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La demande de pardon de Prophète

La demande de pardon de Prophète ()

Ce qu’on nomme en arabe Al-Istighfâr signifie la demande de pardon par la langue et le cœur. Cette demande de pardon fait partie des formules d’évocation d’Allah dont la récompense est grande en raison de ce qu’il en résulte de l’effacement des péchés et de leur pardon. Allah dit : « Quiconque agit mal ou fait du tort à lui-même, puis aussitôt implore d'Allah le pardon, trouvera Allah Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran 4 ; 110). La demande de pardon permet d’attirer à soi les bienfaits et de repousser la colère divine. Et aussi, d’obtenir miséricorde et subsistance : « J'ai donc dit : « Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur, pour qu'Il vous envoie du ciel, des pluies abondantes, et qu'Il vous accorde beaucoup de biens et d'enfants, et vous donne des jardins et vous donne des rivières. » (Coran 71 ; 10-12). Allah dit en nous parlant de Hûd () : « O mon peuple, implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui pour qu'Il envoie sur vous du ciel des pluies abondantes et qu'Il ajoute force à votre force. Et ne vous détournez pas [de Lui] en devenant coupables. » (Coran 11 ; 52). Il dit aussi : « Demandez pardon à votre Seigneur; ensuite, revenez à Lui. Il vous accordera une belle jouissance jusqu'à un terme fixé, et Il accordera à chaque méritant l'honneur qu'il mérite. Mais si vous tournez le dos, je crains alors pour vous le châtiment d'un grand jour. » (Coran 11 ; 3). Et encore : « Il dit : « O mon peuple, pourquoi cherchez-vous à hâter le mal plutôt que le bien ? Si seulement vous demandiez pardon à Allah ? Peut-être vous serait-il fait miséricorde. » (Coran 27; 46).

Notre Prophète () demandait souvent à son seigneur de lui pardonner. Il ne laissait aucun moment s’écouler sans L’évoquer ou implorer Son pardon. Et bien que ses péchés passés et futurs lui soient pardonnés, il était un serviteur reconnaissant, plein de gratitude envers son créateur. Il était un Prophète qui louait son seigneur. Allah dit : « afin qu'Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu'Il parachève sur toi Son bienfait et te guide sur une voie droite. » (Coran 48 ; 2). Ibn Kathir a dit : « d'après Anas, le verset : « afin qu'Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs » fut révélé au Prophète () alors qu'il revenait, d'Al-Hudaybiyyah. Il dit : « En vérité, m'ont été révélés des versets plus chers à mes yeux que tout ce qui se trouve sur terre. » Il lut ces versets aux compagnons qui dirent : « Toutes nos félicitations, Messager d'Allah ! On t'a montré ce qui t'est réservé. Mais, que nous est-il réservé à nous ? » Allah fit alors descendre ce verset qui vient peu après : « Afin qu'Il fasse entrer les croyants et les croyantes dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, où ils demeureront éternellement et afin de leur effacer leurs méfaits. Cela est auprès d'Allah un énorme succès. » (Coran 48 ; 5). » (Boukhari et Mouslim).

Selon ‘Aïcha - qu’Allah soit satisfait d’elle : « Quand le Messager d’Allah faisait la prière, il restait si longtemps debout que ses pieds se fissuraient. Messager d’Allah ! A-t-elle fait remarquer, tu fais cela alors qu’Allah t’a effacé tes péchés passés et futurs ? ‘Aïcha ! A-t-il rétorqué, ne m’appartient-il pas d’être un serviteur reconnaissant ? » (Mouslim).

Il est bien connu et rapporté de source sûre dans la biographie prophétique et la tradition que sa langue ne cessait d’évoquer Allah et d’implorer son pardon. Les hadiths allant dans ce sens sont légions. Parmi ces hadiths, citons les suivants :

Abou Horayra, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte avoir entendu le Messager d'Allah () dire : « Par Allah ! J'implore le pardon d'Allah et je me repens à Lui plus de soixante-dix fois par jour. » (Boukhari).

Ibn Omar, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporte : « Nous entendions le Messager d'Allah () dire jusqu'à cent fois dans une seule assemblée : Seigneur ! Pardonne-moi et accepte mon repentir. Tu es le Très Miséricordieux, Celui Qui agrée le repentir (rabb-ighfir lî, wa tub `alayya, innaka antat-tawwâbur-rahîm). » Abou Daoud, et jugé authentique par Al-Albânî).

Selon Zubayr, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « Que celui qui souhaite que le registre de ses œuvres le réjouisse, qu’il demande pardon à son Seigneur. » (Tabarani et jugé authentique par Al-Albânî).

Les formules de demande de pardon :

On peut demander le pardon au Seigneur par toute formule qui le signifie. Le mieux étant de dire ce qui a été rapporté du Prophète (). Parmi ces formules :

Selon Thawbân, qu’Allah soit satisfait de lui : « Après avoir terminé sa prière, le Prophète () implorait le pardon d'Allah à trois reprises. »

Selon Ali, qu’Allah soit satisfait de lui : « Parmi les dernières paroles que prononçait le Messager d'Allah () à la fin de la salât, entre le tachahhud et les salutations finales, il y avait : Allah ! Pardonne-moi mes péchés passés et futurs, ceux commis en secret et ceux commis en public, ceux commis à outrance, et ceux que Tu connais mieux que moi. C'est Toi Qui élèves ou Qui rabaisses. Pas de divinité digne d'être adorée en dehors de Toi (allâhumma-ghfir lî mâ qaddamtu wa mâ akh-khartu, wa mâ asrartu, wa mâ a'lantu, wa mâ asraftu, wa mâ anta a'lamu bihi minnî, antal-muqaddimu, wa antal-muakh-khiru, lâ ilâha illâ anta). » (Mouslim).

D'après Zayd ibn Hâritha, qu’Allah soit satisfait de lui, le Messager d'Allah () a dit : « Celui qui dit : J'implore le pardon d'Allah, en dehors de qui il n'y a pas de divinité digne d'être adorée, le Vivant Qui subsiste par Lui-même (al-Qayyum), et je me repens à Lui (astaghfir-ullâh-alladhî lâ ilâha illâ huw-al-hayyul-qayyûm, wa atûbu ilayh), verra ses péchés effacés même s'il avait fui le champ de bataille. » (Tirmidhi et jugé authentique par Al-Albânî).

Quant à la meilleure façon de demander le pardon d’Allah, il s’agit de ce que rapporte Shaddâd ibn Aws, qu’Allah soit satisfait de lui, le Messager d'Allah () a dit : « La meilleure manière d'implorer le pardon d'Allah est de dire : Allah ! Tu es mon Seigneur, il n'y a pas de divinité digne d'adoration en dehors de Toi, Tu m'as créé et je suis Ton serviteur, je suis autant que possible fidèle à mon engagement et à ma promesse. Je cherche refuge auprès de Toi contre le mal que j'ai commis, je reconnais devant Toi Tes bienfaits envers moi et je reconnais mes péchés. Alors pardonne-moi, car nul autre que Toi ne pardonne les péchés (allâhumma anta rabbî, lâ ilâha illâ anta, khalaqtanî wa anâ `abduk, wa anâ `alâ `ahdika wa wa'dika mastata't, a'udhou bika min charri mâ sana't, abu-ou laka bini'matika `alayy, wa abu-ou bi dhanbî faghfir lî fa innahu lâ yaghfirudh-dhunûba illâ ant)''. Le Prophète () ajouta : Celui qui prononce cette invocation dans la journée, avec sincérité et certitude, puis meurt avant la nuit, entrera au paradis. Et celui qui la prononce la nuit, avec sincérité et certitude, puis meurt avant que le jour ne se lève, entrera au paradis. » (Boukhari).

Les hadiths authentiques qui mentionnent les formules de demande de pardon du Prophète () sont nombreuses.

Information complémentaire :

Il est possible qu’une personne se demande pourquoi le Prophète () demandait pardon alors qu’il est immunisé contre l’erreur ? Il peut même se référer aux deux hadiths suivants pour appuyer son interrogation :

Le premier : D'après Abou Mûssâ, qu’Allah soit satisfait de lui, il arrivait au Prophète () d'invoquer Allah en ces termes : « Allah ! Pardonne-moi mes péchés, mon ignorance, mes transgressions, ainsi que ce que Tu connais mieux que moi. Allah ! Pardonne-moi mes péchés commis sérieusement ou en plaisantant, involontairement ou délibérément, car tout cela existe en moi. Allah ! Pardonne-moi mes péchés passés et futurs, ceux commis en secret ou en public, et ceux que Tu connais mieux que moi. C'est Toi Qui élèves ou Qui rabaisses et Tu es capable de toute chose (allâhumm-aghfir lî khatîatî, wa jahlî, wa isrâfî fî amrî, wamâ anta a'lamu bihi minnî, allâhumm-aghfir lî jiddî wa hazlî, wa khataî wa `amdî, wa kullu dhâlika `indî, allâhumm-aghfir lî mâ qaddamtu wamâ akhkhartu, wamâ asrartu, wamâ a'lantu, wamâ anta a'lamu bihi minnî, antal-mouqaddimu wa antal-muakhkhiru, wa anta `alâ kulli chayin qadîr). » (Mouslim).

Le deuxième : « Il arrive parfois à mon cœur de se laisser distraire [du dhikr]. J'implore alors le pardon d'Allah (istighfâr) cent fois dans une même journée. » (Mouslim).

La réponse se trouve dans l’explication du recueil de hadith de Ibn Mâjah : « La demande de pardon du Prophète, bien que ses péchés passés et futurs lui étaient pardonnés, n’a pas pour objectif que ses péchés lui soient ordonnés. Les prophètes sont immunisés contre les péchés majeurs et mineurs selon l’avis le plus juste à ce sujet. »

Nawawi explique ses propos prophétiques ainsi : « Le Cadi ‘Iyâd a dit : ces propos ont été expliqués de plusieurs façons dont celles-ci : Certains ont affirmé qu’il s’agit des périodes durant lesquelles le Prophète () était distrait du rappel d’Allah qu’il avait pour habitude d’évoquer en permanence. Le fait de cesser de l’évoquer ou d’en être distrait était considéré, le concernant, comme un péché pour lequel il devait demander pardon au Seigneur. D’autres ont dit qu’il s’agit de ses soucis pour sa communauté et de ce qu’on lui a permis de voir de leur situation après sa mort. Il implorait donc le pardon pour eux. D’autres ont dit que la raison est qu’il était préoccupé à réfléchir aux affaires de la communauté et de ses intérêts, à combattre ses ennemis, à les gérer, à gagner le cœur des gens et autres. Il était donc occupé à gérer ses affaires mondaines au détriment du haut rang qui est le sien. Il considérait cela, le concernant, comme un péché, eu égard à son statut élevé. Ceci, bien que toutes ces occupations font partie des meilleurs actes d’obéissance au seigneur et des meilleures œuvres. Malgré cela, ces occupations contribuent à déprécier le rang qui est le sien et le ramener vers des degrés plus bas que celui qu’il est censé occuper, en présence de son Seigneur, à attester de Sa grandeur, observer une attitude irréprochable, et être entièrement consacré à Lui en dehors de toute autre chose. Il demandait donc pardon pour cela. »

Qortobî a dit dans l’exégèse de ce verset : « « Endure donc, car la promesse d'Allah est vérité, implore le pardon pour ton péché et célèbre la gloire et la louange de ton Seigneur, soir et matin. » (Coran 40 ; 55), certains ont expliqué ce verset ainsi : Il s’agit des péchés commit par sa communauté. D’autres savants qui considèrent qu’il est possible que les prophètes commettent des petits péchés ont affirmé qu’il s’agissait de ses péchés mineurs. Ceux qui considèrent qu’il n’est pas possible que les prophètes commettent des péchés ont dit qu’il s’agissait d’un pur acte d’adoration par le biais d’invocation. Comme il est dit dans le verset : « Donne-nous ce que Tu nous as promis par Tes messagers. » (Coran 3 ; 194), l’intérêt à le faire est que cela l’élève davantage en degrés et que cette invocation constitue une tradition instituée pour sa communauté après lui ».

Ibn Hajar a dit dans Fath Al-Bârî : « Le Cadi ‘Iyâd dit qu’il est possible que les propos : « pardonne-moi mes péchés » et « pardonne-moi mes péchés passés et futurs » sont prononcés par humilité, abaissement et modestie, par gratitude aussi envers son Seigneur vu qu’il sait qu’il a déjà été pardonné. »

La demande de pardon est une invocation et un acte d’adoration. Le fait que le Prophète () demandait souvent pardon alors que ses péchés passés et futurs lui étaient pardonnés s’explique par le fait qu’il s’agissait pour lui d’un acte d’adoration, de degrés supplémentaires auprès de son Seigneur, d’un enseignement pour sa communauté afin qu’elle le prenne en exemple dans le nombre de ses demandes de pardon.

Nawawi a dit : « Sa demande de pardon avait pour but de mettre en évidence sa servitude et sa dépendance d’Allah, son recueillement constant et sa gratitude pour ce que son Seigneur lui a donné. »

Qastallânî a dit dans son Irshâd Al-Sârî Li-Sharh Sahih Al-Bukhârî : « Sa demande de pardon avait pour but de mettre en évidence sa servitude et sa dépendance envers son Seigneur, ou à titre d’enseignement pour sa communauté, ou alors parce qu’il a délaissé un acte qui avait plus de mérite qu’un autre. Il a pu aussi le dire par humilité ou encore, vu qu’il était constamment en train de s’élever vers des degrés de proximité du Seigneur, il implorait le pardon à chaque fois qu’il s’élevait d’un degré et voyait celui qu’il venait de quitter. »

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