Les fiançailles ou la période qui précède le mariage et la conception de la famille

05/03/2013| IslamWeb

La famille naît tel un enfant, et la période de conception de ce nouveau-né peut-être longue ou courte en fonction des circonstances, des capacités, de l’importance accordée à cet évènement attendu, de son alimentation saine et de la sensibilisation des parents aux maladies mortelles prénatales et postnatales en donnant à la mère les vaccins nécessaires, ce qui procure à ce nouveau-né une bonne santé.

C’est en partant de cela que se manifestent les signes de l’équilibre ou du déséquilibre de la famille durant la période de conception (la période qui précède le mariage), et que se forme son apparence initiale en créant des perceptions différentes et en précisant les jalons. Chacun des deux partenaires voit les perspectives de l’autre et place son espoir en leur relation future ou la condamne à l’échec.

Les fiançailles sont une promesse de mariage

Le mariage est le plus important partenariat que l’homme entreprend dans sa vie. Plus il y a de la confiance et de la franchise entre les deux parties de ce partenariat, plus celui-ci connaît le succès, la stabilité et le bonheur. Par contre, plus le mensonge et la tromperie dominent les relations entre ces deux parties, plus ce partenariat est caractérisé par l’échec, la frustration et le désespoir. Cela est tiré du hadith où Abû Hurayra a rapporté que le Prophète () a dit :

« Allah dit : ‘Je tiens compagnie (par Mes bénédictions) à deux associés tant que l’un des deux ne trahit pas l'autre, et s’il le trahit, Je les quitte’. » (Abou Dawoud)

Qu’y a-t-il de plus beau que ce partenariat de mariage dans lequel Allah, exalté soit-Il, est le troisième compagnon et qu’y a-t-il de plus misérable que cette famille à laquelle Allah, exalté soit-Il, enlève Sa grâce et Sa miséricorde !

La période de conception de la famille est une période remplie d’émotions flamboyantes combinées à une méfiance trompeuse et à un camouflage séduisant, à des rêves roses, et à l’espoir en une vie paisible et en des nuits douces. Les différentes parties, le fiancé, la fiancée et leurs parents, essayent de montrer les avantages attractifs, de cacher les inconvénients honteux, de surmonter les nombreuses difficultés et les différents obstacles de manière superficielle et naïve. Les deux parties sont conduites derrière cette flambée d’émotions jusqu’à ce que naisse cette famille, et c’est alors qu’elles se heurtent parfois à la réalité et à la difficulté de la vie, que les mensonges se révèlent, que les cœurs s’endurcissent, que se manifestent les changements, que les rêves s’envolent, que la vie devient un enfer insupportable et que la discorde apparaît et peut entraîner le divorce.

Ces comportements fautifs des différentes parties durant cette période que nous avons nommée « période de conception de la famille » conduisent souvent à l’avortement de cette famille avant même qu’elle ne naisse ou à sa difformité à la naissance. La famille devient alors un fardeau pour la société plutôt qu’une fondation solide et une pierre saine de cette fondation.

C’est pourquoi il faut établir des règles pour cette période afin que cette conception se fasse sainement et convenablement et de sorte que ne naisse pas une famille dont la situation est anormale.


Les règles de cette période sont les règles générales des musulmans avec quelques particularités dans certaines situations, notamment :

1- Regarder et bien choisir l’autre partie (le fiancé regarde sa fiancée et inversement) : ce regard est la clé qui ouvre les cœurs des deux parties, la raison de l’harmonie entre eux et le prélude à une vie remplie d’amour et d’affection, et c’est ce vers quoi orienta le Prophète (). al-Mughîra ibn Chu’ba, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté qu’il demanda une femme en mariage et que le Prophète () lui dit : « Va et regarde-la, car cela est plus à même d'enraciner l'amour entre vous. » (al-Tirmidhî). S’il l’épouse après l’avoir vue, il n’éprouvera souvent pas de regret après cela.

L’Imam al-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit dans son explication de ce hadith : « Il y a en cela une recommandation à regarder celle que l’on souhaite épouser ». Il ne faut pas comprendre l’expression « Va et regarde-la » comme le regard sensoriel et physique uniquement. Le mot « regarde » a de multiples significations dont le fait de surveiller son comportement, ses amis, sa manière de penser, sa vision de la vie et autres choses importantes pour la construction de la famille, et cela est tiré du hadith rapporté par Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, où le Prophète () a dit : «Choisis celle qui est pieuse. Périsse ta fortune si tu n’agis pas ainsi ». (Boukhari), d’où l’importance de considérer les différents aspects de la jeune fille. Celui qui veut se marier doit donc examiner attentivement les caractéristiques de la jeune fille afin de choisir l’épouse pieuse.

Ce qui s’applique à la fiancée s’applique aussi au fiancé, étant donné que le regard sensoriel est un droit de la fiancée en plus de l’examen général de la condition du fiancé, de ses pensées, de ses principes, de ses aspirations et de ses objectifs, et cela se fonde sur le hadith suivant :

« Si quelqu’un qui se conforme à la religion et aux bonnes mœurs d’une manière satisfaisante vient demander l'une de vos filles en mariage alors permettez-lui de l’épouser, faute de quoi discorde et corruption se répandront sur terre. » ; dans une variante : « corruption majeure ». » (al-Tirmidhî).

2- Il ne doit pas y avoir d’obligeance dans le choix : l’un des plus grands dangers qui touchent la famille est l’obligeance lors du choix, dans le sens où la jeune fille ou le jeune homme ne sont pas tout à fait satisfaits de l’autre partie, mais ils éprouvent de la gêne à le dire pour diverses raisons et cela aboutit à un mariage anormal et c’est là que commence la souffrance.

Le Prophète () a confirmé dès le départ qu’il ne fallait pas faire preuve d’obligeance lors du choix des deux époux, quelle qu’en soit la raison. Sahl ibn Sa’d, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté qu’une femme alla trouver le Prophète () et dit qu’elle s'offrait en mariage à lui, pour l'amour d'Allah, le Prophète () dit alors : « Je n’ai pas envie de me marier » (Boukhari). Le Prophète () était connu pour ne rejeter la requête de personne, il était généreux, compatissant et miséricordieux, mais malgré cela, il refusa cette femme, ne fit pas d’amabilités et ne l’accepta pas. Le choix lors du mariage est une chose qui n’a pas besoin d’amabilités ou d’équivoque, mais qui doit se faire avec détermination et assurance.

3- La clarté : une des caractéristiques les plus importantes du musulman en général est la clarté, l’absence d’ambiguïté et le refus de la confusion et du camouflage dans tous les domaines de la vie et toutes les relations sociales, particulièrement si cela concerne le partenariat du mariage.

Beaucoup de gens font de cette période une période où le mensonge est autorisé et ils commencent à dessiner sur l’eau des tableaux de bonheur, donnant libre cours à leur parole, et prétendant assumer des charges trop lourdes pour eux, déformant la réalité physique par des apparences trompeuses, camouflant ainsi leurs mauvais comportements en leur conférant faussement des aspects éclatants qui dénotent en apparence la fidélité aux bonnes mœurs et l’amour. De l’autre côté, la jeune fille parle d’elle-même et souvent, elle parle d’une femme qui est un produit de l’imagination. La chose est alors ambiguë pour les deux parties et elles se heurtent, lors de la première nuit, à la réalité amère comme si chacun d’eux s’était marié avec un partenaire imaginaire.

La chose la plus grave qui affecte la vie conjugale après le mariage est cette ambiguïté qui caractérise l’une des parties ou les deux. Ces paroles prononcées lors de la période de fiançailles se transforment alors en obstacles réels pour la vie conjugale et qu’y a-t-il de plus répugnant que le fait pour l’homme de découvrir qu’on l’a trompé et qu’il a construit sa vie sur des ambiguïtés et des confusions ?

4- Ne point faire de promesses trompeuses : il y a une autre chose qui fait échouer toutes les règles que l’Islam a fixées afin de protéger cette conception de la famille, et qui est le fait de faire des promesses mensongères et trompeuses lorsque le prétendant commence à construire des rêves imaginaires vis-à-vis de sa future et promet à celle-ci des choses qu’il ne peut réaliser. La jeune fille, à son tour, lui fait de douces promesses à propos d’une vie aux couleurs étincelantes jusqu’à ce que l’union se produise entre eux et que dans l’océan de la vie, chacun d’eux découvre le mensonge de l’autre et le non-respect de ses promesses. Chacun d’eux rappelle alors à l’autre ses promesses mensongères, l’aversion apparaît, la vie devient trouble et la confiance disparaît. C’est pourquoi les promesses excessives avant le mariage imposent un fardeau à l’homme et particulièrement si les promesses ne sont pas à même de voir le jour.

5- L’explication de la ligne de conduite générale qu’adoptera la famille à venir : les deux parties oublient souvent, particulièrement dans l’océan des émotions agitées qui entoure la situation des fiançailles, qu’elles sont sur le point de construire un partenariat important. Pourtant, ces émotions ne doivent pas leur faire oublier de préciser les caractéristiques de la famille qu’elles souhaitent, la manière de sa construction, les moyens de résoudre les problèmes qui surviennent et l’indication par chacune des parties de ce qu’elle aime et déteste.

La présentation de ces choses lors de la phase des fiançailles entre les deux parties ouvre la discussion sur leurs horizons, et représente une tentative de compréhension de l’autre et de ses comportements, et d’identification de ses droits et devoirs.

La période de conception de la famille est une des périodes les plus importantes de la vie familiale. L’attention accordée à cette période et à la fixation des règles nécessaires pour la régir est une des choses les plus importantes dont il faut avoir connaissance et qu’il faut expliquer afin que cela contribue à la naissance et à construction d’une famille parfaite et solide si Allah, exalté soit-Il, le veut.

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