Des non-musulmans attestent de la falsification des Evangiles

12/03/2013| IslamWeb

Certains chrétiens prétendent et disent à qui veut l’entendre que seuls les musulmans doutent de l’authenticité des Evangiles et estiment qu’ils sont falsifiés et altérés. En fait, cette accusation émanant de certains milieux chrétiens est le fruit d’une erreur évidente et de l’ignorance de réalités historiques incontestables ; en effet, il est historiquement prouvé que c’est lors du Concile de Nicée (en 325) que furent sélectionnés parmi 70 évangiles les quatre Evangiles sur lesquels les chrétiens du monde entier s’appuient aujourd’hui pour pratiquer leur foi, cette sélection ne fut pas faite selon une méthode scientifique, les textes furent écartés ou choisis de manière peu claire et arbitraire, il semblerait en fait que le principal critère de sélection des participants du Concile se résume à la question suivante : est-ce que les textes s’opposaient ou non au credo adopté par eux selon lequel Jésus () était divin et le fils d’Allah – Allah, exalté soit-Il, est bien au-dessus de ce que racontent les injustes. Ainsi, ils écartèrent tous les évangiles qui comportaient des paroles contredisant cette croyance erronée.
Evidemment cette dernière croyance ne faisait pas l’unanimité chez tous les participants du Concile, en fait ces derniers furent nombreux à s’y opposer, mais la forte pression basée sur la force des armes exercée par les Romains mit fin à leur protestation et fit pencher la balance vers ceux qui défendaient l’idée de la divinité de Jésus () ; en fait, les opposants à cette croyance furent traités comme des innovateurs et des hérétiques, sachant qu’ils représentaient la majorité et que parmi eux se trouvait un grand nombre de personnes proférant le culte unitaire (muwahhidûn), lesquelles appelaient à l’unicité d’Allah et à ne Lui donner aucun associé, de plus ils affirmaient que Jésus () n’était que le serviteur d’Allah et Son messager.
C’est ainsi que les Romains brisèrent les velléités des opposants et notamment de ceux qui parmi eux proféraient le culte unitaire en les poursuivant et en les exilant ; par conséquent, résultat de cette répression, la doctrine du monothéisme pur chrétien ne put se répandre, pire, elle disparut peu à peu avec le temps au point qu’on ne trouve plus donc aujourd’hui – en tout cas à notre connaissance – aucun adepte de cette dernière dans la sphère chrétienne.
Nous allons donc essayer dans ce présent article de rapporter les propos de certains chrétiens du passé qui évoquèrent les quatre Evangiles ou certains d’entre eux en affirmant qu’ils étaient falsifiés et altérés, il apparaîtra donc aux yeux de tous que les musulmans ne furent pas les seuls à adopter cette position critique vis-à-vis des Evangiles.

Paroles et positions de groupes religieux chrétiens anciens considérés par les chrétiens « polythéistes » comme des innovateurs :

Les Ebionites : cette secte apparut au premier siècle après J.-C., elle est contemporaine de Saint-Paul, les Ebionites s’opposèrent avec force à ce dernier, ils allèrent jusqu’à le considérer comme un apostat. Les Ebionites ne reconnaissaient que la Thora parmi les livres de l’Ancien Testament et que l’Evangile de Mathieu parmi les livres du Nouveau Testament ; toutefois, la version de l’Evangile de Mathieu sur laquelle ils s’appuyaient différait de celle sur laquelle s’appuyaient les adeptes de Saint-Paul, par exemple dans la version ébionite de cet Evangile on ne trouve pas les deux premiers chapitres qui sont présents dans l’Evangile de Mathieu « officiel », la raison en est que les Ebionites étaient convaincus que ces deux chapitres ainsi que bien d’autres passages étaient totalement falsifiés. Enfin, les Ebionites refusaient catégoriquement l’idée de la divinité de Jésus () et étaient sûrs qu’il n’était qu’un homme de chair et de sang.

Les Marcionites : il s’agit là également d’une vieille secte chrétienne, ses partisans refusaient tous les livres de l’Ancien Testament, ils affirmaient que ces livres n’avaient aucunement été révélés par Dieu, de même qu’ils refusaient tous les livres du Nouveau Testament hormis l’Evangile de Luc et dix épîtres composés par Saint-Paul, lesquels épîtres reconnus par les Marcionistes n’étaient pas ceux que nous connaissons aujourd’hui ; pour ce qui est de l’Evangile de Luc, les Marcionistes en contestaient les deux premiers chapitres ainsi que de nombreux autres passages considérés par eux comme étant des altérations.

Les Manichéistes : l’un de leurs plus grands penseurs est un certain Faustus, ce dernier vécut au IVe siècle de l’ère chrétienne, voici une parole de ce dernier rapportée par Larinder dans son exégèse : « Faustus a dit : « Je réfute et refuse les choses que vos pères et vos aïeux ont ajoutées par ruse au Nouveau Testament, c’est ainsi qu’ils déformèrent et altérèrent la beauté et la véracité de ce texte ; il est prouvé que le Nouveau Testament n’a pas été rédigé par Jésus ou par ses Apôtres, mais c’est un individu dont on ne connaît pas le nom qui en est l’auteur, puis ce dernier a prétendu qu’il avait été écrit par les Apôtres et leurs compagnons de peur que les gens s’en détournent estimant qu’il raconte des faits qu’il n’a pas vus ou vécus, cet auteur inconnu fit donc beaucoup de tort à ceux qui sincèrement voulaient suivre Jésus, car ces derniers eurent entre leurs mains un texte inauthentique rempli de fautes et de contradictions. Le chef des Manichéistes appelaient les gens à croire et à suivre différentes choses, parmi ces dernières en voici les plus marquantes ou importantes, ainsi il prétendit que :
1 – les chrétiens ajoutèrent des éléments dans le Nouveau Testament qui n’y étaient pas à l’origine
2 – le Nouveau Testament connu de tous ne fut absolument pas rédigé par Jésus, ses Apôtres ou ses disciples, mais il est le travail d’un auteur inconnu
3 – le Nouveau Testament est truffé d’erreurs grossières et de contradictions manifestes

Il est important de préciser que cette position critique et dubitative vis-à-vis des Evangiles ne fut pas strictement le fait que de sectes marginales et réduites considérées par l’Eglise officielle comme étant innovatrices, déviantes ou hérétiques ; en effet, ces accusations d’altération et de falsification des Evangiles émanèrent également d’exégètes et d’historiens faisant l’unanimité chez la plupart des chrétiens, en voici donc une courte liste non exhaustive :
1 – Adam Clark écrivit dans son exégèse la chose suivante : « La plupart des choses écrites par les historiens sur le seigneur (il veut dire Jésus) sont proprement inexactes, car en effet ces derniers consignèrent des événements qui ne se sont jamais produits en prétextant qu’ils étaient bel et bien arrivés, ils mélangèrent les faits volontairement ou par négligence, il est en sus avéré que les Evangiles comportent de nombreux mensonges qui furent forgés et se diffusèrent dans les premiers siècles du christianisme ; les Evangiles atteignirent le nombre extraordinaire de 70, et ce fut un certain Fabricius qui se chargea de rassembler tous ces Evangiles, dont la plupart étaient remplis d’erreurs et de mensonges, en trois volumes ».
2 – Larinder affirma dans son exégèse la chose suivante : « Les vrais et saints Evangiles furent modifiés à cause de l’ignorance de leurs rédacteurs, c’est ainsi que l’empereur Anastase (qui régna entre 491 et 518) ordonna d’essayer de corriger et rectifier ce qui n’allait pas selon lui dans ces textes sacrés ; ainsi, les Evangiles furent modifiés une fois de plus. En fait, il est certain que si les Evangiles avaient été à l’époque de cet empereur déjà gravés dans le marbre et fixés, ce dernier n’aurait pas ordonné de les corriger, mais c’est parce que les rédacteurs étaient de parfaits ignorants qu’il ordonna de procéder à des corrections. Les correcteurs firent ce qu’ils purent pour corriger les erreurs et contradictions, il fut donc clair déjà à l’époque que les Evangiles avaient été assurément falsifiés à de nombreux endroits et que la chaîne des transmetteurs était complètement perdue ».
3 – Watson dit ceci : « Origan se plaignait des divergences existant autour des Evangiles, ces dernières avaient pour lui diverses causes comme la négligence des rédacteurs et leur totale nonchalance lors de l’écriture, et lorsque Jérôme voulut traduire le Nouveau Testament, il en scruta attentivement et compara les diverses versions des Evangiles qu’il possédait, il constata alors qu’elles divergeaient les unes des autres sur de nombreux points ». A ce propos, Adam Clark a affirmé dans son exégèse que « les traductions des Evangiles en langue latine avant la tentative de Jérôme étaient fort nombreuses, certaines de ces traductions étaient complètement erronées et falsifiées, d’autres étaient pleines d’incohérences, comme Jérôme le constata lui-même ».
4 – L’historien anglais Thomas Carlayl (décédé en 1881) a tenu les propos suivants : « Les traducteurs anglais des Evangiles ont déformé le texte original, dissimulé la vérité, trompé les ignorants, ils finirent par altéré ce qui restait de bon dans ces textes, ils préférèrent l’erreur à la lumière et le mensonge à la vérité ».
5 – Brotin, qui est l’un des grands responsables du Comité de la nouvelle traduction en Angleterre, s’est adressé aux évêques de son pays et leur a dit : « La traduction des Evangiles que nous avons ici en Angleterre est remplie d’erreurs, votre célèbre traduction anglaise effectuée en 848 a placé dans les Evangiles des passages de l’Ancien Testament, cela poussa malheureusement des gens un peu limités à rejeter les Evangiles ».

Ces diverses paroles que nous avons rapportées ici viennent de l’auteur indien du livre Ithhâr al-haqq, toutes émanent de sectes et groupes chrétiens ou de chercheurs chrétiens éminents et respectés, toutes attestent de la falsification des Evangiles. Ainsi, à travers cette courte démonstration, nous pouvons déduire que les musulmans ne furent pas les seuls à émettre de sérieux doutes sur l’authenticité de ces textes « sacrés », comme le prétendent certains chrétiens un peu obtus. En somme, nous disons que quiconque lit attentivement les Evangiles et les analyse, soit du point de vue de la chaîne de transmission soit du point du vue du texte, ne peut qu’arriver en toute certitude à la froide conclusion que ces textes anciens sont profondément falsifiés et que des mains malintentionnées ou négligentes y ont enlevé et ajouté des choses. Nous pouvons donc affirmer sans sourciller que les Evangiles ne sont absolument pas la parole d’Allah, car nous pouvons sans problème étayer cette assertion par des exemples flagrants et évidents d’altérations, nous n’avons fait ici que de renvoyer à des textes accessibles à tous, on ne peut donc pas nous accuser de « subjectivité islamique ».

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