Différentes positions des personnes vis-à-vis de leurs biens

08/11/2012| IslamWeb

Le Prophète () a dit : « Il est trois sortes de chevaux. Un cheval que l’on mobilise pour la Cause D’Allah, un cheval qui sert de rempart contre la pauvreté et un cheval qui constitue un fardeau ou une source de péché. » Pour les oulémas, c’est pratiquement le cas de tous les biens, mais le Prophète () a choisi l’exemple des chevaux en raison de leur importance pour les Arabes, on peut donc étendre cela à tous les biens. Il faut remarquer que ce genre d'interprétation est celui privilégié par les prédécesseurs pieux pour interpréter le Coran. Ils font recours à des exemples frappants pour mieux expliquer leurs idées. C’est comme, par exemple, quand quelqu'un demande ce que c’est que le pain et que, en guise de réponse, tu prends un pain et tu lui dis : en voilà un. Cela ne signifie pas pour autant qu’en indiquant du doigt le pain tu prétends indiquer celui que possède tout le monde, mais plutôt cela signifie que tu montres ce à quoi renvoie ce mot dans la langue des Arabes. Par la même logique, on peut dire que l’exemple donné au sujet du cheval vaut pour tous les biens. On peut, dès lors, conclure que les biens sont de trois types :
 

Premièrement, les biens qui constituent une source de récompense pour leur propriétaire. Il s’agit de biens propres, utilisés à bon escient et investis dans le chemin d’Allah conformément à Ses Instructions. Le fidèle qui agit ainsi utilise ses biens à bon escient sans les laisser peser lourdement sur son cœur, de sorte que, quand il vient à en perdre, il ne s’afflige ni ne se réjouit quand il en gagne. Mais s’il lui arrive d’en posséder, il les utilise conformément à la Charia.


Deuxièmement, les biens qui constituent un rempart contre la pauvreté et sont pour leur propriétaire un moyen pour cacher ses vices et mettre en valeur ses qualités. Cela vaut pour celui qui veut l'abstinence pour pouvoir se passer de ce qui est entre les mains des autres afin de rester libre et indépendant d'opinion. Il s’agit aussi de quelqu’un qui se soucie du licite en gains et en dépenses. Allah dit : « Dis : “Qui a interdit la parure d'Allah, qu'Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ? ” Dis : “Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection.”» (Coran 7/32). Ce genre de biens cache les défauts de l’individu et le mette hors de la portée de la langue des autres parce qu’il est utilisé comme un rempart pour protéger sa réputation.


Troisièmement, celui pour qui les biens constituent un fardeau et une source de péchés. C’est le cas, par exemple, de quelqu’un qui est sans scrupule, qui ne se soucie guère du caractère licite des moyens qu’il utilise pour acquérir ou obtenir des biens ou qui, même après les avoir obtenus par des moyens légaux – comme l’héritage – les dépense par des voies autres que celles recommandées par Allah le Tout-Puissant, en les mettant, par exemple, à la disposition des ennemis d’Allah et de Son messager, et en les utilisant pour mettre à genoux les serviteurs d’Allah, bref en les employant pour tyranniser et opprimer : « Vraiment l’homme devient rebelle dès qu'il estime qu'il peut se suffire à lui-même (à cause de sa richesse) » (Coran 96/6-7). Ce genre de biens constituera un fardeau pour son propriétaire qu’il portera le Jour du Jugement dernier « Et très certainement, ils porteront leurs fardeaux et d'autres fardeaux en plus de leurs propres fardeaux. Et ils seront interrogés, le Jour de la Résurrection, sur ce qu'ils inventaient.» (Coran 29/13). Il viendra en le portant dans sa totalité, parce qu’en les acquérant il ne s’est pas soucié de leur caractère licite. C’est précisément contre cela que le Prophète () a mis en garde en parlant de al-Ghulûl dont il a expressément dramatisé le cas. Mais que signifie al-Ghulûl au juste ? Ce sont les biens publics dont on prend possession avant leur division c'est-à-dire avant que chacun ne prenne la part qui lui revient de droit. C’est ainsi qu’il a dit : « Attention ! Il ne faut pas que, le Jour du Jugement, je rencontre l’un de vous portant sur le dos une jument qui hennit et qu’il me dise : O Muhammad sauve-moi, alors que je ne pourrai rien faire pour le sauver ! Il ne faut pas que, le Jour du Jugement, je rencontre l’un de vous portant sur le dos un chameau qui blatère et qu’il me dise : O Muhammad sauve-moi, alors que je ne pourrai rien faire pour le sauver ! Il ne faut pas que, le Jour du Jugement, je rencontre l’un de vous portant sur le dos une vache qui meugle et qu’il me dise : O Muhammad sauve-moi, alors que je ne pourrai rien faire pour le sauver ! Il ne faut pas que, le Jour du Jugement, je rencontre l’un de vous portant sur le dos un mouton qui beugle et qu’il me dise : O Muhammad sauve-moi, alors que je ne pourrai rien faire pour le sauver ! Il ne faut pas que, le Jour du Jugement, je rencontre l’un de vous portant sur le dos des morceaux de tissus ou autre et qu’il me dise : O Muhammad sauve moi, alors que je ne pourrai rien faire pour le sauver ! » Il est donc clair que le Messager d'Allah () a mis en garde contre ce danger imminent qui, inéluctablement, guette ceux qui ignorent ou feignent d’ignorer ce destin horrible. Le Prophète () a aussi mentionné un autre danger lié à d’autres types de biens : « Quiconque usurpe un empan de terre se le verra suspendu autour du cou, le jour du Jugement, son étendue prise dans les sept terres. »


Même si ces biens présentent un danger grave et constituent une affaire de grande envergure, ils sont également un moyen de protection avec lequel l’homme peut se racheter tant qu’il est encore dans ce monde, car, au Jour du Jugement dernier, il se mettra sous l’ombre de sa charité qui, par vocation, éteint le péché comme l'eau éteint le feu. Aussi Allah, le Tout-Puissant, étend-Il amplement ses largesses à Ses serviteurs qui font preuve de générosité envers leurs semblables : « Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (Ses faveurs).» (Coran 2/245). N’est-ce pas qu’Il est celui qui retient, donne à pleines mains, garantit les subsistances à chacun et fait don à qui Il veut ? Eh bien c’est lui qui a requis de Ses serviteurs de Lui faire un prêt honorable, Lui qui, de par sa richesse illimitée, n’a nullement besoin d’eux et encore moins de leurs prêts. Mais ce qu’ils présentent, ils ne le présentent que pour leur propre avantage. Allah dit dans un hadith Qudsî : « Ô Mes serviteurs, ce ne sont là que vos œuvres que je récence et présente pour vous. Quiconque y trouve du bien, qu'il rende grâce à Allah et celui qui trouve autre chose, qu'il ne s'en prenne qu'a lui-même».
Ici le Tout-Puissant montre que quiconque fait un don Il le lui fera exponentiellement multiplié en retour. C’est ce qu’a expliqué le Prophète () en disant dans des hadiths authentiques qu’Allah est bon et n’accepte que ce qui est bon et que toute bonne charité faite par un fidèle sera accueillie par Allah qui en prendra grand soin – comme l’un de vous en prend pour élever son poulain ou son chamelon - pour la faire accroitre et développer jusqu’à avoir le poids d’une montagne. En effet, on peut gagner l’équivalent du poids des montagnes en faisant des charités qui répondent aux critères qui la font éligibles par Allah. Ainsi le Prophète () a dit : « N'insultez pas mes Compagnons, car si l'un de vous fait une dépense de l’équivalent en or de la montagne d’Uhûd il n’atteindra pas l’équivalant d’un moud ou d’un demi moud dépensé par l’un d’eux. »
 

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