Questions relatives à la demande de pardon (istighfâr) et à son mérite

12-11-2025 | IslamWeb

Question:

Est-il permis à un père de demander pardon (istighfâr) pour ses enfants mineurs, ou cela est-il réservé uniquement à ceux qui ont atteint la majorité ? Le pardon englobe-t-il l’absence de sanction dans ce monde et dans l’au-delà, ou concerne-t-il seulement l’au-delà ? Enfin, puis-je faire mes invocations de pardon pour l’ensemble des musulmans de cette communauté uniquement, ou également pour tous les croyants des autres nations ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


La demande de pardon et les invocations en faveur des enfants sont recommandées ; elles relèvent de la voie suivie par les prophètes d’Allah. Le Très-Haut dit :
« Et lorsque Abraham dit : Seigneur, fais de cette cité un lieu sûr et préserve-moi ainsi que mes enfants de l’adoration des idoles. » (Coran 14/35)
et : « Seigneur, fais que j’accomplisse la prière ainsi qu’une partie de ma descendance. Seigneur, agrée ma prière. » (Coran 14/40).
Ainsi, il convient de prier pour ses enfants, pour leur guidée et leur protection, et de demander pardon pour les plus âgés afin qu’Allah efface leurs péchés, et pour les plus jeunes afin qu’Il les préserve d’y tomber.
Même s’ils ne sont pas tenus responsables de leurs actes — comme l’indique le hadith :
« Le calame est levé pour trois personnes : le dormeur jusqu’à ce qu’il se réveille, l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne la puberté, et le fou jusqu’à ce qu’il recouvre la raison. » (Abû Dâwûd) — il a tout de même été rapporté que le Prophète () demandait pardon pour les enfants. Dans les Sunan d’Abû Dâwûd, Abû Hurayra rapporte :
« Le Messager d’Allah () a accompli la prière funéraire sur un défunt et dit : “Ô Allah, pardonne à nos vivants et à nos morts, à nos petits et à nos grands.” »
Ibn Raslân commente dans son Sharh Sunan Abî Dâwûd :
« (Il dit : Ô Allah, pardonne à nos petits et à nos grands) — cela montre qu’il est permis de demander pardon pour les enfants, même s’ils n’ont commis aucun péché. »
Al-Tahâwî ajoute dans Sharh Mushkil al-Âthâr :
« Le Prophète () demandait pardon pour les enfants sans péché, comme il le faisait pour les adultes, afin qu’Allah leur pardonne les fautes qu’ils commettront après leur majorité ; ainsi, ces fautes seront effacées par avance et ils n’en seront pas tenus responsables. »


Concernant votre question : le pardon divin englobe-t-il l’absence de châtiment dans ce monde et dans l’au-delà ?
Lorsqu’Allah, par Sa miséricorde, accorde le pardon, nous espérons qu’il inclut l’effacement des sanctions dans ce monde et dans l’au-delà.
Ibn Taymiyya dit dans ses Fatâwâ al-Kubrâ :
« En vérité, nous affirmons que le repentant ne sera pas châtié, ni dans ce monde ni dans l’au-delà, ni selon la Loi ni selon le décret divin. »
Il ajoute :
« Lorsque le péché est pardonné, sa conséquence est annulée, car le pardon consiste à préserver du mal du péché. »
Et encore :
« La punition ne touche que celui qui ne se repent pas ; elle peut être effacée par la demande de pardon, la bienfaisance, l’épreuve, l’intercession ou la miséricorde. »
De même, Ibn Rajab écrit dans Jâmi‘ al-‘Ulûm wal-Hikam :
« Le pardon n’existe que lorsque toute punition et toute rétribution sont levées, car il consiste à écarter totalement le mal du péché. »
Mais la réalisation effective du pardon reste une affaire du monde invisible (ghayb) ; le croyant doit donc se concentrer sur la repentance, la demande de pardon et l’espérance en la miséricorde divine. Celui qui obtient le pardon reçoit, par la grâce d’Allah, tout bien dans ce monde et dans l’au-delà.


Quant à votre dernière question : dois-je limiter ma demande de pardon aux musulmans de cette communauté, ou puis-je l’étendre à tous les croyants des autres nations ?
La demande de pardon s’adresse à tous les croyants, qu’ils fassent partie de cette communauté ou des nations précédentes. Elle inclut également ceux des peuples antérieurs qui ont cru en leurs prophètes, ainsi que ceux qui ont cru au Prophète Mohammed () après sa mission.
Al-Qurtubî commente le verset :
« Seigneur, pardonne-nous ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi » (Coran 59/10) —
en disant :
« Ce verset comporte deux sens : le premier, qu’ils ont été commandés de prier pour les croyants des anciennes communautés parmi les Gens du Livre ; le second, qu’il s’agit des premiers croyants parmi les émigrés et les auxiliaires. »
Al-Baghawî ajoute :
« L’expression et pour les croyants et les croyantes (Coran 47/19) est générale et inclut tous ceux qui ont cru en Allah et aux messagers. »
Ainsi, demander pardon pour tous les croyants est un acte immense et méritoire.
Allah dit :
« Implore le pardon pour ton péché et pour les croyants et les croyantes. » (Coran 47/19)
Et dans le hadith rapporté par Al-Tabarânî d’après ‘Ubâda ibn al-Sâmit, le Prophète () a dit :
« Quiconque demande pardon pour les croyants et les croyantes, Allah lui inscrit pour chacun d’eux une bonne action. » Al-Haythamî a dit dans Majma‘ al-Zawâ’id que l’isnâd de ce hadith est bon.

 

Et Allah sait mieux.
 

www.islamweb.net