La consommation du nabîdh : entre licéité et interdiction

5-11-2025 | IslamWeb

Question:

Ma question porte sur le nabîdh (boisson obtenue par macération de dattes, raisins ou autres fruits). J’ai lu vos fatwas à ce sujet, et je parle ici du nabîdh qui est macéré moins de trois jours, comme il est rapporté dans vos avis concernant ce que buvait le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam).
D’après mes connaissances, l’alcool commence à se former environ douze heures après le début de la macération, en proportion très faible, pouvant atteindre environ 1 % après trois jours, selon les conditions du milieu. Cette transformation est due à des bactéries bénéfiques qui produisent aussi du dioxyde de carbone, rendant la boisson légèrement gazeuse.
Je souhaite donc savoir : quels sont les critères permettant de juger de la licéité de cette boisson ? Comment distinguer si elle s’est transformée en vin (khamr) ou non ?
Je demande une définition précise afin d’éviter toute confusion.

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Tout ce que les chimistes appellent « alcool » n’est pas nécessairement enivrant, du simple fait qu’il appartient au groupe des composés alcooliques.
La référence, en matière de licéité ou d’interdiction, n’est pas la présence d’un certain pourcentage d’alcool, mais bien l’apparition de la capacité à enivrer.
Ainsi, la règle pour le nabîdh est claire :
•    Ce qui enivre est harâm (interdit).
•    Ce qui n’enivre pas est halâl (licite).
Le Prophète () a été interrogé à ce sujet par un homme venu du Yémen, qui lui dit :
« Nous avons dans notre région une boisson à base de maïs appelée al-mizr. »
Le Prophète () lui demanda :
« Est-elle enivrante ? »
Il répondit : « Oui. »
Alors le Prophète () dit :
« Toute boisson enivrante est interdite. » (Rapporté par Muslim)
La question ne dépend donc ni du type de fruit macéré, ni de la durée de macération, ni du récipient utilisé, mais uniquement du pouvoir enivrant de la boisson.
Ibn Hajar a écrit dans Fath al-Bârî :
« Al-Mâzirî rapporte le consensus des savants selon lequel le jus de raisin avant fermentation est licite ; mais lorsqu’il se met à fermenter, à bouillir et à produire de la mousse, il devient interdit, que la quantité soit petite ou grande. Et si ensuite il devient du vinaigre naturellement, il redevient licite par consensus. Cela montre que la cause de l’interdiction est l’ivresse : tout liquide enivrant, quelle qu’en soit la quantité, est interdit. »
Abû ‘Ubayd ibn Sallâm a dit dans Gharîb al-Hadîth :
« Les récipients dont l’usage fut interdit par le Prophète () l’ont été pour une seule raison : le nabîdh y fermente rapidement jusqu’à devenir enivrant. Puis le Prophète () a levé cette interdiction en disant : “Évitez toute boisson enivrante.” Ainsi, la règle s’applique à tous les récipients et revient au même principe : tout liquide devenu enivrant, quel que soit le contenant, est interdit ; et tout ce qui ne provoque pas l’ivresse, dans ces récipients ou d’autres, est permis. »
Nous avons déjà précisé qu’il n’existe pas de durée fixe pour la macération (nabdh), car le processus varie selon les époques, les climats, la température, et d’autres conditions.
La transformation du nabîdh en vin (khamr) est reconnue par les connaisseurs grâce à certains signes :
•    la fermentation manifeste (effervescence, bouillonnement, production de mousse),
•    une odeur spécifique,
•    ou encore le bruit de gaz dû à la fermentation (nashîsh).
Al-Qurtubî a écrit dans Al-Mufhim :
« Il est permis de boire le nabîdh tant qu’il reste sucré. Cependant, en période de chaleur, la fermentation se produit plus vite qu’en période froide. Le buveur doit donc être prudent et vérifier, après deux jours ou plus, si son odeur, sa saveur ou son effervescence ont changé. S’il remarque un signe suspect, qu’il fasse comme le Prophète (), qui s’en abstenait. »


Et Allah sait mieux.

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