Donner sa Zakât à un homme qui a des dettes qu’ils règlent par chèques mensuellement

6-4-2022 | IslamWeb

Question:

Je connais un homme qui a contracté des dettes mensuelles (sous forme de chèques). Chaque mois, tout son salaire sert à rembourser ses dettes. Il emprunte à nouveau pour manger et subvenir aux besoins de son foyer et cette dette prend encore la forme de chèques. M'est-il permis de lui donner mon argent de la Zakât ? Ces chèques sont-ils considérés comme des dettes ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Les ayants droit à la Zakât sont clairement définis. Allah les a mentionnés dans ce verset :
« L’aumône légale est réservée aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux chargés de la collecter, à ceux dont les cœurs sont à gagner, à l’affranchissement des esclaves et au rachat des captifs, aux musulmans incapables de rembourser leurs dettes, à ceux qui luttent pour la cause d’Allah et aux voyageurs démunis. Voilà ce qu’Allah, Omniscient et infiniment Sage, vous impose. » (Coran 9/60).
Il a donc notamment mentionné les musulmans incapables de rembourser leurs dettes.
Mais tous ceux qui sont endettés n’ont pas forcément droit de recevoir la Zakât. Dans son exégèse, Tabari rapporte de Qatâda la description des musulmans incapables de rembourser leurs dettes. Il a dit : « Il s’agit de ceux qui croulent sous les dettes sans les avoir contracté par malveillance ni par gaspillage. Allah leur a donc attribué une part de la Zakât. »
Dans le hadith rapporté par Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) le Prophète () a dit : « Quiconque quémande pour s’enrichir ne demande, à vrai dire, que des braises de l’enfer. A lui de voir s’il en veut en faible ou en grosse quantité. » Rapporté par Mouslim.
Si le fidèle qui s’est endetté l’a fait dans le but d’être utile à autrui – comme réconcilier deux personnes en conflit, aider à payer le prix du sang ou autre – alors on pourra lui remettre l’argent de la Zakât même s’il est riche. Il en est de même s’il a contracté une dette pour son propre intérêt mais non par malveillance, ni par gaspillage ou en rusant afin de payer moins de Zakât qu’il ne doit en réalité, ni pour s’enrichir, et n’a pas été capable finalement de s’acquitter de ce montant ni ne possède des biens et des gains suffisants pour régler ses dettes. Dans ce cas-là, il aura droit à la Zakât.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit : « Les musulmans incapables de rembourser leurs dettes. C’est la sixième catégorie de personnes ayant droit à la Zakât. Il n’y a pas de divergence sur le fait qu’ils méritent de la recevoir et leur part est clairement établie. » Fin de citation.
A partir de ce qui vient d’être dit, si le fidèle auquel vous faites allusion n’a pas contracté de dettes par gaspillage mais pour combler ses besoins légitimes selon la religion, et que ces chèques ne sont qu’une garantie du règlement de ses dettes et qu’il n’est pas capable de les régler comme vous l’avez décrit, alors il n’y a aucun mal à ce que vous lui remettiez l’argent de votre Zakât.
Il est suffisant de présumer qu’il mérite de faire partie des ayant droits pour qu’il soit permis de la lui remettre. Dans ce genre de cas, une simple présomption tient lieu de connaissance effective. Al-Bahûtî – qu’Allah lui fasse miséricorde - a dit : « Il n’est pas permis de remettre la Zakât à une personne uniquement si on sait qu’elle fait partie des ayant droit ou qu’on le présume. On ne peut pas considérer s’être acquitter de la Zakât si on l’a remise à une personne qui ne fait pas partie des ayant droits. Il est donc nécessaire de savoir si la personne à qui on la remet en fait partie pour être sûr qu’on s’est acquitté correctement de la Zakât. Aussi, le simple fait de présumer que la personne à qui on la remet fait partie des ayant droit est suffisant, c’est comme si on en avait la connaissance puisqu’il n’est pas possible ou très difficile de le savoir avec certitude. » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.
 

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