Les actes obligatoires, fortement recommandés (sunna) et méritoires de la prière et de la prosternation de l’oubli selon l’école Malikite

1-2-2022 | IslamWeb

Question:

Pouvez-vous nous expliquer dans le détails les règles de la prosternation de l’oubli selon l’école Malikite sans mentionner les explications des juristes ? C’est un point qui me pose problème. Dites-nous quelles sont les différentes catégories d’actes obligatoires, ceux qui sont fortement recommandés (Mu’akkad), ceux qui relèvent de la sunna, et qui ne doivent pas être compensés par une prosternation de l’oubli s’ils ont été délaissé délibérément ou non. Et les actes qui ne sont pas réprimandables, avec des exemples. Ceci pour nous faciliter la compréhension de ces règles, en disant : Les actes obligatoires sont les suivants : … leur statut est le suivant : … Les actes de la sunna fortement recommandés sont les suivants : … leur statut est le suivant : … et ceci pour que la compréhension de qui sait à peu près lire soit à sa portée.

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Selon l’école de l’imam Malik, les actes obligatoires de la prière sont nommés obligations (Farâ’id). Ils sont aussi appelés piliers (Arkân). Ce sont les suivants :
1- L’intention : c’est-à-dire émettre l’intention d’accomplir une prière en particulier.
2- Proclamer la grandeur d’Allah pour entrer en prière, dit en arabe, Takbîrat Al-Ihrâm. Ce qui revient à dire Allahu Akbar
3- Le dire en position debout pour les prières obligatoires.
4- Lire la sourate Al-Fâtiha, que ce soit pour l’imam ou le fidèle qui prie seul.
5- La réciter en position debout.
6- L’inclinaison.
7- Se relever de l’inclinaison.
8- Se prosterner en posant son front sur le sol.
9- La position assise entre les deux prosternations.
10- Les salutations.
11- Etre en position assise pour dire les salutations.
12- Se tenir bien droit.
13- Etre recueilli et ne pas bouger les membres du corps.
14- Respecter l’ordre des actes obligatoires.
15- Le fidèle qui prie derrière un imam doit le suivre en accomplant les gestes de la prière après que son imam les ai faits, du début à la fin de la prière.
16- Le fidèle qui prie derrière un imam doit avoir l’intention de le prendre pour modèle dans tous les faits de la prière. Il incombe à l’imam d’émettre l’intention d’être pris pour modèle dans ces quatre situations : la prière de la peur selon la façon de faire qui est connu, les prières qui sont regroupées et accomplies l’une après l’autre, la prière du vendredi, et celle où il est désigné pour remplacer l’imam.
L’auteur du livre Al-Murshid Al-Mu’în les a cités sous forme de vers :
L’auteur du livre Al-Murshid Al-Mu’în les a cités sous forme de vers :
Les actes de la prière sont au nombre de six
Les conditions requises sont au nombre de quatre
Commencer par dire Allah Akbar et se tenir debout
Avoir pour intention l’objectif de la faire
Lire la Fâtiha en position debout et s’incliner
Se relever se prosterner en toute humilité
Se relever à nouveau saluer et s’assoir pour le faire
Respecter l’ordre de tous ces gestes
Se tenir droit humblement recueilli avec rigueur
Bien suivre l’imam du début à la fin
Avec l’intention de le prendre pour modèle
Lui aussi aura cette intention dans les prières regroupées, de la peur, du vendredi et quand il remplace un imam

Les actes de la prière qui sont des sunnas fortement recommandés sont au nombre de huit :
1- Lire une autre sourate que la Fâtiha.
2- Lire à voix haute quand cela est requis.
3- Lire à voix basse quand cela est requis.
4- Dire deux fois ou plus Allahu Akbar en dehors du Takbîr qu’on dit pour entrer en prière.
5- Prononcer deux fois ou plus les louanges à Allah.
6- La première formule de Tashahhud.
7- La première position assise.
8- La deuxième formule de Tashahhud pour la prière de trois Rak’at, le Maghreb, et celles de quatre Rak’a, comme le Dhohr.
Ces actes de la prière qui sont des sunnas fortement recommandés ont été écrits sous forme de vers :
Deux fois la lettre Sîn
Deux fois la lettre Shîn
Deux fois la lettre Jîm
Deux fois la lettre Tâ’
Ce sont les huit actes sunna

(Chacune de ces lettres correspond en arabe à un nom des huit actes en question).
Les actes de la sunna autres que ceux qui sont fortement recommandés sont les suivants :
1- Lire une sourate après la sourate Al-Fâtiha dans les prières du Sobh, du vendredi, dans les deux premières Rak’a du Maghrib et des prières qui comptent quatre et trois Rak’a.
2- La lire en position debout
3- Dire Allahu Akbar en dehors de la première fois où on le dit pour entrer en prière. En fait tous les Takbir sont un acte sunna sauf le premier pour entrer en prière qui fait partie des actes obligatoires comme nous l’avons vu.
4- Dire : Sami’a Allahu Liman Hamidahu (Allah exauce qui le loue) quand on se lève de l’inclinaison. Cela est valable pour l’imam et le fidèle qui prie seul.
5- La formule de Tashahhud (Al-Tahiyyât Lillah …)
6- Toutes les positions assises pour dire le Tashahhud.
7- Prier pour le Prophète, , après le dernier Tashahhud.
8- Se prosterner sur les deux mains, les deux genoux et les bouts des pieds.
9- Le fidèle qui prie derrière un imam doit répondre à ses salutations et à qui se trouve à sa gauche s’il y a quelqu’un.
10- Tout état de recueillement supplémentaire à celui qui est obligatoire.
11- Dire à haute voix la salutation qui met fin à la prière.
12- Ecouter attentivement l’imam quand il récite à voix haute.
13- Poser un objet devant soi (une sutra) pour que personne ne passe devant l’imam ou le fidèle qui prie seul si on craint qu’une personne passe devant.
14- Dire le second appel à la prière (Al-Iqâma) pour chaque prière obligatoire. Qu’il s’agisse d’une prière accomplie en son temps ou effectuée par la suite pour s’en acquitter. Cela est valable pour l’homme. En ce qui concerne la femme, si elle le dit à voix basse c’est une bonne chose.
15- Faire l’appel à la prière pour une prière obligatoire quand l’heure prescrite est arrivée. Ceci pour un groupe de fidèle qui, via leur appel en solliciterait d’autres.
16- Pour ceux qui font un voyage d’une distance de quatre burud (environ 88 km) ou plus : raccourcir les prières de quatre Rak’ats et les accomplir en deux Rak’ats. Ce sont les prières du Dhohr, du ‘Asr et du ‘Ishâ.
Ibn ‘Âshir Al-Mâlikî a composé des vers pour rappeler les actes de la sunna qui sont fortement recommandés et les autres :
Les sunnas sont : lire une sourate après la Fâtiha
La lire debout dans la première et la deuxième Rak’a
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A voix haute ou voix basse selon les cas
Dire un Takbir autre que le premier
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Dire le Tashahhud en position assise
Le premier et le deuxième au moins le temps de saluer
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Dire Sami’a Allahu Liman Hamidahu
En se relevant de l’inclinaison
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Pour le fidèle qui prie seul et l’imam comme nous l’avons dit
Le reste des actes sont juste recommandés
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L’appel à la prière se prosterner sur ses mains
Sur les bouts des pieds et ses genoux
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Ecouter la lecture de l’imam et répondre à son salut
Ainsi qu’au fidèle à sa gauche s’il s’en trouve
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Se recueillir davantage que requis
Mettre un objet devant soi si l’imam ou le fidèle seul craint un passant
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Saluer à voix haute suite au Tashahhud
Et prier pour Mohammed
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L’appel à la prière est une sunna pour un groupe de fidèle
A l’heure d’une prière obligatoire si d’autres fidèles y répondraient
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Les actes méritoires sont les suivants :
1- Débuter par la droite pour les salutations.
2- Dire Amîn à la fin de la Fâtiha.
3- Dire Rabbana Wa Laka Al-Hamd (notre seigneur à toi les louange) c’est celui qui prie seul qui doit le dire et non l’imam.
4- Faire des invocations durant la prière du Sobh (Al-Qunût).
5- Porter une cape.
6- Glorifier Allah en inclinaison et en prosternation (dire Subhâna Rabbi Al-Adhîm ou Subhâna Rabbi Al-‘A’la).
7- Tenir ses bras le long de son corps.
8- Dire Allahu Akbar à chaque fois qu’on s’apprête à faire un nouvel acte de la prière, sauf quand on se relève de la position assise intermédiaire. Dans ce cas on ne dit pas Allahu Akbar avant de se relever pour se tenir debout.
9- Durant le Tashahhud, ramener les trois doigts de la main droite dans sa main, le majeur, l’annulaire et l’auriculaire, et laisser les deux autres que sont le pouce et l’index.
10- Bouger l’index durant le Tashahhud.
11- Durant la prosternation le fidèle doit tenir ses cuisses à distance de son ventre et ses coudes à distance de ses genoux.
12- La description de la position assise durant les deux Tashahhud et entre les deux prosternations : il doit s’assoir sur sa fesse gauche qui doit être à même le sol, le pied droit levé de façon à ce que la plante du gros orteil soit sur le sol et non pas le dessus de l’orteil.
13- Les deux mains doivent être bien posées sur les genoux quand on est incliné.
14- Les genoux doivent être bien tendus pour que le corps soit bien droit.
15- Le fidèle qui prie derrière un imam doit lire le Coran quand c’est une prière à voix basse.
16- En prosternation, poser ses deux mains au même niveau que les oreilles.
17- Lever ses deux mains lors du Takbir d’entrée en prière.
18- Lire des sourates longues dans les deux premières Rak’at des prières du Sobh et du Dhohr. Lire des sourates de longueur moyenne dans les deux premières Rak’a de la prière du ‘Isha. Et des sourates courtes dans les deux premières Rak’a des prières du ‘asr et du Maghreb.
19- Dans toutes les prières, la sourate de la deuxième Rak’a doit être plus courte que celle de la première.
20- La position assise intermédiaire entre les deux prosternations doit être courte.
21- Quand on s’apprête à se prosterner, il faut d’abord mettre ses mains avant ses genoux. Pour se relever, il faut d’abord relever ses genoux et ensuite ses mains.
22- Accomplir les invocations rapportées dans la sunna après les prières.
Ibn ‘Âshir a composé des vers pour rappeler tous ces actes méritoires :
Les actes recommandés sont : débuter par la droite et saluer
Dire Amîn après la fatiha sauf quand l’imam prie à haute voix
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Dire Rabbana Wa laka Al-Hamd sauf l’imam
Et invoquer durant la prière du Sobh
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Porter une cape et glorifier Allah en inclinaison et prosternation
Laisser ses bras le long du corps et dire le Takbir à chaque changement de position
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Après le tashahhud intermédiaire
Il plie les trois doigts de droite
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Alors qu’il est en tashahhud il lève le pouce et l’index
En bougeant l’index quand il invoque
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Il tient ses cuisses loin de son ventre
Et ses coudes de ses genoux en prosternation
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Etant assis, mains sur les genoux
En inclinaison et se tenir bien droit
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Le fidèle lira le coran quand la prière est à voix basse
Et posera ses mains en l’imitant
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au niveau des oreilles en prosternation
Pareil quand il entre en prière
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Au sobh et au dhohr il lira deux longues sourates
Au ‘isha une moyenne et le reste, des courtes
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Mieux vaut en lire des moyennes pour toutes les autres
Se prosterner en mettant les mains avant les genoux et se relever en faisant l’inverse
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Concernant le délaissement d’un des actes cités, nous disons :
Qui a délaissé un acte obligatoire de sa prière – par exemple : une inclinaison, se relever de l’inclinaison ou d’une prosternation - : si c’est volontairement alors la prière est invalide. Mais si c'est par oubli alors il peut les faire tant que le temps imparti le lui permet. Si le temps est passé alors c’est toute la Rak’a qui est annulée et qu’il faut refaire. Si cela ne fait pas trop longtemps.
Si c’est un acte de la sunna fortement recommandé qui n’a pas été accompli, comme la position assise intermédiaire ou deux takbir ou plus, et que cela a été volontairement délaissé alors il n’y a pas de prosternation à accomplir.
Des savants ont divergé en disant : est-ce qu’en délaissant un de ces actes, la prière est invalide ou non en raison du fait qu’il la négligée ? Certains ont dit qu’il fallait accomplir une prosternation de l’oubli.
Celui dont la prière est défaillante et à laquelle il manque un des actes de la sunna mais qui n’est pas fortement recommandé – comme un Takbir, ou dire Sami’a Allah liman Hamidahu – alors cela n’a aucune incidence que cela ait été délaissé volontairement ou par oubli.
Il en est de même pour qui a délaissé un acte méritoire – comme lever les mains lors du Takbir d’entrée en prière, ou dire Amîn après la Fatiha, ou dire Rabbana Wa Laka Al-Hamd - alors cela n’a aucune incidence que cela ait été délaissé délibérément ou par oubli.
Dans son ouvrage Al-Qawânîn Al-Fiqhiyya, Ibn Juzayy Al-Mâlikî a dit : « Les manquements de la prière peuvent se diviser en pilier, sunna et acte méritoire :
Si un pilier n’a pas été effectué délibérément alors la prière est invalide. Mais si c’est par oubli alors le fidèle pourra le compenser en le faisant tant qu’il le peut. Si le temps escompté pour le faire a été dépassé alors c’est toute la Rak’a qui n’est plus valide. Il faut la refaire sans pour avoir à émettre de nouveau l’intention ou le Takbir d’entrée en prière
Si un acte sunna de la prière n’a pas été effectué par oubli alors il effectuera les deux prosternations de l’oubli pour le compenser. Mais s’il a volontairement été délaissé alors il devra également effectuer les prosternations de l’oubli. Les Shaféites sont d’accord sur ce point. Ibn Al-Qâsim a dit : rien ne lui incombe comme le soutient Abu Hanifa. Cependant, certains savants disent que cela annule la prière en raison de sa négligence …
Enfin, si c’est un des actes méritoires de la prière qui n’a pas été fait alors cela n’a aucune incidence. » Fin de citation.
Dans son ouvrage Mawâhib Al-Jalîl, Al-Hattâb Al-Mâlikî dit concernant la parole de l’auteur Khalîl – qu’Allah lui fasse miséricorde – au sujet du manquement d’un acte de la sunna fortement recommandé :
« Il fait partie de la sunna de faire une prosternation si un acte de la sunna fortement recommandé a été délaissé par oubli. Mais si le fidèle a délaissé un acte obligatoire, ou recommandé, ou un acte de la sunna qui n’est pas fortement recommandé, ou a délaissé un acte fortement recommandé volontairement, alors il n’aura pas de prosternation à faire dans ces cas …
En revanche, il doit absolument accomplir tous les actes qui sont obligatoires.
S’il accomplit une prosternation pour compenser un acte qui n’est pas une sunna fortement recommandé ou qui est un acte simplement recommandé, alors sa prière est invalide comme nous allons le voir.
Quant aux actes de la sunna fortement recommandé, s’ils les délaissent volontairement alors il n’a pas de prosternation à faire.
Les savants divergent pour savoir si en en délaissant un, sa prière reste valide ou non … Et dans le cas où il l’a oublié alors il fera une prosternation. » Fin de citation.


Et Allah sait mieux.
 

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