L'indulgence (I)

24/02/2013| IslamWeb

L'homme indulgent est celui qui se montre magnanime et qui facilite toute chose, qui cède sa part ou une partie de son droit pour résoudre un problème dont il est partie prenante, pour mettre un terme à un débat ancien, gagner le cœur d'une personne qu'il invite au bien, apaiser le cœur de son coreligionnaire. En outre, il ne transgresse pas les droits de son coreligionnaire, ni ne l’importune en réclamant ses droits : telle est l'indulgence.

A ce propos, le Prophète () a invoqué Allah, Exalté soit-Il, d'accorder Sa miséricorde à la personne indulgente :

«Qu’Allah fasse miséricorde à un homme qui s’est montré magnanime en vendant, en achetant et en réclamant son dû à ses débiteurs» (Boukhari)

Il est rapporté, dans une autre version : «qui est prompt à payer ses dettes». Ce hadith rapporte effectivement des formes de transactions quotidiennes qui exigent une grande indulgence.

Ibn Hadjar, dans son commentaire de ce hadith, a dit : «La facilité et l'indulgence ont des sens proches. L'indulgence a des formes multiples dont l'abandon de la polémique. Elle se réalise quand il réclame son dû avec souplesse et sans insistance et paie son dû promptement et sans tergiversation. En outre, l'indulgence incite à la magnanimité dans les transactions, aux qualités nobles et à l'abandon des controverses. Elle incite aussi à renoncer à gêner les gens en leur réclamant son dû et à accepter leurs excuses.»

Les litiges les plus fréquents ont lieu dans les transactions financières, les débats et les polémiques. Seul échappe à ces litiges celui qui fait preuve de qualités éthiques, de noblesse et d'indulgence.

Les formes d'indulgence :

1) Le renoncement à son droit :

La personne indulgente ne ressent aucune quiétude si elle profite d’un droit contre la volonté de l'autre partie. Ainsi, elle préfère renoncer à son droit ou être indulgente s'il s’agit de son droit. Telle fut l'attitude de 'Uthmân, qu'Allah soit satisfait de lui, quand il acheta un terrain à un homme. L'homme tarda à venir prendre son dû. 'Uthmân découvrit ensuite que l'homme s'était absenté car il avait senti, après la conclusion du contrat, qu'il avait été l'objet d'une injustice, et que les gens lui avaient demandé comment il avait pu le vendre à si bas prix. C'est alors que 'Uthmân lui dit : «Choisis : ou bien ton terrain ou bien l'argent». Il lui cita ensuite le hadith :

«Allah a fait entrer au Paradis un homme qui facilitait les choses en tant qu’acheteur ou que vendeur, et qui était aussi prompt à rembourser ses dettes, qu’indulgent envers ses débiteurs» (Ahmed)

2) Le délai accordé au débiteur en difficulté :

Accorder un délai au débiteur en difficulté ou renoncer à l’argent prêté ou à une partie de cet argent est une manifestation remarquable de la générosité et de l'indulgence. Dans ce contexte, le Prophète () a dit :

«Un homme prêtait aux gens. Et quand il voyait un débiteur dans la gêne, il disait à ses commis : ʻAccordez-lui une remise de dette en souhaitant qu'Allah, Exalté soit-Il, nous remette nos fautesʼ ; et Allah leur remit leurs fautes» (Boukhari)

De plus, le succès dans le bas monde et dans l'au-delà dépend de la bienveillance envers le débiteur dans la gêne. Le Prophète () a dit :

«Celui qui facilitera les choses à quelqu’un en difficulté, verra Allah faire de même avec lui ici-bas et dans l’au-delà» (Mouslim)

3) Le remboursement du prêt de la meilleure façon :

Le Prophète () rendait ce qu’on lui avait prêté de la meilleure façon. Il disait :

«Donne-le-lui (plus que son dû), les personnes les meilleures sont celles qui s'acquittent le mieux de leurs dettes» (Ibn Mâdjah)

Il ne laissait le prêteur partir que lorsqu’il était satisfait.

4) L'indulgence avec le partenaire :

Al-Sâ`ib ibn `Abdallah, le partenaire commercial du Prophète () avant la Révélation, témoigna de sa loyauté en disant : «Tu étais mon partenaire durant la période préislamique, et le meilleur des partenaires, celui qui ne me cachait rien, ni ne se querellait avec moi». Cela signifie : tu étais un partenaire conciliant, qualité du Prophète () qu'al-Sâ`ib n'oublia jamais, et qui fut l'une des raisons de son amour envers lui, amour qui l'a d'ailleurs poussé à se convertir à l'Islam et à se protéger de l'Enfer :

«N’entrera pas en Enfer tout homme à l'abord facile, bienveillant, doux et proche des gens» (Ahmed)

5) Le fait d’éviter d’embarrasser les gens :

L'homme indulgent veille à ne pas embarrasser les gens. Il ne se soucie pas de ses droits aux dépens de son devoir d'être indulgent envers ses coreligionnaires et veille à bien évaluer leur situation. Il est rapporté que le Compagnon Abû al-Yusr, qu'Allah soit satisfait de lui, avait prêté une somme d'argent à un homme. Quand il s'est rendu chez le débiteur pour récupérer son droit, le débiteur se cacha chez lui de peur de rencontrer Abû al-Yusr, car il ne disposait pas de la somme à rembourser. Quand Abû al-Yusr sut la raison de sa dissimulation, il renonça à son argent en lui disant : «Si tu as la capacité de rembourser la dette, fais-le ; sinon, tu en es exempt» (Mouslim). Par cette indulgence, il délivra son coreligionnaire de l'embarras où il se trouvait.

6) L'indulgence envers celui qui vous a fait du tort :

La manifestation la plus éclatante de l'indulgence a lieu envers celui qui vous a fait du tort. Telle fut la situation d'Abû Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, quand il jura de ne pas subvenir aux besoins de Musta' ibn Uthâtha qui était impliqué dans l'affaire de la calomnie de 'Aïcha, . Quand Allah, exalté soit-Il, ordonna à Abû Bakr de pardonner et d'excuser Musta', Abû Bakr fit une œuvre expiatoire après avoir manqué à son serment et entretint Musta de nouveau. A ce propos, le Prophète () a dit :

«Soyez miséricordieux envers les gens pour qu'Allah vous accorde Sa miséricorde, et pardonnez aux gens pour qu'Allah vous pardonne» Sahîh al-Djâmi'

En outre, Allah, le Très Haut, a décrit Ses serviteurs croyants en ces termes (sens du verset) : «et qui savent pardonner quand ils sont en colère» (Coran 42/37)

7) L'indulgence entre l'accusation d’impuissance et celle d'immoralité :

Le diable peut insinuer au Musulman : Si tu te comportes avec indulgence, les gens peuvent te qualifier d’impuissant et de faible. Or, il est préférable que les gens disent cela de toi plutôt que de te comporter avec méchanceté et qu'ils craignent ta rigueur. Dans ce sens, il est rapporté :

«Il viendra un temps où l'homme devra choisir entre la méchanceté et le fait d’être accusé de faiblesse. Que celui qui connaîtra cette époque opte pour la seconde option» (Ahmed)

L'indulgence, dans ce contexte, concerne les musulmans qui ne font pas exprès d'être injustes envers les autres. Quant à ceux qui oppriment les gens avec insistance, il incombe de les traiter avec un esprit de revanche.

A suivre …

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