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La pureté de l’intention

La pureté de l’intention

 

La pureté de l’intention

Chers frères et chères sœurs. Les œuvres qui permettent d’hériter du Paradis sont légion par la grâce d’Allah. Ceci dit, le cœur de ces œuvres et ce qui en est le fondement est l’intention : « Les actes ne valent que par l’intention et chacun sera rétribué selon son intention. »

Les trois hommes qui seront les premiers à être jetés en enfer, leur problème concernait leur intention et non pas les bonnes actions qu’ils ont accomplies. Ils ont tous les trois accompli de belles œuvres. L’un a combattu les mécréants pour la cause d’Allah, l’autre à dépenser de ses biens pour les pauvres et les nécessiteux, le troisième lisait le Coran et l’enseignait aux gens. Mais là où ils ont failli, c’est du côté de leur intention. En effet, en œuvrant, ils ne visaient pas la satisfaction d’Allah et l’au-delà. Leurs œuvres susciteront en eux les remords les plus cruels. En effet, le premier est parti aux combats pour qu’on dise de lui que c’est un guerrier et c’est effectivement ce qu’on a dit de lui. Le deuxième a dépensé son argent pour qu’on dise de lui qu’il est généreux et c’est effectivement ce qu’on a dit de lui. Quant au troisième, il a appris le Coran et l’a enseigné pour qu’on dise de lui que c’est un savant et c’est effectivement ce qu’on a dit de lui.

Dans le recueil de Al-Tabrânî, Ibn Omar rapporte ce hadith du Prophète () qui a dit : « Il se peut que la seule chose qu’un homme obtienne de son jeûne soit la faim et la soif. Et il se peut que la seule chose qu’un homme obtienne de sa prière de nuit soit d’avoir veillé. »

Le problème concernant l’intention réside dans tous les faits qui vont venir altérer la sincérité du fidèle et en annuler la récompense.

Yûssuf ibn al-Husayn a dit : « La chose la plus précieuse en ce monde est la sincérité et la pureté de l’intention. Que d’efforts ai-je pu fournir pour chasser l’ostentation de mon cœur mais elle revenait toujours sous une autre couleur. » (Madârij Al-Sâlikîn 2/96).

Sufian Al-Thawrî a dit : « Je n’ai jamais eu à remédier à quelque chose de plus difficile que mon intention parce qu’elle est versatile. » (Jâmi’ Al-‘Ulûm Wa Al-Hikam :12)

Yûsuf ibn Al-Asbât a dit : « Purifier son intention de tout ce qui la corrompt est encore plus dure pour les fidèles qui œuvrent que de fournir de longs efforts. »

Omar ibn Al-Khattâb a dit : « Les meilleures œuvres sont celles qui sont obligatoires, le scrupule envers ce qu’Allah a interdit et la sincérité de l’intention pour obtenir la récompense divine. »

Le fidèle devrait émettre une intention sincère pour satisfaire Allah dans chaque chose qu’il entreprend. Quand il mange, boit, s’habille, dort et a une relation charnelle. Toutes ses œuvres seront inscrites dans son registre dont la particularité sera de ne rien omettre, mais à recenser chaque péché mineur et chaque péché majeur ? » Ils y trouveront en effet chacune de leurs œuvres, sans que nul ne soit lésé par ton Seigneur.

Ainsi si ces œuvres ont été accomplies avec l’intention de satisfaire Allah alors elles seront inscrites dans le registre de ses bonnes actions. Mais si elles l’ont été pour assouvir des passions et non pas pour le Seigneur alors elles seront inscrites dans le registre de ses mauvaises actions. En effet, chacun sera rétribué en fonction de ses intentions même s’il s’agit d’une inattention ou d’un oubli sans qu’une intention particulière n’ait été émise … Dans ce cas, il n’obtiendra aucune récompense et ne trouvera rien dans l’au-delà pour ces actions. Elles ne seront ni en sa faveur ni contre lui. Elles auront été accomplies comme le sont les actes des animaux qui se comportent sans raison et sans prendre en compte les préceptes religieux mais se conduisent comme cela leur est inspiré.

La pureté de l’intention est donc la première des œuvres pieuses qui permet d’hériter du Paradis avec la permission d’Allah. C’est pour cela que Abu Al-Dardâ’ a dit : « J’espère être récompensé pour mon sommeil au même titre que j’espère l’être pour ma prière de nuit. » Il est même possible que plusieurs intentions soient émises pour une seule œuvre et dans ce cas le fidèle obtiendra une récompense pour chaque intention. Puis chacune de ces récompenses sera décuplée.

Il se peut qu’un fidèle accomplisse de nombreuses bonnes actions pour lesquelles il ne sera pas récompensé en raison d’une mauvaise intention ou tout simplement parce qu’il aura agi sans émettre l’intention de satisfaire Allah Seul. Dans son ouvrage Al-Madkhal, Ibn Al-Hâjj dit avoir entendu son cheikh Abdullah ibn Abu Hamza dire qu’il souhaitait que des savants se consacrent exclusivement à enseigner aux gens qu’elles doivent être les finalités de leurs œuvres. Qu’ils prennent place dans des cours spécifiquement pour dispenser des leçons relatives aux intentions du fidèle. C’est le sens des propos qu’il rapporte. En effet, beaucoup de gens faillissent parce qu’ils n’ont pas émis l’intention requise avant d’agir.

Ibn Al-Hajj a intitulé son livre : Al-Madkhal Ilâ Tanmiyât Al-A’mâl Bi Tahsîn Al-Niyât, soit : Introduction à la multiplication de la récompense des actions en purifiant ses intentions. Il y a mentionné de nombreux enseignements en lien avec ce thème.

Un hadith rapporté dans les deux recueils de Boukhari et Mouslim vient confirmer l’importance de l’intention et ses répercussions, le fait que le fidèle puisse obtenir par son biais des récompenses conséquentes et être élevé à des hauts degrés quand bien même il n’œuvrerait point. Ce hadith est le suivant : le Prophète () a dit : « Nous avons laissé à Médine des hommes qui, à chaque défilé que nous avons emprunté, à chaque vallée que nous avons traversée, étaient à nos côtés. Ils avaient, en effet, des raisons valables de ne pas nous accompagner. »

Selon Abdullah ibn ‘Abbâs, qu’Allah l’agrée lui et son père, le Prophète () a dit, d’après ce qu’il rapporte de son Seigneur, béni et exalté soit-Il : « Allah le Très Haut a inscrit les bonnes et les mauvaises actions », puis il expliqua. « A celui qui a l’intention d’accomplir une bonne action, mais en est empêché, Allah, béni et exalté soit-Il, la lui inscrit auprès de Lui comme une bonne action à part entière. S’il l’accomplit, Allah la lui inscrit auprès de Lui comme dix bonnes actions, et jusqu’à sept cents bonnes œuvres, et bien plus encore. S’il décide de commettre une mauvaise action, mais y renonce finalement, Allah le Très Haut la lui inscrit auprès de Lui comme une bonne action à part entière. Et s’il la commet, Allah la lui inscrit comme une seule mauvaise action. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.

Un hadith dont les termes sont proches a été rapporté par Abu Hourayra, qu’Allah soit satisfait de lui : le Prophète () a dit, d’après ce qu’il rapporte de son Seigneur, béni et exalté soit-Il : « Allah a dit : si Mon serviteur veut commettre une mauvaise action alors ne la lui inscrivez pas jusqu’à ce qu’il la commette effectivement. S’il la commet alors inscrivez-la comme tel et s’il la laisse pour Moi alors inscrivez une bonne action en sa faveur. Et si Mon serviteur veut accomplir une bonne action mais finalement ne l’accomplit pas alors inscrivez-lui malgré tout une bonne action. Et s’il l’accomplit alors inscrivez-lui en dix jusqu’à sept cents. » Boukhari.

Ceci relève de l’infinie miséricorde d’Allah, de sa grâce et de sa générosité. Quand un fidèle a fermement l’intention d’accomplir une bonne action puis qu’il en est empêché pour une raison quelconque alors on lui inscrit la récompense de cette action en raison de sa bonne intention. On lui inscrit une bonne action et s’il s’avère qu’il l’accomplit vraiment alors sa récompense est décuplée. Et il en est de même pour les mauvaises actions : qui a l’intention de commettre une mauvaise action et la délaisse pour Allah alors on lui inscrit une bonne action. Et s’il la commet on ne lui inscrit qu’une seule mauvaise action.

 On peut déduire de ces hadiths les enseignements suivants :

-1 : L’infinie miséricorde d’Allah et sa grâce immense.

-2 : Le musulman est récompensé pour avoir eu l’intention d’accomplir une bonne action même s’il ne l’accomplit pas dans les faits.

-3 : Qui a l’intention de commettre une mauvaise action et la délaisse pour satisfaire Allah alors il est récompensé pour l’avoir délaissée.

-4 : La récompense des bonnes actions est décuplée.

Faire en sorte que son cœur soit éveillé et sincèrement dévoué à œuvrer pour satisfaire Allah et obtenir la récompense de l’au-delà. C’est la cause qui permettra de voir ses œuvres acceptées par la grâce d’Allah et Sa miséricorde. En effet, l’auteur d’un tel acte se sera nécessairement prémuni d’avoir associé qui que ce soit à Allah en accomplissant cet acte. De même qu’il se sera prémuni de toute ignorance ou passion. Son acte sera donc élevé dans les coffres et conservé pour lui.

Ainsi donc, qui souhaite le paradis doit veiller à purifier son intention de façon à ce que ses actes soient exclusivement voués à la satisfaction d’Allah. Et que, lorsqu’il délaisse un acte, il le délaisse uniquement pour satisfaire Allah. On peut même affirmer que s’il consacre toute sa vie uniquement à Allah alors il aura adopté l’attitude des vertueux et surtout ceux d’entre eux qui gagneront la félicité : « Dis : « Mes prières, mes actes de dévotion, ma vie tout entière et ma mort, sont voués à Allah, Seigneur de la Création. » (Coran 6/162).

Le fidèle doit avoir à l’esprit en dormant de prendre des forces pour accomplir des actes d’obéissance. De manger pour être en mesure de mieux adorer Allah et de vaquer à ses activités mondaines pour gagner sa vie honnêtement, subvenir aux besoins de ceux dont il a la charge et ainsi on lui inscrira la récompense pour tout cela.

La véritable sincérité de l’intention se vérifie si on est exempt de ces deux caractéristiques : l’ostentation et la passion. Allah dit : « … le lait pur et agréable à boire provient de la conjonction entre le contenu de l’intestin et le sang. » (Coran 16/66). Ainsi, si un acte est corrompu par une de ces deux caractéristiques que sont les passions, représenté dans le verset par le contenu de l’intestin, et l’ostentation, représenté par le sang, alors l’acte ne pourra pas être pur comme le lait.

N’est-il pas vrai que celui dont l’intention est sincèrement dévouée à Allah alors il le protégera du mal des gens. Salim ibn Abdullah a écrit à Abdullah ibn Omar : « Ô Ibn Omar, sache qu’Allah aide Son serviteur en fonction de son intention. Quand l’intention du fidèle est sincère alors il bénéficie de l’aide divine. Et moins elle l’est, moins il bénéficie de cette aide, en fonction de la sincérité de l’intention. Allah dit pour confirmer ce fait :

« Si les deux désirent réellement la réconciliation, Allah rétablira la concorde entre eux. » (Coran 4/35).

La volonté de réforme est donc une des causes de réussite. Et c’est le premier pas à faire pour accomplir un acte.

Un prédécesseur a dit : J’ai constaté que tout le bien était réuni dans une intention sincère et c’est un bien qui est amplement suffisant. En effet, il est possible que la récompense d’une petite œuvre soit amplifiée par une bonne intention et il est possible que la récompense d’une grande œuvre soit diminuée par une intention moins bonne.

Un homme de lettre a écrit à son frère : « Purifie ton intention en œuvrant et peu d’œuvres te suffiront. »

Dâwûd Al-Tâ’î a dit : « Celui dont la plus grande préoccupation est la piété aura forcément une bonne intention même si tous les membres de son corps sont attachés à ce bas monde. Et il en est de même de qui ignore Allah. Il n’est préoccupé que par ce monde et ses passions. Et quand bien même tous les membres de son corps seraient attachés à de bonnes actions, il aura toujours l’intention de faire ce qui lui permettra d’obtenir ce bas monde et ce qui est conforme à ses passions. »

Muhammad ibn Al-Husayn a dit : « L’intention du fidèle doit précéder son œuvre. »

Abu Daous Al-Sijistânî a dit : « Purifier ses intentions est la plus difficile de toutes les œuvres pour les fidèles. »

Al-Thawrî a dit : « Les compagnons apprenaient à émettre une intention sincère pour œuvrer comme ils apprenaient le savoir. »

Un savant a dit : « Mets-toi en quête d’une bonne intention pour œuvrer avant même d’œuvrer. Tant que tu as l’intention de faire du bien alors tu es sur le chemin du bien. »

Zayd ibn Aslam a dit : « Deux choses te permettront de parfaire ta situation : au matin n’ai pas l’intention de désobéir à Allah et le soir n’ai pas non plus l’intention de désobéir à Allah. »

Un prédécesseur a tenu un propos similaire : « Les bienfaits d’Allah sont bien trop nombreux pour les recenser et vos péchés sont bien trop subtils pour tous les connaitre alors levez-vous le matin en vous repentant et couchez-vous le soir en vous repentant et il vous sera pardonné ce que vous avez fait entre temps.

En résumé, l’intention est le socle des œuvres. Le fidèle doit absolument se préoccuper de ses intentions de façon à ce que ses œuvres soient sincèrement dévouées à Allah et acceptées par Lui. Le fidèle peut en effet peu œuvrer et être largement récompensé en raison de son intention. L’histoire de l’homme qui a tué quatre-vingt-dix-neuf personnes est là pour en témoigner. Il voulait se repentir et on lui indiqua le chemin d’un peuple vertueux qui adorait Allah. Or, il perdit la vie sur le chemin qui l’y menait. C’est son intention sincère qui lui fut de la plus grande utilité puisqu’elle lui a permis d’entrer au Paradis.

Il en est de même de Asirm Bani Abd Al-Ashhal. Abu Hourayra rapporte que certaines personnes lui ont dit qu’un homme est entré au Paradis sans avoir accompli une seule prière. Et puisque les gens ne savaient qui était cet homme ils interrogeaient à ce sujet. Il dit donc que c’est Asirm Bani Abd Al-Ashhal. Son histoire est la suivante : il refusait d’adhérer à l’islam. Mais le jour de la bataille de Uhud, il s’enrôla dans l’armée du Prophète () et il lui sembla qu’il était pertinent d’embrasser l’islam et il se convertit. Il se saisit de son épée et se rendit au cœur de la bataille au point d’être blessé. On lui dit alors : Tu fais cela par compassion pour ton peuple ou par amour de l’islam. » Ce à quoi il répondit : « Je fais cela par amour pour l’islam. J’ai foi en Allah et en Son prophète et je me suis converti à l’islam. J’ai pris mon épée et je combats avec le Prophète () jusqu’à être blessé. » Et il ne tarda pas à mourir devant eux. On rapporta cela au Prophète () qui dit : « Il fait partie des habitants du Paradis. »

Alors toi qui cherche la réussite. Toi qui souhaite entrer au Paradis. Veille à purifier ton intention et surveille-la dans toutes tes œuvres et tes paroles.

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