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L'émigrer d'un lieu vers un autre

L'émigrer d'un lieu vers un autre

Le principe de base est qu'il s'agit de rechercher à s'installer dans le lieu où la situation favorise le fait d'avoir la foi et de faire le maximum de bonnes actions. "Et tout lieu où le serviteur est plus obéissant à Dieu, le fait qu'il y demeure est mieux" (Majmou’ Al-Fatawi 27/48). 

Faut-il le rappeler, le musulman considère que l'objectif de sa vie sur terre est de développer la foi la plus complète possible et de pratiquer le mieux possible ce que Dieu veut de lui : "Quant à la valeur permanente en chaque temps et lieu, elle se trouve dans la foi et l'action pieuse" (Majmou’ Al-Fatawi 27/45). Dès lors, c'est le lieu qui aide le plus le musulman à accomplir cet objectif qui est le meilleur à ses yeux.

Or c'est la situation qui règne dans un lieu qui est déterminante à cet égard
: " Les meilleurs créatures sont les plus savants et les plus obéissants – en termes de science, d'état, de paroles et d'actes – à ce que (le Prophète) a apporté ; ce sont ceux qui ont le plus de Taqwa. Et tout lieu et action qui aide plus la personne quant à cet objectif, [demeurer en ce lieu et faire cette action] est mieux pour elle, même si pour une autre personne c'est autre chose qui est mieux. " (MF 27/46).

" Tout lieu où les causes sont (telles que l'homme y est) plus obéissant à Dieu et à Son Messager, plus à même de faire les bonnes actions et le bien, de sorte qu'il soit plus savant, plus capable de le faire et plus actif à le faire, y demeurer est mieux que demeurer dans un lieu où la situation de l'[homme] en terme d'obéissance à Dieu et à Son Messager soit moindre. Ceci est le principe général. Car le plus honoré de la création auprès de Dieu est celui d'entre eux qui a le plus de Taqwa. " (Majmou’ Al-Fatawi 27/39). 


Comment déterminer quel lieu est tel qu'on pourra y être plus obéissant à Dieu ?

Déjà, au cas où, dans un pays donné, un musulman ne peut ouvertement être musulman, ne peut pratiquer ses obligations et ne peut se préserver des interdits, il a le devoir de faire ce qui est en son possible pour s'installer là où la situation est différente (nous l'avions déjà vu dans un précédent article), vu qu'ici il ne peut être obéissant à Dieu au minimum requis. Même la cité de la Mecque n'a pas fait exception à cette règle, vu qu'il devint obligatoire pour les Compagnons qui le pouvaient d'en émigrer ; nous allons le voir ci-dessous.

Concernant maintenant les cas qui ne sont pas ainsi : Y a-t-il une terre où il est "permis" de s'installer mais une autre terre où s'installer serait "mieux" ?

Dans l'absolu
la meilleure terre qui soit pour chercher à s'y installer serait la terre de la Mecque, puisqu'elle est la terre la plus aimée de Dieu et qu'accomplir une prière dans la Mosquée Al-Haram qui se trouve autour de la Kaâba vaut cent mille prières faites ailleurs sur terre. Le Prophète n'a-t-il pas dit : " Si mon peuple ne m'avait pas (amené à) partir de toi, jamais je ne serais parti (de toi)" (At-Tirmidhi). Ensuite viendrait la terre de Médine. Puis Cham. Puis le Yémen.

Cependant, à cause de circonstances particulières (li Aridh), il arrive qu'il soit préférable, voire obligatoire, pour un musulman de résider ailleurs que par exemple à la Mecque.

Ceci s'explique par le principe que l'on vient d'évoquer : il s'agit de rechercher à s'installer dans la terre où la situation favorise le fait d'avoir la foi et de faire le maximum de bonnes actions. 

Or, une première terre peut être en soi meilleure qu'une seconde, mais à cause de certaines causes circonstancielles (li Aridh) liées à la situation qui règne sur cette première terre, résider dans la seconde est mieux pour tel musulman qu'habiter dans la première. Ainsi, la Mecque est plus aimée par Dieu et Son Messager que toute autre terre, mais entre le moment où le Prophète avait dû en émigrer à cause de l'oppression que les idolâtres y faisaient régner et le moment où il la conquit, la Mecque était Dar Al-Harb : la terre restait la plus aimée de Dieu mais ses habitants y avaient fait régner une telle situation qu'il était obligatoire au musulman de chercher à en émigrer. 

D'autres fois la cause circonstancielle est liée non à la terre mais à l'action particulière du musulman. Ainsi, [même après que la Mecque fut conquise et rendue au culte de Dieu,] continuer à résider à Médine était mieux pour le Prophète et ceux qui étaient avec lui que retourner habiter à la Mecque, eu égard au fait que Médine constituait leur lieu d'émigration: en fait cela était pour eux acte obligatoire.

D'autres fois encore la cause circonstancielle est liée au fait que résider ailleurs qu'à la Mecque permet d'accomplir des actions qu'on ne pourrait pas faire à la Mecque et qui sont de plus grande importance que celles que l'on pourrait y faire. C'est ce qui explique que, après la conquête des terres voisines de la péninsule arabique, des Compagnons y émigrèrent et quittèrent la Mecque et Médine : il fallait alors enseigner l'Islam dans ces nouvelles terres.

Tout ceci entraîne que "la terre qui est la meilleure concernant chaque humain est celle où il sera le plus obéissant à Dieu et son Messager. Ceci diffère selon les situations. On ne peut déterminer [pour toujours] une terre où le fait que l'homme y réside est mieux. Ce qui est mieux à propos de chaque humain est fonction de la Taqwa, de l'obéissance, du Khouchou', du Khoudhou' et de la Houdhour" (Majmou’ Al-Fatawi 18/283).

Ibn Taymiya écrit qu'à imaginer ainsi deux lieux où le musulman peut y être pareillement obéissant à Dieu mais que dans l'un pratiquer cette obéissance est moins facile que dans l'autre, demeurer dans le premier est plus méritoire (Majmou’ Al-Fatawi 27/40) ; par contre, si dans le premier "sa pratique est moindre" que dans l'autre, "alors s'en déplacer est meilleur pour lui" (Majmou’ Al-Fatawi 27/41). Le tout est bien sûr lié aux possibilités (Qoudra) que ce musulman a ou n'a pas de se déplacer.

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