Le vendeur de parfums qui parfume la main ou les vêtements d’une femme — qu’elle achète chez lui ou qu’elle passe devant lui alors qu’il expose sa marchandise dans la rue — est-il visé par la menace mentionnée dans le hadith du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) concernant la femme qui sort en étant parfumée ? Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a en effet dit :
« Si une femme se parfume et passe devant des hommes pour qu’ils sentent son parfum, elle est une fornicatrice (zāniya). »
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
La menace contenue dans le hadith mentionné n’est pas à prendre de manière absolue. Elle est restreinte au cas où la femme vise, par son parfum, à séduire les hommes ou lorsqu’il est certain que cela entraîne une tentation.
Ibn Ḥajar al-Haytamî a dit dans Al-Zawājir : « Il convient de comprendre ce hadith, conformément à nos principes juridiques, comme étant limité aux situations où la tentation (fitna) est avérée. Si l’on craint seulement qu’elle ait lieu, l’acte est alors simplement répréhensible (makrûh), et s’il y a forte probabilité qu’elle ait lieu, l’acte est interdit (ḥarâm) sans pour autant constituer un péché majeur, comme cela est manifeste. » (Fin de citation)
Ibn al-Amîr al-Ṣanʿânî a dit dans Al-Tanwîr, en commentant les mots : « pour qu’ils sentent son parfum » : « Cela signifie, de manière évidente, qu’elle l’a fait intentionnellement. » (Fin de citation)
Concernant l’expression du hadith : « elle est une fornicatrice (zāniya) », Ibn Rushd al-Jadd a dit dans Al-Bayān wa al-Taḥṣîl :
« Le Prophète () l’a qualifiée de "fornicatrice" parce que son acte la rapproche de la fornication. » (Fin de citation)
Ainsi, le mot "zāniya" (fornicatrice) dans ce hadith s'entend dans son sens large, incluant l’adultère symbolique, tel que le "zina" des yeux, des oreilles, etc.
Al-Mubârakfûrî a dit dans Mirʿât al-Mafâtîḥ : « Elle a éveillé le désir des hommes par son parfum et les a incités à la regarder. Et celui qui la regarde commet un adultère avec ses yeux. Elle est donc la cause de cet adultère visuel. » (Fin de citation)
De manière générale, nous disons ceci :
Si la femme concernée par cet acte peut voir son péché varier selon son intention et sa situation — comme celle qui teste simplement le parfum n’est pas comme celle qui cherche à séduire les hommes —, cela est d’autant plus valable pour le vendeur de parfums. S’il n’a pas l’intention d’aider à la désobéissance, mais cherche seulement à promouvoir sa marchandise, il ne peut être concerné par la menace évoquée dans le hadith.
Toutefois, s’il est conscient de l’interdiction et le fait malgré tout, alors il a commis un acte interdit en aidant à une chose illicite. Allah dit : « Ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. » (Coran 5/2)
Certains savants ont précisé que le fait d’aider à commettre un péché n’est pas équivalent au fait de le commettre directement, même si les deux partagent la base du péché.
Al-Qârî a dit dans Al-Mirqât, à propos du hadith : « Le Messager d’Allah () a maudit celui qui se nourrit de l’usure, celui qui la pratique pour autrui, celui qui l’écrit et ses deux témoins. Il a ensuite ajouté qu’ils sont égaux dans le péché »
Il a commenté : « C’est-à-dire : ils sont égaux dans le fait de commettre un péché en soi, bien qu’ils diffèrent dans le degré de gravité de ce péché. » (Fin de citation)
Et Allah sait mieux.
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