Ma mère est divorcée et réside actuellement dans un pays arabe. Elle s’est récemment mariée, mais le mariage a été conclu sous la tutelle de mon frère cadet. Celui-ci se trouvait dans notre pays d’origine, et on l’a consulté par téléphone, sans qu’il soit physiquement présent auprès d’elle.
J’ai également un frère plus âgé que ce cadet, mais il ignorait totalement ce mariage. Lorsqu’il l’a appris, cela a provoqué de vives tensions à la maison : il a fermement rejeté ce mariage, et des disputes ont éclaté entre mes frères. La raison est que mon frère cadet a donné son accord sans en informer l’aîné, et que ma mère n’a pas prévenu ce dernier.
Dans un moment de colère, mon frère aîné a tenté de se faire du mal, et à un autre moment, il a voulu blesser ma mère.
Ma question est : est-il permis qu’un fils cadet marie sa mère sans l’accord de son fils aîné ?
Ce mariage peut-il se poursuivre malgré ces problèmes ?
Faut-il respecter un ordre dans la tutelle entre les frères lors d’un mariage, et la permission du frère aîné est-elle une condition ?

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Tout d’abord, nous précisons que la conclusion d’un contrat de mariage par le biais de moyens de communication modernes (téléphone, internet, etc.) n’est pas valable selon l’avis que nous retenons dans nos fatwas, comme nous l’avons indiqué précédemment, en citant à ce sujet la décision de l’Académie internationale du fiqh islamique.
Quant au fait qu’un fils cadet marie sa mère sans l’accord du fils aîné :
– Si le fils cadet est pubère et doté de raison, le contrat est valide, et le refus de l’aîné n’a pas d’incidence.
En effet, donner la priorité à l’aîné sur le cadet parmi les tuteurs ayant le même degré de parenté n’est qu’une recommandation et non une obligation ou une condition de validité du mariage. Ainsi, si le cadet marie la femme avec son accord, en présence de l’aîné ou non, le contrat est valide.
Ibn Qudâma écrit dans al-Mughnî :
« Lorsque les tuteurs sont de même degré — comme les frères et leurs fils, ou les oncles paternels et leurs fils —, il est préférable de donner priorité au plus âgé et au plus vertueux.
Le Prophète (), lorsqu’il reçut Muḥayyisa, Ḥuwayyisa et ‘Abd ar-Raḥmân ibn Sahl, la parole fut prise par ‘Abd ar-Raḥmân, le plus jeune. Le Prophète () dit alors : “Donnez priorité à l’aîné, donnez priorité à l’aîné.” Ḥuwayyisa prit alors la parole.
S’ils se disputent et que l’aîné n’est pas choisi, on procède par tirage au sort, car leurs droits sont égaux.
Toutefois, si l’un d’eux se précipite et marie la femme à un homme convenable avec son accord, le mariage est valide, même si c’est le cadet et que le tirage au sort avait désigné un autre, car le mariage émane d’un tuteur pleinement habilité avec le consentement de la femme, et il est donc valide comme s’il avait agi seul. Le tirage au sort ne sert qu’à éviter les conflits. » Fin de citation.
– En revanche, si le fils cadet est mineur (non pubère), le contrat n’est pas valide selon la majorité des savants, qui considèrent que la tutelle matrimoniale doit être exercée par un tuteur pubère et responsable. Dans ce cas, le fils aîné a le droit de contester ce mariage.
En toute circonstance, le fils aîné doit craindre Allah, honorer sa mère et s’abstenir de lui nuire, car cela relève de la désobéissance filiale.
En cas de désaccord, il convient de porter l’affaire devant un tribunal islamique si cela est possible, ou de s’adresser à un savant compétent afin qu’il tranche la question, et de se conformer à sa décision lorsqu’il n’existe pas de juridiction islamique.

Et Allah sait mieux.