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Nourrir de bonnes présomptions vis-à-vis des serviteurs d’Allah (2)

Nourrir de bonnes présomptions vis-à-vis des serviteurs d’Allah (2)

 

Le problème des musulmans aujourd’hui réside dans le fait que chaque groupe de musulmans prétend être le groupe sauvé au regard d’Allah, Exalté soit-Il, tandis que les autres seraient enchaînés dans le châtiment de Dieu, exclus de Sa miséricorde et privés de Son bienfait.

 

Mais qui donc a décrété cela ? Comment cette conviction s’est-elle infiltrée dans leurs esprits et a-t-elle fini par accaparer leurs pensées ? Que l’Islam se transforme en plusieurs islams et que les musulmans se divisent en diverses sectes, voilà une catastrophe majeure. Mais il y a pire : que chaque secte ou chaque groupe pense être le groupe sauvé du châtiment de Dieu exclusivement et que les autres seraient enchaînés dans la colère de Dieu, Exalté soit-Il, désespérant de Sa miséricorde et de Son bienfait. Or, vous avez entendu la parole d’Allah, ainsi que les enseignements de l’Élu, , dans le hadîth authentique : « Celui qui meurt sans rien associer à Allah entrera au Paradis  ». Vous avez entendu l’Élu, , dire : « Que nul d’entre vous ne meurt sans nourrir de bonnes présomptions à l’égard d’Allah. »

 

C’est à croire que l’Élu, , lui qui a été honoré par son Seigneur par l’accomplissement des miracles, avait eu un aperçu du futur par la volonté d’Allah, Exalté soit-Il, et avait entrevu que certaines personnes viendraient après lui, s’enorgueilliraient de leur voie et distribueraient tous azimuts les qualificatifs de mécréance, d’hérésie et d’éloignement de la miséricorde d’Allah, Exalté soit-Il, aux serviteurs de Dieu, sans s’abstenir, ni se retenir, d’attester du péril de tous les autres. D’où la parole du Prophète : « Si un homme dit “les gens ont péri”, il est le premier d’entre eux à périr. » et dans une variante « il est le plus en péril d’entre eux. »

 

Il se peut enfin que l’un de ces vils prétentieux cherche à argumenter. Il se peut qu’ils avancent la parole de l’Élu, , transmise de manière authentique : « Les Juifs se sont divisés en soixante et onze sectes, les Chrétiens se sont divisés en soixante-douze sectes et ma communauté se divisera en soixante-treize sectes. » Il se peut même qu’ils y ajoutent un passage supplémentaire, à savoir « toutes iront en Enfer sauf celle qui se conforme à ma Tradition et à celle de mes Compagnons. »

 

Il faut noter :

Premièrement, la narration notoire et authentique ne comporte pas cette addition. Elle ne comporte pas « toutes iront en enfer sauf celle qui se conforme à ma tradition et à celle de mes Compagnons ».

 

Par conséquent, il n’est permis à personne de dire qu’il appartient au groupe sauvé alors que tous les autres sont voués à l’enfer. Néanmoins, si on admet la narration « toutes iront en enfer sauf celle qui se conforme à ma tradition et à celle de mes Compagnons », le terme « communauté » (Oumma) ne désigne pas la communauté d’acceptation, mais plutôt la communauté d’appel. Si l’Élu, , visait par le terme « communauté » les musulmans ayant adhéré à l’islam, il aurait dit : « Les juifs se sont divisés en soixante et onze sectes, les chrétiens se sont divisés en soixante-douze sectes et les musulmans se diviseront en soixante-treize sectes ». Car à titre de comparaison avec les juifs et les chrétiens, il userait du groupe équivalent à ces deux groupes, à savoir les musulmans. Mais le Prophète, , a évité le terme « musulmans » car, quiconque adhère à l’Islam véritablement, et meurt en étant musulman, entrera au Paradis. Ainsi a-t-il évité le terme « musulmans » et a dit : « ma communauté se divisera », sachant que le terme « communauté » revêt deux significations :

 

La communauté d’appel :  Elle comprend toute personne à qui l’Élu, , a été envoyé jusqu’au jour de la résurrection, y compris les athées, les libertins, les mécréants et les débauchés, quelle que soit leur religion et quelle que soit leur appartenance. Toute personne venant après le Messager d’Allah, , jusqu’au Jour de la Résurrection fait partie de la communauté de l’Élu, au sens de la communauté d’appel.

 

La communauté d’acceptation :  Il s’agit des musulmans qui ont accepté l’appel d’Allah, Exalté soit-Il, transmis par l’Élu, , et ont embrassé l’islam.

 

Que nul ne se serve de cette parole de l’Élu, , pour en faire une bonne nouvelle destinée à sa seule personne et vouant les autres gens, avec une témérité incroyable et étrange et avec une tranquillité encore plus étrange, au Feu d’Allah Exalté soit-Il.

 

Que les musulmans se divisent en groupes est une chose grave ; mais plus grave encore le fait que chacun de ces groupes décide de son propre chef de distribuer des certificats de mécréance aux autres groupes. Quelle peut être la conséquence de cet effritement dont l’acuité augmente au fil des jours ? Nous ne doutons guère qu’il y ait des gens qui visent à accentuer cette division et ces dissensions. Il n’y a qu’un seul remède à cette situation, à savoir la purification de soi. Que l’être humain se penche sur son cœur, le lieu où résident les sentiments nobles et moins nobles, qu’il se penche sur son âme qui peut devenir une âme incitatrice au mal, précipitant le péril de son sujet ou qui peut s’élever pour devenir l’âme quiète louée par Allah, Exalté soit-Il, dans sa Révélation parfaite.

 

Lorsqu’il examine son cœur pour le débarrasser de l’amour de toute chose sauf de l’amour d’Allah et de l’attachement à toute chose en dehors d’Allah, Exalté soit-Il, il se libère du sectarisme, il s’affranchit de son admiration pour lui-même. Il se défait de toute vanité et de son amour pour toutes sortes de viles passions dont on ne peut traiter ici. Il purifie son âme en poursuivant la purification de son cœur de toute impureté qui le dénature et en la hissant au niveau de l’âme quiète et satisfaite. Tel est le remède pour que le musulman nourrisse de bonnes présomptions vis-à-vis de tous les serviteurs d’Allah. Cela le poussera à croire que les autres musulmans ayant foi en Allah, Exalté soit-Il, sont meilleurs que lui. En effet, il ignore ce qui l’attend au delà de la barrière de la mort et il ne peut prévoir pour lui-même, et moins encore pour celui qu’il accuse de perversion ou de débauche ou celui qu’il qualifie d’innovateur ou encore celui qui s’écarte de ce qu’il croit être la seule voie juste. Il ignore tout cela. Et voici que l’Élu, , a dit : « Que nul d’entre vous ne meurt sans nourrir de bonnes présomptions à l’égard de Dieu. » et aussi : « Celui qui meurt sans rien associer à Allah entrera au Paradis  ». Le voici ordonnant à Abou Houreira de se chausser et d’aller porter la bonne nouvelle au monde entier que quiconque atteste sincèrement qu’il n’y a point de divinité sauf Allah et meurt dans cet état, entrera au Paradis.

 

Comment puis-je donc nourrir des soupçons à l’égard des serviteurs d’Allah, Exalté soit-Il ? Comment, en vertu de ma situation parmi eux de prédicateur ordonnant le convenable et interdisant le blâmable, comment puis-je me considérer meilleur qu’eux, alors que j’ignore quelle épreuve m’attend au détour des sentiers de la mort avec laquelle j’ai un rendez-vous immanquable ?

 

Lorsque le musulman bonifie son âme, la débarrasse des impuretés et qu’il préserve ce récipient qu’est son cœur, lorsqu’il purifie son cœur de l’amour des passions, des désirs et des vils appétits et élève ses sentiments vers l’amour d’Allah, Exalté soit-Il, à ce moment, il se préserve de ce fléau et on n’a plus de crainte pour lui. Il peut alors voir la perversion des pervers et la débauche des débauchés, tout en réunissant deux qualités, celle d’enjoindre le convenable tout en l’accomplissant et d’interdire le blâmable et de le pourchasser où qu’il soit, d’une part, et celle de nourrir de bonnes présomptions envers les serviteurs d’Allah, Exalté soit-Il, sans exception d’autre part

 

 

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