Cette valeur est tellement considérable que le musulman impie ou pervers veut se rendre malgré tout à la Maison sacrée. On raconte qu’un homme avait l’habitude de blâmer un poète connu pour son impiété et sa consommation d’alcool, fatigué de ses reproches, le poète lui répondit par des vers qu’Allah, exalté soit-Il, lui pardonnerait son impiété puisqu’il accomplissait les cinq prières prescrites, qu’il s’attachait à la religion droite puisqu’il n’associait rien à Allah, exalté soit-Il, qu’il avait combattu l’ennemi et obtenu un butin qui lui permettrait d’accomplir le Hadj. Ainsi, en dépit de la perversité de cet homme, ce pilier revêtait une grande importance pour lui.

Donc les musulmans, de langues, de couleurs, de doctrines et de pensées différentes, parmi lesquels des gens pieux, vertueux, des savants qui œuvrent et d’autres de rang inférieur, affluent du monde entier vers la Maison sacrée. Là, nous devons nous demander : qu’avons-nous fait, nous les prédicateurs, les étudiants en théologie et les oulémas, pour ces pèlerins qui proviennent des quatre coins du monde ?

Quand vous vous poserez cette question, méditez-en la réponse que la situation réelle vous fournira, puis comparez-la à ce récit, narré dans les ouvrages de la Sunna : un an après la première Allégeance d'al-‘Aqaba, et pendant la saison du pèlerinage, la seconde Allégeance fut conclue. Djâbir ibn ‘Abdillah, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « Pendant dix ans, le Prophète () ne cessa de suivre les pèlerins dans leurs demeures et au cours des saisons de pèlerinage à Madjanna, ‘Ukâdh et Mina, et de leur dire : 'Qui me donne refuge et me défend jusqu’à ce que je parvienne à transmettre le message de mon Seigneur, et entrera en récompense au Paradis ?', mais il n’obtint pas de réponse. Et lorsqu’un homme de Mudar ou du Yémen entreprenait un voyage à destination de La Mecque, l’un de ses compatriotes ou des siens lui disait : 'Méfie-toi de l’homme de Quraych, de peur qu’il ne te charme'. Le Prophète () les suivait partout les appelant à Allah, mais ils le pointaient du doigt [se méfiant de lui]. Ceci se poursuivit jusqu’au jour où Allah, exalté soit-Il, nous envoya à lui de Yathrib. Un homme parmi nous allait le voir, embrassait l’Islam, apprenait le Coran, puis retournait à sa famille pour les amener à embrasser l’Islam à leur tour. Ce processus continua jusqu’au jour où il n’y ait plus aucune demeure à Yathrib qui ne renferme un groupe qui déclarait son Islam. Ensuite, nous nous réunîmes en un groupe de soixante-dix hommes et nous nous dîmes : 'Jusqu’à quand laisserons-nous le Prophète () être chassé dans les montagnes de La Mecque, en proie à la peur ?'. Alors, nous partîmes le retrouver. Nous arrivâmes chez lui alors que c’était la période du pèlerinage. Nous nous mîmes d’accord avec lui pour aller le retrouver dans les sentiers de montagne d'al-‘Aqaba, l’un après l’autre, et lorsque nous le rejoignîmes, nous lui dîmes : 'Ô Messager d’Allah, dans quel but veux-tu que nous te prêtions serment ?'. Il nous répondit () : 'Prêtez-moi serment de m’écouter et de m’obéir en toutes circonstances, de dépenser dans l’aisance et dans la gêne, d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable, de défendre la cause d’Allah sans craindre le blâme de personne, de me défendre quand je serai parmi vous à Yathrib contre tout ce contre quoi vous vous défendez vous-mêmes, vous défendez vos épouses et vos enfants, et vous entrerez au Paradis'. Nous décidâmes alors de lui prêter serment d’allégeance. Là, As’ad ibn Zorâra, le plus jeune d’entre nous après moi, prit la main du Prophète () et dit : 'Attendez, Ô gens de Yathrib. Nous n’avons entamé notre voyage qu’en étant certains qu’il était le Messager d’Allah, et que le fait de le soutenir aujourd’hui signifiait la rupture des liens avec tous les Arabes, la mort des meilleurs d’entre vous et le fait d’être frappés par les coups de sabre. Si vous êtes capables d’endurer les coups de sabre, la mort des meilleurs hommes d’entre vous et la rupture avec tous les Arabes, alors prêtez-lui serment d’allégeance et à Allah, exalté soit-Il, incombe votre récompense. Mais si vous avez peur, alors laissez-le, car cela vous servira d’excuse auprès d’Allah'. Nous dîmes : 'Éloigne ta main, As’ad. Par Allah, nous ne renoncerons jamais à ce serment et nous n’y serons jamais infidèles'. Ensuite, nous nous levâmes un par un et nous prêtâmes serment d’allégeance au Prophète () qui, à son tour, nous cita ses conditions puis nous promit d’entrer au Paradis » (Ahmed, al-Bayhaqî et al-Hâkim).

Cette partie de ce récit suffit d’argument à ce que nous voulons dire. Voyez donc, chers pèlerins, vous qui avez décidé de parcourir cette longue distance et de venir de tout chemin éloigné, la ligne de conduite de notre Prophète () qui saisissait l’occasion de cette saison pour appeler à Allah, exalté soit-Il, puis contemplez-en les fruits.

L’humanité aux quatre coins du monde n’a-t-elle pas envie de se rendre en Terre sainte ?

N’afflue-t-elle pas vers l’Antique Maison, pleine de désir de se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il, et de recueillement ?

Allah, exalté soit-Il, n’a-t-Il pas pris l’engagement des savants et ne leur a-t-il pas ordonné d’appeler à Lui ?

Qu’avez-vous fait ? Et qu’avez-vous préparé pour votre pèlerinage ?

Ô vous qui voyagez à destination de la Maison sacrée, veillez à faire ce que notre Prophète () a été soucieux d’accomplir. Veillez à appeler à la religion de la Vérité et du juste milieu, ne serait-ce que par un livre ou un enregistrement audio. Consultez pour cela les gens savants et clairvoyants. Ne gaspillez pas ce rassemblement qui est irréalisable pour certains ou qui n'arrive qu'une seule fois dans la vie de certains autres. Bénéficiez de ce qui est avantageux et soyez utiles à ceux qui sont venus, plein de recueillement, à la recherche du rapprochement d’Allah, exalté soit-Il. Expliquez les choses à ceux qui les ignorent, conseillez les gens désobéissants et faites le bien ; ainsi peut-être réussirez-vous.

Et je vous rappelle de tenir au tact et à la sagacité, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur » (Coran 16/125). Si vous en êtes incapables, alors épargnez aux gens votre malveillance, assistez les autres pèlerins, comportez-vous avec eux affablement et selon la bonne éthique. Ceci vous suffira comme appel à Allah, exalté soit-Il.
 

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