Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le hadith authentique établit effectivement ce jugement au sujet du combattant dans le sentier d’Allah et de celui qui reste en arrière, si ce dernier le trahit en portant atteinte à son honneur en commettant la fornication avec son épouse. Le statut particulier du combattant lui confère un droit immense sur son frère et son voisin, qui sont tenus d’être un soutien pour lui et un remplaçant auprès de sa famille durant son absence.
Dans Sahîh Muslim et ailleurs, il est rapporté d’après Burayda que le Messager d’Allah (
) a dit :
« L’honneur des femmes des combattants est sacré pour ceux qui restent chez eux comme l’honneur de leurs propres mères. Aucun homme restant chez lui ne prend la place d’un combattant auprès de sa famille pour ensuite le trahir, sans qu’il ne soit arrêté pour lui au Jour de la Résurrection : le combattant prendra alors de ses œuvres pieuses ce qu’il voudra. Pensez-vous (qu'il lui en laissera une seule) ? »
Al-Qurtubî dit dans Al-Mufhim :
« Il ressort de ce hadith que trahir le combattant au sujet de sa famille constitue la plus grave des trahisons. Car dans toutes les autres formes de trahison, la victime ne prend qu’une part déterminée des bonnes actions du traître ; tandis qu’ici, il peut en prendre autant qu’il le souhaite. » Fin de citation.
Quant à ce qui concerne les personnes autres que le combattant, certains récits ont été mentionnés mais n’ont aucune base solide. Il semble qu’ils soient composés de paroles de conteurs, car leur formulation ne ressemble pas à celle du Prophète (
) et présente les caractéristiques des récits fabriqués. On n’en connaît aucune chaîne de transmission valide. Parmi ces récits figure ce qu’ont rapporté Adh-Dhahabî dans Al-Kabâ’ir et Ibn Hajar al-Haytamî dans Az-Zawâjir, sans les attribuer à une source fiable. On y lit notamment :
« Il a également été rapporté que celui qui commet la fornication avec une femme mariée portera avec elle dans la tombe la moitié du châtiment de cette communauté ; puis, au Jour de la Résurrection, Allah permettra au mari lésé de faire ce qu’il veut de ses bonnes actions… » Fin de citation.
Or, bien que de nombreux textes mettent en garde contre la fornication en général, et contre la fornication avec l’épouse du voisin en particulier, aucun ne mentionne qu’Allah confierait au mari lésé la gestion des bonnes actions de l’homme qui a commis l’adultère avec sa femme. Le hadith rapporté par Mouslim, quant à lui, peut englober cette idée par son sens général, en ce qu’il établit le principe selon lequel la victime prend des bonnes actions de l’injuste en raison de l’atteinte portée à son honneur. Ce principe est confirmé dans de nombreux textes généraux concernant l’atteinte à l’honneur, aux biens ou à la vie, notamment dans le hadith relatif au « failli » (al-muflis), rapporté également par Mouslim.
Quant au sort du fornicateur au Jour de la Résurrection s’il s’est repenti dans ce monde, son affaire est entre les mains d’Allah. Il ne lui reste d’autre issue que la repentance sincère, l’abondance des bonnes œuvres et la bienfaisance envers le mari lésé.
Ibn Taymiyya dit dans Majmû‘ al-Fatâwâ :
« La fornication avec la femme d’autrui implique deux droits distincts, chacun constituant à lui seul une cause d’interdiction. La turpitude est interdite en raison du droit d’Allah — même si le mari y consentait — et l’injustice faite au mari en portant atteinte à son épouse est interdite en raison de son droit à lui. Ainsi, même si le droit d’Allah est levé par la repentance, le droit du mari lésé ne tombe pas, tout comme si l’on avait lésé quelqu’un en prenant ses biens : se repentir concernant le droit d’Allah ne suffit pas à effacer le droit de la victime. C’est pourquoi il est permis à un mari, si son épouse commet l’adultère, de l’accuser et d’engager la procédure de li‘ân, et de chercher à ce qu’elle soit punie par la lapidation. » Fin de citation.
Dans Hâshiyat ash-Sharwânî sur Tuhfat al-Muhtâj, on lit :
« J’ai ensuite vu que Al-Ghazâlî a dit, à propos de celui qui trahit un homme dans sa famille ou ses enfants : il n’y a aucune justification à rechercher son pardon publiquement, car cela engendrerait discorde et colère ; mais qu’il se tourne plutôt vers Allah pour qu’Il incline le cœur de cet homme à lui pardonner. » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.