La répétition du Takbîr par le muezzin après l'imam

10-3-2016 | IslamWeb

Question:

Salam alaykoum,
J'aimerais connaître le statut juridique de la répétition du takbîr par le muezzine après l'imam. Est-ce une innovation ou est-ce permis ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Le fait que le muezzin répète les takbîrs de l'imam durant la prière est appelé par les jurisconsultes al-Tablîgh (la transmission), c'est-à-dire la transmission du takbîr de l'imam à ceux qui prient avec lui. Le verdict de cet acte est qu'il est permis de transmettre le takbîr de l'imam après lui, lorsque la situation le nécessite comme lorsque la voix de l'imam est faible et que ceux qui prient ne l'entendent pas ou lorsque leur nombre est important et que la voix de l'imam n'est pas entendue de tout le monde.
La preuve de cela est le hadith dans lequel Djâbir, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté : « Nous priâmes derrière le Prophète () alors qu’il était malade et priait assis. Abû Bakr, , répétait : “Allahu Akbar”, chaque fois que le Prophète le disait aux gens. » (Ahmad, Abû Dâwûd, al-Nasâ'î, Ibn Mâdja)

Et dans une version : « Nous priâmes derrière le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) alors qu'Abû Bakr, , se tenait derrière lui et ce dernier répétait : “Allahu Akbar”, chaque fois que le Prophète le disait afin que les gens l'entendent. » (Mouslim)
Ibn Qudâma a dit : « Il est recommandé à l'imam de prononcé le takbîr à voix haute, de façon à ce que ceux qui prient l’entendent et répètent le Takbîr, car ils ne peuvent prononcer le Takbîr qu’après lui ; et s'il est incapable de se faire entendre, l’un de ceux qui prient doit le prononcer à voix haute afin que les gens l'entendent ou que ceux qui n'entendent pas l'imam l'entendent. En effet, Djâbir a rapporté : "Nous priâmes derrière le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) alors qu'Abû Bakr, , se tenait derrière lui et répétait : 'Allahu Akbar.', chaque fois que le Prophète le disait afin que nous l'entendions." »

Par contre, s'il n'existe aucune nécessité à le transmettre aux gens qui se trouvent derrière l'imam, cette pratique est alors détestable. Certains savants déclarèrent même que la prière de celui qui le fait est alors invalidée. On posa au cheikh al-Islâm ibn Taymiyya, qu'Allah lui fasse miséricorde, la question suivante : « Est-il permis de prononcer le takbîr après l'imam ? » Il répondit en disant :

« Il n'est pas prescrit de prononcer le takbîr à voix haute après l'imam à qui cette tâche incombe, sans que cela ne soit nécessaire. Les savants sont unanimes à ce sujet, car ni Bilâl ni personne d'autre ne répétait le takbîr à haute voix après le Prophète () ni après les califes bien guidés. Cependant, une fois, alors que le Prophète () était malade et dirigeait les gens dans la prière d'une voix faible, Abû Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui, pria à ses côtés tout en répétant le takbîr afin que les gens l'entendent. Les savants s'appuyèrent sur cela pour dire qu'il est donc permis de le faire en cas de nécessité comme lorsque la voix de l'imam est faible. Par contre, en dehors de cela, ils s'accordèrent sur le fait que cette pratique est détestable et non-prescrite.

Ils eurent ensuite deux avis sur la validité de la prière de celui qui fait cela. Cette divergence concernant la validité de la prière est bien connue dans les écoles malékite, hanbalite et autres. Toutefois, toutes les écoles s'accordent sur le fait que cette pratique est détestable. »

Le cheikh 'Abd al-'Azîz ibn Bâz, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Si la situation nécessite de répéter le takbîr derrière l'imam en raison de la grandeur de la mosquée et du nombre important de gens, en raison de la faible voix de l'imam suite à une maladie ou pour toute autre raison, une personne peut alors répéter le takbîr afin de le transmettre. Par contre, si la voix de l'imam est entendue clairement de tous dans tous les endroits (de la mosquée) et que l'on sait que tout le monde l'entend, il n'est alors pas nécessaire ni prescrit de répéter le takbîr derrière l'imam. »

Le cheikh Ibn 'Uthaymîn, qu'Allah lui fasse miséricorde, rejoignit cet avis en disant : « La pratique d'al-Tablîgh, c'est-à-dire le fait qu'un de ceux qui prient répète le takbîr derrière l'imam, est permise en cas de nécessité, car il a été confirmé que le Prophète () se rendit un jour auprès des gens alors qu'il était malade et trouva Abû Bakr en train de prier avec eux. Le Prophète () se plaça alors à la gauche d'Abû Bakr et se mit à prier tandis qu'Abû Bakr répétait le takbîr derrière lui pour le faire entendre aux gens. Par contre, si la situation ne nécessite pas de le faire, il ne faut pas le faire et se contenter du takbîr de l'imam. »

Et Allah sait mieux.

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