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Un lourd dilemme familial : choisir entre sa fille ou son mari

Question

Salam alaykum,
Lorsque j’ai connu mon mari, j’étais divorcée et j’avais trois enfants, presque ados. La vie n’a pas été facile, mais je savais une chose : si Allah avait mis cet homme sur mon chemin, il devait y avoir une bonne raison. J’ai voyagé beaucoup avec lui, en très peu de temps, j’ai presque fait le Maroc entièrement. Il faut savoir que j’avais un travail (enseignante), une maison, et j’ai tout abandonné pour partir vivre au Maroc. J’avais envie de refaire totalement ma vie avec mes enfants là-bas. Mais hélas, pour certaines raisons, j’ai dû revenir en Belgique. Essentiellement des raisons de scolarité de mes enfants et raisons financières…
Avant qu’il n’obtienne son visa pour la Belgique, pendant un an je me suis rendue au Maroc tous les 15 jours, car les autres jours, j’avais la garde de mes enfants. Et puis, un beau jour, mon mari a obtenu son visa, c’était en septembre 2011. Nous étions si heureux. Je l’ai accueilli dans la maison dans laquelle je vivais à l’époque et nous avons commencé à faire notre vie en famille. Et là, les épreuves ont commencé…
Mon mari a eu énormément de mal à décrocher un emploi… Ah le racisme dans ce pays, vous connaissez ! Encore aujourd’hui, mis à part de temps en temps des petits boulots par-ci par-là, rien de bien concret. Il restait donc à la maison, la plupart du temps dans sa chambre. Et là a commencé la descente aux enfers. Le manque de travail, l’ennui, les soucis de tribunaux avec mon ex-mari pour la garde des enfants et les pensions, et surtout, surtout, mon mari qui ne s’entend pas du tout avec ma plus grande, et ce depuis le début. Pourquoi ? Parce que ma grande a été élevée en Belgique, aux coutumes belges et allez dire aujourd’hui à une jeune fille de 16 ans qu’on ne peut pas parler aux garçons, qu’on n’a pas le droit de sortir, qu’il faut s’habiller correctement (dans le sens cacher son corps)… et surtout qu’il faut obéir à son beau-père ! Chose que ma fille refuse catégoriquement. Et de fil en aiguilles, la situation a empiré. Mon mari s’énervant très vite, un jour, une dispute a mal tourné. Depuis, mes enfants sont suivis par la Service de Protection Judiciaire car ils sont jugés « en danger » parce qu’un jour mon mari a donné une claque à une de mes filles et puis aussi parce que leur père craint un endoctrinement religieux.
Aujourd’hui, toutes les semaines, nous sommes suivis par des équipes éducatives et si la sanction s’avère plus grave, mes enfants seront tous placés en famille d’accueil.
Mais si je vous écris cela aujourd’hui, c’est parce qu’il s’est produit un événement très important. Je suis actuellement enceinte de 2 mois et mon mari est parti au Maroc et m’a posé un ultimatum : je reviendrai à la maison si ta fille aînée ne vit plus là. Je dois faire un choix : mon mari ou ma fille. Je suis totalement perdue, je souffre à en pleurer tous les jours… Et je sais que je le regretterai, mais j’ai fait le choix de laisser partir ma fille et garder mon mari. Ma fille part vivre chez son père, contre sa volonté. Cela me brise le cœur. Mon mari ne veut plus que j’ai aucun lien avec ma fille pour le moment, ni ses sœurs… Et le pire, c’est qu’une fois que j’aurais accouché, mon mari ne veut même pas que ma fille approche notre bébé. Je suis totalement déprimée… A-t-on le droit de demander un tel choix à une mère ? A-t-on le droit de faire cela en islam ? Jamais je n’ai pensé en arriver là.
Allah m’envoie des épreuves si dures, pourquoi ? J’ai tellement besoin de conseils. Je n’ai parlé à personne de cette histoire car je n’ai pas d’amies, je reste seule chez moi, sans parler à quiconque… Qu’auriez-vous fait à ma place ? Entre le respect et l’obéissance à son mari et le bien-être de votre enfant ? Le choix m’a déchiré le cœur. Vous laisseriez-vous couper le pied droit ou le pied gauche ? Il faut choisir !! Voilà le genre de dilemme auquel j’ai été confrontée. Et aujourd’hui ma fille m’appelle tous les jours en me suppliant de la reprendre car elle ne se plait pas chez son père

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

Tout d'abord, nous implorons Allah, exalté soit-Il, de dissiper vos soucis, de vous faciliter votre situation et de régler le problème entre vous et votre mari, car notre Seigneur est bien proche et Il répond toujours (aux appels). Nous vous conseillons de vous tourner vers Allah et de multiplier les supplications. Il répond certes à l'invocation de l'angoissé et dissipe le mal. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« N'est-ce pas Lui qui répond à l'angoissé quand il L'invoque, et qui enlève le mal, et qui vous fait succéder sur la terre, génération après génération, - Y a-t-il donc une divinité avec Allah ? C'est rare que vous vous rappeliez ! » (Coran 27/62)

Vous savez sans aucun doute qu'Allah, exalté soit-Il, est le Créateur et que la création est Sa création tout comme le commandement est Son commandement. Il juge donc comme Il l'entend, fait ce qu'Il désire et personne ne Lui demande de compte. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « C'est Allah qui juge et personne ne peut s'opposer à Son jugement, et Il est prompt à régler les comptes. » (Coran 13/41). Allah, exalté soit-Il, ne fait rien sans sagesse. Si vous désirez connaître la sagesse derrière les épreuves, sachez que l'une des plus grandes sagesses sous-jacentes est qu'Allah, exalté soit-Il, éprouve Ses serviteurs afin de connaître ceux d'entre eux qui sont sincères et patients. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d'entre vous qui luttent [pour la cause d'Allah] et qui endurent […] » (Coran 47/31).

Une autre sagesse derrière les épreuves consiste en le fait qu'Allah, exalté soit-Il, élève par celle-ci le rang de Ses serviteurs croyants et leur efface leurs péchés. Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit :

« Le croyant ou la croyante ne cessent d'être éprouvés par des malheurs touchant leur personne, leurs enfants et leurs biens jusqu'à ce qu'ils rencontrent Allah sans avoir aucun péché à leur passif. » (Al-Tirmidhî)

Le croyant doit donc faire preuve de patience, car c'est un bien pour lui. L'impatience ne repousse pas ce que l'on veut fuir et ne procure pas ce que l'on désire, mais ne fait qu'accroître la perte et les regrets. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

« Nul malheur n'atteint [l'homme] que par la permission d'Allah. Et quiconque croit en Allah, [Allah] guide son cœur. Allah est Omniscient. » (Coran 64/11)

Un de nos ancêtres pieux fut questionné à propos du verset précédent et il répondit : « Ce verset désigne la personne atteinte par un malheur, qui sait que cela provient d'Allah et l'accepte avec soumission. »

Ensuite, si la maison dans laquelle vous vivez est la vôtre, votre mari n'a pas le droit de refuser que vos filles y logent avec vous. Par contre, s'il vous procure un logement – ce qui est votre droit –, il lui est alors permis d'interdire à vos filles de loger avec vous, sauf s'il a consommé son mariage avec vous alors que vos enfants étaient encore jeunes et qu'il avait connaissance de leur existence ou s'il n'en n'avait pas connaissance, mais que nul autre que vous ne peut les garder. Partant de cela, si nul autre que vous ne peut et n'est capable d'avoir la garde de vos filles, votre mari n'a alors pas le droit de leur interdire de rester dans votre maison. Dans ce cas, il convient de lui rappeler l'importance de prendre soin de ces filles, d'être doux envers elles et de bien les traiter afin de leur donner envie de tenir à l'Islam. De plus, il y a en cela une grande récompense de la part du Seigneur Généreux. Le Prophète () a dit :

« Par Allah ! Qu’une seule personne adopte l’Islam grâce toi, cela sera meilleur pour toi que d’être en possession de chameaux rouges (les meilleurs chameaux). » (Boukhari et Mouslim).

Nous vous rappelons ici que s'il est possible d'émigrer avec elles dans un pays musulman afin d'y vivre ; cela serait préférable, car il sera plus facile de les élever dans le bien et la vertu.

Enfin, votre mari n'a pas le droit de vous obliger à couper vos liens avec vos filles et vous n'êtes pas obligée de lui obéir en cela. Au contraire, il vous est interdit de lui obéir en cela, car il ne faut pas obéir à une créature si cela implique une désobéissance au Créateur, comme cela a été rapporté du Prophète () dans les deux Sahîhs. Votre mari n'a pas non plus le droit d'empêcher vos filles de voir leur frère lorsqu'il naîtra. Le mieux est toutefois de ne pas soulever cette question et de régler le problème à la base. Nous vous conseillons de demander l'aide de gens sages.

Et Allah sait mieux.

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