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L'interdiction du Riba (Première partie)

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Plusieurs définitions ont été données au terme Riba selon que l'on voulait restreindre la portée de son interdiction dans le domaine de l'activité économique ou, au contraire, l'étendre.

Le terme arabe "Riba " est tiré du verbe "Raba" qui signifie "accroître", "augmenter".

Il existe des avis juridiques divergents sur la nature de l'interdiction proprement dite ; mais la très grande majorité des juristes prédécesseurs et contemporains établissent qu'il s'agit de la prohibition formelle de tout taux d'intérêt et de toute usure. Parce que l'idée qui sous-tend la notion de Riba est celle d'un accroissement sans service ou travail rendu : un accroissement du capital par et sur le capital lui-même. On considère également qu'il existe une forme de Riba dans des situations d'échanges inégaux : "c'est l'usure sur les échanges" ou "sur les ventes" qui s'appuie sur le célèbre Hadith du Prophète : « Du blé pour du blé à part égale et de main à main ; le surplus étant de l'usure. De l'orge pour de l'orge à part égale et de main à main, le surplus étant de l'usure. Des dattes pour des dattes à part égale et de main à main, le surplus étant de l'usure. Du sel pour du sel à part égale et de main à main ; le surplus étant de l'usure. De l'argent pour de l'argent à part égale et de main à main, le surplus étant de l'usure. De l'or pour de l'or à part égale, de main à main, le surplus étant de l'usure. »

Il résulte de ce Hadith l'idée de l'égalité et de la simultanéité dans l'échange avec comme objectif que les termes de l'échange soient très clairs pour les deux parties.

De nombreux Hadiths apportent des précisions qui insistent sur l'importance des conditions de l'échange et dont les juristes ont extrait l'interdiction formelle de spéculer pour toutes les écoles sunnites et ce malgré des divergences d'interprétation sur certains types de procédures économiques ou financières. La conclusion de Hamid Algabid, ancien premier ministre de la République du Niger et Secrétaire général de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) est claire et juridiquement exacte :

« Qu'il s'agisse d'usure sur les prêts d'argent ou sur les échanges, la minutie des interdictions et des obligations dans la Sunna montre que l'accumulation est rigoureusement condamnée sous toutes ses formes, qu'en sont 'pourchassées' toutes les occasions, parfois très improbables. La transparence de la chose prêtée et de la chose rendue, de la chose vendue et du prix payé est une règle absolue : transparence sur l'objet lui-même, transparence dans le temps. La spéculation est bannie tout comme l'enrichissement sans cause, c'est-à-dire l'accroissement de valeur sans contrepartie légitime (due au travail, au conditionnement, au transport, à la préparation...) de la chose objet de l'échange. » (Hamid Algabid, Les banques islamiques )

Ce qui apparaît donc sur le plan strictement économique est une double interdiction contenue dans la notion de Riba dès lors qu'on la comprend dans son sens coranique (accroissement de biens sans service rendu) : interdiction de l'intérêt sur le capital, interdiction de l'intérêt sur les échanges qui sont basé sur la spéculation, le monopole ou autres "conditions d'inégalité", n'est plus un bénéfice qui relèverait d'un commerce honnête. Ce sont là les principes généraux de l'interdiction et chaque époque devra considérer les pratiques économiques en cours afin de mesurer leur degré d'adéquation aux principes. Il est clair, de fait, que la définition même du Riba sera fonction du type d'activités qui naîtra des situations historiques et vis-à-vis duquel le champ d'application de sa définition pourra s'étendre.

C'est ce que relève très justement Roger Garaudy en ajoutant, pour ce qui est de la définition, la priorité de la portée morale de cette interdiction : « Si donc nous ne cherchons pas un contenu économique à la notion de 'Riba ' ..., nous pouvons néanmoins, avec assez de clarté, en préciser le contenu moral selon la cohérence du message : si Dieu seul possède, et si l'homme n'est que le gérant responsable de cette propriété, en sa qualité de Calife, il ne peut usurper la propriété de Dieu pour en faire usage à son seul profit, indépendamment de la volonté de Dieu et des intérêts prioritaires de la communauté. Le 'Riba ', c'est donc toute richesse s'accroissant sans travail au service de Dieu ou s'accroissant au détriment de la communauté ou des autres par l'exploitation d'autrui. »

L'insertion de cette notion dans l'ordre moral qui rappelle les deux dimensions transcendante et communautaire est de première importance et est sans doute l'objectif essentiel de cette interdiction. Il ne s'agit pas en effet d'étouffer l'activité humaine, bien au contraire ; mais il est question de la rendre juste, équitable, de "séparer le bon grain de l'ivraie".

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