J'ai achevé quatre fois la lecture du Coran l'an dernier pendant le mois de Ramadan. J'étais dans un bon état spirituel. Mais juste après le Ramadan j'ai été soumis à une épreuve que je n'ai pas pu surmonter. Je me suis présenté pour diriger la prière de Dhohr (de midi) devant un groupe de fidèles. Une fois la prière entamée, je me suis rappelé tout d'un coup que je m’étais rendu aux toilettes un moment avant la prière et que cela voulait dire que mes ablutions étaient invalides. Je ne savais pas comment sortir de la prière alors que 8 personnes la faisaient derrière moi. Je me suis alors efforcé de penser que je m’étais peut-être trompé sur le moment de mon entrée aux toilettes et que cela avait peut-être eu lieu avant les ablutions. Si, à ce moment-là, j'avais su comment sortir de la prière je l'aurais fait, j'aurais conclu la prière et demandé à ceux qui l'accomplissaient derrière moi de la refaire. Mais j'ai paniqué et je n'ai rien fait du tout. J'ai simplement hâté la prière pour essayer de me rappeler, une fois celle-ci conclue, si je m’étais rendu aux toilettes avant ou après les ablutions. En fait si j'ai essayé de résister à l'idée que mes ablutions n'étaient pas valides, c'est parce que je ne savais pas quelle était l'attitude correcte à adopter dans cette situation. Je savais que je devais sortir de la prière mais je ne savais pas comment le faire et quoi dire à ceux qui priaient derrière moi ? Tout ceci sans compter la panique qui s'est emparée de moi. Après avoir achevé la prière, je me suis donné un moment de réflexion, puis j'ai acquis la certitude que mes ablutions n'étaient pas valides. Lorsque j’ai posé la question, on m'a dit que je devais refaire la prière et me repentir et que j’aurais dû mettre quelqu’un à ma place. Quant à ceux qui ont prié derrière moi, leur prière est valide. Je ne les connaissais pas et chacun d'eux avait suivi son chemin. Mon problème est que ces faits ont eu lieu il y a un an et que j'ai toujours un sentiment de culpabilité qui me tracasse. Je n'ai pas été suffisamment courageux pour établir la vérité et je n'ai pas été à la hauteur de cette épreuve. J'ai besoin d'une solution pour oublier cet épisode. Et excusez-moi pour tous ces détails.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

Pour celui qui a la certitude d’avoir perdu l’état de pureté rituelle, et qui en même temps doute de s'être purifié ultérieurement ou le contraire, la règle est que la certitude prévaut sur le doute. Le doute ici n'a donc aucun effet. Car il est établi dans la Chari’a que la certitude ne peut pas être dissipée par le doute. En revanche, les savants divergent à propos de celui qui a la certitude d'avoir été impur et de s'être purifié mais ne se souvient plus laquelle des deux (la pureté ou l'impureté) précède l'autre. Certains oulémas sont d'avis qu'il faut revenir à la situation d'avant le doute. Si la personne était à ce moment-là impur, du fait d’avoir utilisé les toilettes, elle est maintenant pure car elle a acquis la certitude de s'être purifiée.

Le Malikite al-Khirchi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Les ablutions sont invalides dans quatre cas : quand on est sûr de la pureté comme de l’impureté et que l’on doute laquelle des deux précède l’autre, que la certitude porte sur la pureté et l’impureté ensemble, ou que la certitude porte sur l’une et le doute porte sur l’autre, ou que le doute porte sur les deux. ».

Etant donné ce qui précède, il apparaît que vous auriez dû quitter la prière et déléguer quelqu'un parmi ceux qui priaient derrière vous pour prendre votre place. Mais puisque vous ne pouvez plus changer ce qui s'est produit, nous vous conseillons de demander pardon à Allah, exalté soit-Il, et de refaire votre prière. Celle-ci est invalide car vous étiez en état d'impureté rituelle étant donné que vous étiez allé aux toilettes. Or, la pureté est l'une des conditions de validité de la prière. Le Prophète (Sallah Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « Allah n'accepte pas une prière sans ablutions » (Mouslim).

L'imam al-Nawawi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « La communauté musulmane est unanime à considérer comme invalide la prière de celui qui prie en état d'impureté rituelle, et qui a la possibilité de faire ses ablutions. Cette prière doit être refaite à l’unanimité des savants qu'il s'agisse d'un acte intentionnel ou dû à l’ignorance ou à l’oubli».

Quant à ceux qui ont prié derrière vous, leur prière est valide et vous n'avez pas à les prévenir et ils n’ont pas à refaire la prière.

La méthode idéale pour que vous vous débarrassiez du sentiment de culpabilité qui vous tracasse est de savoir que « Tous les fils d'Adam sont susceptibles de pécher, pourtant les meilleurs des pécheurs sont ceux qui se repentent. » Sachez que la personne repentante fait partie des bien aimés d'Allah, exalté soit-Il ».

Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « […] Allah aime ceux qui se repentent […] ». (Coran 2/222)

Sachez que celui qui se repent d'un péché est comme celui qui n'a jamais commis de péché. Allah, exalté soit-Il est Absoluteur et Miséricordieux envers Ses serviteurs; même les Compagnons du Prophète () ont commis des fautes et cela n'a jamais été une preuve de leur manque de courage dans leur lutte pour la Vérité. Au contraire, leur repentir et leur regret par rapport à ce qu'ils ont commis étaient le signe de leur courage. Le lâche est celui qui commet un péché et ne s'en repent jamais. Il ne revient pas vers son Seigneur, exalté soit-Il. Prenez garde cher frère aux complots de Satan. Lorsqu'il voit un pécheur qui se repent, il cherche à le décourager et à lui faire perdre espoir en la Miséricorde et la Clémence d'Allah, exalté soit-Il.

Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « […] Ce sont seulement les gens mécréants qui désespèrent de la miséricorde d’Allah». (Coran12/87).