Certaines erreurs que nous commettons pendant le mois de Ramadan

07/06/2015| IslamWeb

Le mois de Ramadan est le mois des efforts fournis dans l’accomplissement des actes d’adoration et d’obéissance, qui permettent de se rapprocher d’Allah, exalté soit-Il. C’est pourquoi le musulman doit faire tout son possible pour manifester ce qu’il y a de mieux en lui devant son Seigneur, exalté soit-Il. Ainsi, à titre de conseils sincères et d’entraide dans le bien, nous citerons quelques erreurs et innovations commises pendant le mois de Ramadan afin que les jeûneurs puissent les éviter et que leurs œuvres en soient préservées. Ces erreurs sont de différentes sortes, certaines se rapportent au credo et aux actes d’adoration, d’autres à la parole et au comportement ; et leurs jugements varient entre l’illicite et le détestable. Tout au long de son séjour dans ce bas monde et plus particulièrement durant le mois de Ramadan, le musulman doit faire de son mieux pour se préserver de ces erreurs, aussi minimes apparaissent-elles. Parmi ces erreurs, citons les suivantes :

- Adopter trop facilement des hadiths qui sont en fait faibles, voir même apocryphes, et les répandre parmi les gens sous prétexte de les inciter à faire le bien pendant le mois de Ramadan. Ensuite ces hadiths sont colportés et même cités durant les cours de religion pendant ce mois et les sermons. Si la transmission et l’enseignement de la tradition prophétique constituent un acte d’adoration qui rapproche son auteur d’Allah, exalté soit-Il, c’est une grande faute d’attribuer au Prophète () un hadith qu’il n’a pas dit. Il faut absolument préciser qu’il s’agit d’un hadith Da’îf (faible) ; quant aux hadiths Mawdû’ (apocryphe), ils ne doivent même pas être cités si ce n’est pour mentionner qu’ils sont apocryphes. Le Prophète () a dit dans un hadith Marfû’ mutawâtir : «Celui qui profère sciemment des mensonges contre moi doit s’attendre à entrer en Enfer » (Boukhari et Mouslim). C’est pour cela qu’il faut absolument vérifier l’authenticité de chaque hadith avant de l’attribuer au Prophète () et de l’enseigner aux gens. Conviendrait-il qu’un jeûneur dévot attribue au Prophète () des propos qu’il n’a pas prononcés ? Par ailleurs, la mise en pratique des hadiths Da’îfs en ce qui concerne les actes vertueux, selon ceux qui le permettent, exige le respect de certaines règles, mais en aucun cas on ne peut les adopter en ce qui concerne les prescriptions jurisprudentielles ou le credo.

- Négliger d’accoutumer les enfants à jeûner et de les exercer à accomplir les obligations religieuses dès leur jeune âge, en particulier la prière et le jeûne, comme l’ont expliqué les oulémas. En vertu des commandements du Prophète (), il faut ordonner aux enfants à partir de sept ans d’accomplir la prière, et les frapper s’ils refusent de l’accomplir à l’âge de dix ans. Al-Rabî’ bint Mu’awwidh, qu’Allah soit satisfait d’elle, a relaté : « Le Prophète () a envoyé des messagers le matin de ‘Âchûrâ’ aux villages des Ansârs (les Auxiliaires) pour leur dire : 'Celui qui n’est pas à jeun qu’il jeûne jusqu’à la fin de la journée. Et celui qui est déjà à jeun, qu’il continue son jeûne'. Par la suite, nous jeûnions ce jour et faisions jeûner nos jeunes enfants. Nous leur fabriquions des jouets en laine. Si l’un d’eux pleurait de faim, nous le lui donnions (pour le distraire) jusqu’à la rupture du jeûne » (Boukhari et Mouslim).

Il faut donc ancrer l’amour du jeûne chez les petits et les accoutumer à l’accomplir en les faisant aspirer à sa récompense et en louant ceux qui l’observent. On peut recourir à une sorte de gradation surtout lorsque la journée est longue et la chaleur intense, c'est-à-dire qu’un enfant peut jeûner jusqu’à la prière de Dhuhr, et un autre jusqu’à celle de ‘Asr, pour les faire parvenir progressivement à jeûner toute la journée, cela en fonction de leur capacité.

Malheureusement, la majorité des désobéissants qui manifestent ouvertement leur refus de jeûner pendant la journée du mois de Ramadan ne se sont pas habitués à jeûner dès leur jeune âge et on ne les a pas entraînés à l’accomplir, et si on leur demande de l’accomplir maintenant ils le considèrent comme un fardeau.

- S’empresser, dès qu’on entend l’appel à la prière du Maghreb, de manger et de boire, tout en négligeant de répéter les formules de l’appel après le muezzin, alors que le Prophète () a dit : «Lorsque vous entendez l’appel à la prière, répétez ce que dit le muezzin » (Boukhari et Mouslim). Le jeûneur perd ainsi la récompense de la répétition de ces formules. Par ailleurs, beaucoup de jeûneurs négligent l’accomplissement en commun et à la mosquée de la prière du Maghreb, sous prétexte de la consommation du repas de la rupture du jeûne, ce qui déroge à la ligne de conduite du Prophète (). En fait, il faut que le jeûneur consomme juste de quoi étancher sa soif et apaiser sa faim, puis se rende à la mosquée pour participer à la prière en commun, puis retourne chez lui pour compléter son repas. Non seulement il obtiendra ainsi la récompense de la prière en commun, mais il permettra aussi à son estomac de se reposer et de recevoir graduellement la nourriture, sans le remplir excessivement, et ce, pour qu’il ne lui soit pas pénible d’accomplir la prière nocturne et de faire des efforts dans l’accomplissement d’actes cultuels.

- Délaisser les deux unités de la prière surérogatoire qui suivent la prière de ‘Ichâ’, qui est une sunna fortement recommandée pendant et en dehors du mois de Ramadan. Beaucoup de musulmans accomplissent la prière de ‘Ichâ’, puis se lèvent pour l’accomplissement de la prière de Tarâwîh et ne prient pas ces deux unités de prière recommandées qui suivent la prière de ‘Ichâ’, et ce pendant tout le mois de Ramadan, bien qu’ils les observent en dehors de ce mois.

- Parmi les erreurs commises pendant l’accomplissement de la prière de Tarâwîh figure le fait que certains tiennent un exemplaire du Coran pour pouvoir suivre la récitation de l’imam, négligeant ainsi de poser la main droite sur la gauche, alors que Sahl ibn Sa’d, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Les gens recevaient l’ordre de placer la main droite sur le bras gauche pendant la prière ».
Abû Hâzim, rapporteur de ce hadith, a ajouté : « Je sais qu’il ne peut rapporter ceci que du Prophète () » (Boukhari). Ainsi, ceux-ci s’occupent de tenir et déposer leur Coran, en tournant ses pages alors que ce qui leur incombe est d’écouter attentivement la récitation de l’imam et de méditer sur ce qu’ils entendent.

- Il faut également rectifier l’expression « Ramadan Karîm » (Ramadan est généreux). Le cheikh Muhammad ibn Sâlih al-‘Uthaymîn, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Cette expression est incorrecte et il faut plutôt dire des expressions, telles que « Ramadan Mubârak » (passez un Ramadan béni). Car ce n’est pas le mois qui donne, et qui est donc généreux, mais c’est Allah, exalté soit-Il, Qui lui a accordé son mérite et a fait de lui un noble mois et un temps pour accomplir l’un des piliers de l’Islam ».

- Il faut également revoir l’usage qui consiste à imprimer les Imsâkiyat qui contiennent les horaires du mois de Ramadan, dont ceux de l’Imsâk (moment où l’on s’abstient de consommer de la nourriture et des boissons). Ces Imsâkiyat fixent ainsi le début du jeûne à dix minutes ou un quart d’heure avant l’aube, alors que le fait de fixer l’abstention de consommer nourritures et boissons à un certain temps avant l’appel à la prière constitue un ajout par rapport à ce qu’Allah a prescrit et celui qui agit de la sorte fait preuve d’excès. Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, a relaté : « C’est de nuit que Bilâl faisait l’appel (à la prière). Le Prophète () dit alors : 'Mangez et buvez jusqu'à ce que vous entendiez l'appel d'Ibn Um Maktûm, car il ne le fait qu’à l’aube' » (Boukhari et Mouslim). Ce hadith indique la signification du fil blanc et noir mentionnés dans le verset dans lequel Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l’aube du fil noir de la nuit. Puis accomplissez le jeûne jusqu’à la nuit » (Coran 2/187).

- Parmi les erreurs fréquentes, figure le fait d’écourter la prière de Tarâwîh avec une récitation hâtive, parfois même sans sérénité ni recueillement et encore moins une méditation des versets récités. Il y a également la prolongation et l’exagération dans les invocations du Qunût avec le recours aux assonances dans celles-ci, ou s’attacher à des invocations bien précises, surtout lors de l’invocation relative à la récitation complète du Coran, ce qui n’a été rapporté ni du Prophète () ni de ses Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux.

- Appeler le dernier vendredi du mois de Ramadan « le vendredi orphelin », tout en l’accompagnant de choses particulières, comme le fait de répéter sur les minbars : « Qu’Allah ne nous prive pas de ton retour, ô mois du Coran, des lanternes, de Tarâwîh, des clés du Paradis », etc.

- Une erreur relative à Laylat al-Qadr est d’affirmer sa date de manière catégorique à la masse des gens, en dépit de la divergence à ce propos, et de la célébrer en ce jour déterminé par des festivités, des sermons et des poèmes laudatifs, au lieu de veiller cette nuit en prière et y multiplier les actes de dévotion ; ou encore de croire en des signes qui doivent apparaître cette nuit, comme la tombée de la pluie ou la vision de certains songes, etc., alors que ces signes n’ont jamais été confirmés par la Charia.

- Le gaspillage dans les dépenses en matière de nourriture, de boissons, de fruits, de desserts, de pickles et d’apéritifs, qui dépassent souvent dans une large mesure celles effectuées en dehors du mois de Ramadan.

- Commettre certains péchés graves, comme la négligence du paiement de la Zakât pendant plusieurs années, ou de l’accomplissement du Hadj en dépit de la capacité financière et physique de le faire. Il y a aussi le fait de pratiquer l’usure en ayant recours aux banques usuraires, de ne pas être assidu dans l’accomplissement de la prière obligatoire ou l’observer uniquement pendant le mois de Ramadan et les vendredis, de s’adonner à la médisance et au colportage, de faire usage de pots-de-vin, de tricher, entre autres péchés majeurs faisant perdre à la personne la récompense de son jeûne. Ce type de jeûneur ne profitera pas du fait de s’être abstenu, du Fajr au Maghreb, des choses qui annulent le jeûne sauf qu’il est déchargé de l’obligation et il n’aura pas à le rattraper. Cependant, il sera le Jour de la Résurrection parmi ceux qui ont commis des grands péchés et qui méritent d’entrer en Enfer pour avoir délaissé un pilier ou commis un grand péché dont il ne se serait pas repenti, et s’il n’accomplit pas ce jeûne, un grand péché supplémentaire est ajouté à la liste.

- Lorsque le mois de Ramadan tombe pendant les vacances d’été ou autres, certains voyagent pour se divertir dans des stations estivales et balnéaires, les parcs et les plages, où beaucoup d’actes de désobéissances sont commis comme la mixité entre hommes et femmes, la nudité, etc. Parallèlement, ils délaissent le jeûne et raccourcissent les prières sous prétexte qu’ils sont en voyage. En fait, les jurisconsultes ont affirmé que cette autorisation est à prendre lorsqu’il s’agit d’un voyage obligatoire, recommandé ou licite, mais lorsque le voyage est pour des fins illicites, il n’est pas permis de délaisser le jeûne de Ramadan, ni de raccourcir la prière, car cela facilite la désobéissance.

- Parmi les choses fort répandues pendant les vacances, passer la nuit dans les cafés, sur la corniche, devant la télévision ou en compagnie d’amis, entretenant des discussions sans intérêts, et cela jusqu’à l’heure du Sahûr (repas pris avant l’aube). Pour consacrer ensuite, toute la journée au sommeil, manquant même parfois la prière de l’aube en commun ou à son temps prescrit, alors qu’il a été rapporté dans un hadith que « le Prophète () ne voyait pas d’inconvénient à retarder un peu la prière de ‘Ichâ’ jusqu’à la moitié de la nuit, et il n’aimait ni dormir avant son accomplissement ni parler après.» (Boukhari et Mouslim).

Al-Nawawî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Les oulémas sont unanimes sur le fait qu’il est détestable de discuter après l’accomplissement de la prière d’al-‘Ichâ’, à moins qu’il y ait un bien à cela » (Tiré du livre ‘Alâma yasharu hâ-ulâ’ de Khâlid Abû Sâlih).

Le cheikh Sâlih al-Fawzân a dit : « Passer la nuit dans des balivernes, des jeux, des distractions et des péchés, ou à suivre des feuilletons, des films obscènes et des émissions satellitaires est illicite en dehors du mois de Ramadan, et davantage encore pendant le mois du jeûne, vu sa sacralité. Ces longues soirées entraînent le gaspillage des heures de la nuit et de la journée, car il se peut que le musulman dorme pendant la journée, manquant les temps prescrits de la prière parce qu’il a veillé pendant la nuit. En fait, Allah, exalté soit-Il, a réservé la nuit au sommeil et la journée au travail, mais ceux-ci font le contraire, manquent ainsi à leur devoir et gaspillent leur temps en veillant pendant la nuit et en dormant pendant la journée » (‘Alâma yasharu hâ-ulâ’).

En outre, toute veillée entraînant une chose illicite est illicite. Quant à la veillée louable, c’est celle qui consiste à passer la nuit à adorer Allah ou à rendre service aux musulmans, sans pour autant manquer à une obligation ou négliger un intérêt plus important.

- Certaines femmes qui ont leurs menstrues ou leurs lochies ont des scrupules à manger et boire durant la journée du mois de Ramadan, et mangent peu ou prennent quelques bouchées juste avant l’appel à la prière du Maghreb, seulement pour confirmer qu’elles ne sont pas en jeûne ! Or, c’est une exagération, surtout de la part d’une femme qui vient d’accoucher et allaite, et qui a, par conséquent, besoin d’une bonne nutrition. La femme qui a ses menstrues ou ses lochies est autorisée à manger et à boire pendant la journée de jeûne sans problème et il lui est même interdit de jeûner. C’est plutôt dans le cas de la personne qui a rompu son jeûne du mois de Ramadan sans excuse valable qu’il est interdit de manger et de boire durant la journée, car elle se doit de respecter la sacralité de ce mois. Celui qui se comporte ainsi doit absolument rattraper les jours manqués et une expiation en fonction de la raison pour laquelle il a rompu son jeûne sans excuse valable.

Voilà quelques-unes des infractions et des hérésies religieuses dont se rendent coupables certains musulmans au cours du mois du jeûne et que j’ai évoquées globalement de peur d’être trop long. J’implore Allah, exalté soit-Il, de nous protéger tous contre les erreurs et la négligence pendant ce noble mois. Âmîn.

Subhânaka Allahumma wa Bihamdika. Achhadu allâ Ilâha illa Ant. Astaghfiruka wa Atûbu Ilayk (Exalté et loué sois-Tu, ô Seigneur. J’atteste que nulle divinité n’est digne d’être adorée en dehors de Toi. Je Te demande pardon et me repens).
 

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