La religion n’exige pas de la femme qu’elle travaille, gagne de l’argent et le dépense pour les besoins du foyer

13-5-2020 | IslamWeb

Question:

Je suis une épouse qui travaille pour aider mon mari aux dépenses de la vie. Suite à mon travail, j’ai fait preuve de négligence dans certaines de mes attributions de gestion du foyer et les problèmes ont commencé. Mon mari m’a d’abord raillée en m’accusant de négliger et de délaisser mes obligations. Mais je ne suis qu’un être humain, mes forces sont limitées. Je travaille à la maison mais aussi hors du foyer. Je n’ai plus de force et suis affaiblie physiquement. Est-ce que la religion exige de moi toutes ces tâches, même acheter les courses pour la maison en allant au marché et dans les magasins ? Ou bien est-ce à mon mari de m’aider ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Qu’Allah vous récompense par un bien pour votre contribution et votre aide apportée à votre mari pour faire face aux nécessités de la vie. Il devrait vous reconnaitre cela et, en contrepartie, vous aider aux tâches à effectuer à la maison. Et non pas vous déprécier ou vous accuser de négligence. Cette attitude s’oppose à la de vie de couple conforme à la bienséance mentionnée dans de nombreux versets coraniques et hadiths prophétiques.

La religion n’exige pas de vous de sortir de votre maison pour travailler et gagner de l’argent pour le dépenser dans les différents besoins du foyer. Tout ceci est du ressort de votre mari. C’est une obligation qui lui incombe. Vous concernant, vous avez pour obligation de vous occuper de la maison et des enfants. C’est ainsi que le Prophète () a réparti les tâches entre Ali et Fatima, , comme l’a dit Ibn Al-Qayyim dans son livre Zâd Al-Ma’âd au cours d’un chapitre spécifique intitulé : Le jugement du Prophète concernant le travail de la femme pour son mari : Ibn Habîb a dit dans Al-Wâdiha : « Le Prophète () a réparti les tâches entre Ali et Fatima, , quand ils se sont présentés à lui pour se plaindre de la pénibilité de leur travail. Il attribua à Fatima les tâches relatives au foyer et à Ali celles qui doivent être faites à l’extérieur du foyer. Les tâches du foyer consistent à faire le pain, cuisiner, faire le lit et nettoyer la maison, aller chercher de l’eau au puits et toutes les autres tâches ayant trait au foyer ».

Dans les recueils de Boukhari et Mouslim : « Fatima, qu’Allah soit satisfait d’elle, se présentait chez le Prophète () pour se plaindre de douleurs aux mains en raison de l’utilisation de la meule. Elle voulait lui demander une servante pour l’aider mais ne le trouva pas. Elle mentionna la raison de sa venue à Aicha, qu’Allah soit satisfait d’elle. Le Prophète () se présenta à son tour chez Fatima. Son mari Ali raconte : Nous étions allongés et nous apprêtions à nous lever mais il nous demanda de rester à nos places. Il s’assit entre nous et je sentais la froideur de ses pieds sur mon ventre. Il nous dit : Je vais vous indiquer ce qui est encore meilleur pour vous que ce que vous avez demandé. Lorsque vous allez dormir - ou lorsque vous vous mettez au lit -, dites : Gloire à Allah (Subhâna Allah), trente-trois fois, Louange à Allah (al-Hamdu-lillah), trente-trois fois et Allah est le plus grand (Allahou-Akbar), trente-quatre fois. Cela est bien mieux pour vous qu’un servant. Ali dit alors : je n’ai jamais cessé de les dire depuis. On lui dit : Même durant la nuit de la bataille de Siffîn ? Il reprit : Même durant cette nuit. » Il est également rapporté de source sûre que Asma a dit : « Je faisais toutes les tâches du foyer de Zubayr. Il avait un cheval que je montais pour la fauche et dont je m’occupais ». De même qu’elle nourrissait ce cheval, elle puisait de l’eau au puits et faisait le pain. Elle portait le fourrage sur sa tête à partir de ses terres pour l'amener à la maison et la distance qui les sépare est de trois kilomètres. Les juristes ont des avis différents sur ce point : certains savants anciens ou contemporains considèrent que la femme a pour obligation de servir son mari pour ce qui est des tâches relatives au foyer.

Abu Thawr a dit : « Elle doit servir son mari dans tous les domaines. D’autres savants ont dit que cela n’était pas obligatoire. C’est l’avis de Malik, Shafi’î et Abu Hanifa mais aussi des savants de l’école littéraliste. Ils affirment ceci : Le mariage a pour objectif de tirer jouissance de son épouse et non de tirer parti de son travail. Ils disent aussi : Les hadiths qui font mention du travail de la femme prouvent qu’elles le faisaient volontairement et par bon comportement avec leurs époux. Comment peut-on en déduire que cela est obligatoire ? Ce à quoi ont répondu les partisans de l’obligation que cela était l’usage chez ceux auxquels Allah s’est adressé ». Quant à ce que la femme se détende et que ce soit l’homme qui s’occupe de nettoyer la maison, préparer la farine, faire le pain, laver le linge, faire les chambres et s’occuper des tâches de la maison dans son ensemble, cela est blâmable car Allah dit : « Les femmes ont sur leurs maris des droits équivalents à leurs devoirs envers eux, conformément aux usages. » (Coran 2/288). Et aussi : « Les hommes ont autorité sur les femmes. » (Coran 2/288). Et si c’est l’homme qui sert la femme alors c’est elle qui a autorité sur lui. Aussi, la dot est due en échange de la jouissance. Or, les deux conjoints tirent jouissance de leurs rapports. En fait, Allah a rendu obligatoire à l’homme les dépenses en termes de vêtements, de logements et autres non seulement en échange de la jouissance mais aussi de l’usage en vigueur chez les couples. Aussi, les contrats sont conclus en fonction de l’usage qui régit les relations entre les gens. Et il est d’usage que la femme serve son mari et s’occupe des tâches de la maison. Quant à ceux qui affirment que Fatima et Asma assumaient ces tâches à titre gracieux et par bienfaisance, nous lui répondons que Fatima se plaignait de son travail. Elle n’a pas dit à Ali qu’elle n’avait pas à le faire et que cela lui revenait. D’ailleurs, le Prophète () ne favorise personne quand il s’agit d’émettre un jugement. Quand il vit Asma avec le fourrage sur sa tête et Zoubayr avec elle, il ne lui a pas dit qu’elle n’avait pas à le faire et que cela constituait une injustice. Il était d’accord pour qu’elle le serve comme il était d’accord que les femmes de tous les compagnons servent leur mari sachant bien que parmi elles, certaines répugnaient à le faire et que d’autres en étaient satisfaites. Ceci ne fait aucun doute. Il n’est pas non plus valable d’établir une distinction sur cette question entre une femme de condition sociale noble et une autre de classe modeste. Ou une riche et une pauvre. Fatima était la femme la plus noble de l’univers et se tenait au service de son mari. Alors qu’elle se plaignait de travail pénible, il ne put mettre un terme à la raison de sa plainte. Dans un hadith authentique, le Prophète () nomme les femmes des captives. Il dit : « Craignez Allah au sujet des femmes car elles sont contraintes de rester auprès de vous.» ce qui peut se traduire par une forme de servitude. Et Il ne fait aucun doute que le mariage est une sorte de servitude réciproque. Un prédécesseur a dit : « La mariage est une servitude. Que chacun de vous regarde au service de qui il met sa fille. Et il ne fait aucun doute pour toute personne impartiale, qu'entre les deux avis celui qui est le plus juste est celui dont les arguments sont les plus pertinents. » Fin de citation.

Pour finir, nous insistons sur le fait que la vie conjugale doit reposer sur une complémentarité entre les époux et une entente mutuelle. Ils ne doivent pas laisser le diable s’interposer entre eux. Ceci est conforme à ce qui a été rapporté dans la Sunna prophétique. Selon Jâbir, le Messager d'Allah a dit : « Iblis a établi son trône sur l'eau ; de là il envoie ses troupes afin d'égarer les gens. Ceux qui sont les plus proches de lui sont les plus grands fauteurs de troubles. Puis, chacun revient le voir et lui rend des comptes. L'un d'entre eux dit : j'ai fait ceci ou cela. Iblis lui répond : tu n'as encore rien fait. Puis vient un autre qui dit : je ne l'ai quitté qu'après l’avoir séparé de sa femme. Iblis le rapprocha de lui et lui dit : Oui, toi tu as bien agi. » Ce hadith se trouve dans un chapitre intitulé : Les troubles causés par le diable, l’envoi de ses troupes et le fait qu’avec chaque homme se trouve un diable.

Et Allah sait mieux.

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