Les avis des différentes écoles quand pour ses ablutions un fidèle met sa main dans l’eau qu’il n’a qu’en petite quantité
Fatwa No: 417559

Question

Je suis dans une situation où je suis gêné quand je fais mes ablutions ou le bain rituel par rapport à la question de l’eau qui est déjà utilisé et l’intention quand on puise de l’eau dans le creux de sa main. Au cours de mes ablutions, je me lave le visage avec mes deux mains en puisant de l’eau dans le récipient, et je les mets aussi dans le récipient pour les mouiller quand je m’apprête à essuyer ma tête et mes chaussettes. J’émets l’intention de prendre de l’eau dans mes mains à chaque fois de façon à ce que l’eau que j’utilise ne soit pas considérée comme une eau qui a déjà été utilisée. J’en suis venu à être sujet à des insufflations sataniques importantes. C’est la même chose quand je me lave le visage. Il y a de l’eau sur mon visage et alors que je le frotte, l’eau tombe sur mes mains pour revenir sur mon visage. Parfois, je le lave à nouveau pour m’assurer que cela n’arrive pas.
Quand je fais mon bain rituel par exemple, je lave mon torse et de l’eau coule sur mon ventre ou même jusqu’à mes cuisses. Doit-on considérer cela comme de l’eau qui a quitté un membre du corps et serait donc une eau qui a été utilisée ?
Cette question relative à l’eau qui a été utilisée et le fait de puiser de l’eau dans le récipient est-elle présente uniquement dans l’école shaféite dans laquelle une divergence bien connue existe à ce sujet ? Ce que j’ai fait est-il juste ou exagéré ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Tout le corps est considéré comme un seul organe que cela soit dans le cas où on fait ses ablutions ou le bain rituel. On ne considère pas que l’eau a été utilisée que dans le cas où elle s’est dissociée du corps. 

Ainsi donc, quand le fidèle fait ses ablutions mineures ou majeures et qu’il verse de l’eau sur son corps, l’eau qui tombe du haut vers le bas de son corps n’est pas considérée comme ayant été utilisée car elle ne s’est pas dissociée de son corps.

Dans le livre Kashshâf al-Qinâ’, de son auteur al Bahûtî le hanbalite, il est dit : Cheikh Taqî al-Dîn a dit dans Sharh Al-‘Umdat : Tant que l’eau coule sur le corps du fidèle qui fait son bain rituel ou sur un membre au cours des ablutions et que cette eau reste en contact avec le corps, alors cette eau n’est pas considérée comme ayant été utilisée. Il en est ainsi tant qu’elle ne s’est pas dissociée complètement du corps. C’est le cas quand le fidèle en état d’impureté majeur rince ses cheveux et que l’eau tombe sur une autre partie de son corps, ou qu’un fidèle qui n’a pas ses ablutions essuie sa tête avec ses mains mouillées après les avoir lavées. L’eau en question est alors considérée comme ayant été utilisée selon une des deux versions de l’école hanbalite. C’est également le cas si l’eau se dissocie de la partie du corps à purifier. La deuxième version de l’école, qui est la plus juste, indique que cette eau n’est pas considérée comme ayant été utilisée. Fin de citation. Al Nawawi qui est shaféite dit dans son livre Al-Majmû’ : Ce n’est qu’après que l’eau se soit dissociée du membre du corps lavé qu’elle prend le statut d’une eau utilisée. Or, tout le corps du fidèle en état d’impureté majeur est considéré comme un seul membre. C’est pour cela que quand on fait le bain rituel, il n’y a pas d’ordre à établir concernant les membres du corps. Fin de citation.

Les hanafites ont dit la même chose sur cette question.

Quant aux malékites, ils considèrent que l’eau utilisée est suffisante pour se purifier si sa nature n’a pas changé. Selon ce qui vient d’être dit, ce que vous faîtes n’est pas juste. C’est une attitude qui est également excessive. L’eau qui coule du visage après l’avoir lavé et qui touche d’autres membres du corps n’est pas considérée comme une eau utilisée. Ceci au cours des ablutions. Il en est de même au cours du bain rituel quand l’eau coule de la tête ou de la poitrine vers le bas du corps, on ne considère pas qu’elle est utilisée. Pour ce qui est plus précisément de l’intention à émettre quand on puise de l’eau de ses mains dans un récipient, ceci selon l’école shaféite, il s’agit du cas particulier où le récipient contient moins de 160 litres. Cette question est objet de développement chez les savants de cette école.

Al Nawawi dit dans son livre Al-Majmû’ : Si, avant d’avoir lavé son visage, le fidèle qui accomplit ses ablutions plonge ses mains dans un récipient qui contient moins de 160 litres d’eau, alors l’eau du récipient n’est pas considérée comme ayant été utilisée, que le fidèle ait eu l’intention de se purifier ou non. Mais s’il plonge ses mains dans le récipient après s’être lavé le visage, soit au moment de se laver les mains jusqu’aux coudes, cette question est objet d’un développement qui a été mentionné par Imâm al Hramayn, Al-Juwayni, ainsi que plusieurs savants de la région de Khorâsân. Ils ont dit : Si en plongeant ses mains dans le récipient, il avait l’intention de les purifier, alors l’eau est considérée comme utilisée. La première partie de la main, la paume, n’est plus impure conformément à l’intention du fidèle. La deuxième partie de la main qui va jusqu’au coude est-elle purifiée ? Cette question est objet de divergence. L’avis de référence de notre école (shaféite) est qu’elle est purifiée. Par contre, si en plongeant sa main dans le récipient le fidèle avait uniquement l’intention d’en puiser, alors l’eau du récipient n’est pas considérée comme ayant été utilisée. Et s’il plonge ses mains mais sans être animé par une intention particulière, que ce soit les laver ou prendre de l’eau du récipient, alors l’eau du récipient est considérée comme utilisée.

C’est l’avis le plus connu et au sujet duquel l’imam Shafi’î et la majorité des savants sont certains. Car celui qui avait une intention puis ne sait plus quelle était cette intention et poursuit ses ablutions, alors ces ablutions sont valides. Ghazâli dit aussi que c’est l’avis le plus connu. Fin de citation. 

Toutefois, cette question ne fait pas l’objet d’un consensus, certains savants ayant un avis différent : Ibn Qudâma a dit dans son ouvrage Al-Mughnî : Si un fidèle au cours de ses ablutions, alors qu’il ne dispose que d’une petite quantité d’eau, plonge sa main dans le récipient pour en puiser et se laver les mains, cela n’aura aucune incidence sur l’eau. Un des tenants de l’école shaféite a dit : L’eau est considérée comme utilisée si le fidèle en puise dans le récipient car c’est l’endroit où il se les lave et il avait l’intention de faire ses ablutions en se les lavant. Ce cas ressemble donc plus à celui qui les y a plongées en ayant l’intention de se les laver dedans. Pour appuyer notre propos, nous pouvons citer le hadith de Abdullah ibn Zayd en décrivant les ablutions du Prophète () il a demandé à ce que lui soit apporté un récipient, puis il en poursuivit la description jusqu’à dire : il lava son visage à trois reprises, puis entra sa main dans le récipient et l’en sortit et lava ses deux mains jusqu’aux coudes.

Mais ce qu’il a dit n’est pas juste. Celui qui a introduit sa main dans le récipient ne voulait qu’en puiser de l’eau et non les laver. Son cas est plus semblable à celui d’un fidèle en état d’impureté majeur qui entre dans un puit pour y remonter un seau. Il n’avait pas d’autre objectif que de remonter le seau. Or, dans ce cas, l’intention du fidèle de puiser de l’eau du récipient prévaut sur celle de se purifier, ce qui l’exclut d’office. Fin de citation.

Et Allah sait mieux.

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