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Abou al-Maʻâli al-Juwayni, Imam al-Haramayn (Imam des Deux Sanctuaires)

Abou al-Maʻâli al-Juwayni, Imam al-Haramayn (Imam des Deux Sanctuaires)

 

Abou al-Maʻâli al-Juwayni, Imam al-Haramayn (Imam des Deux Sanctuaires)

L’imam al-Juwayni est l'un des plus grands érudits de l'école juridique chaféite. Il est unanimement reconnu pour son autorité en matière de savoir et sa maîtrise des diverses disciplines.

Il a passé la majeure partie de sa vie à Nishapur, dans la région du Khorasan en Iran, où il a dirigé l’école Nidhâmiyyah, fondée par le vizir Nidhâm al-Mulk pour défendre la tradition sunnite en Iran.

On disait de lui : « En jurisprudence, il est l'égal de l’imam al-Châfiʻi ; en éloquence, il rivalise avec al-Asmaʻi ; et dans ses sermons, il s'inspire d’al-Hassan al-Basri. »

Il était, qu’Allah lui fasse miséricorde, un pionnier et un rénovateur dans plusieurs disciplines : la jurisprudence, les fondements de la jurisprudence (Usul al-Fiqh), les sciences de la controverse et de la dialectique (Jadal), la politique religieuse et la théologie (Kalam). Ses ouvrages, porteurs de son savoir et de sa pensée, ont marqué les générations, devenant une source et une référence pour ceux qui l'ont suivi. Nous observons l'impact de ses écrits sur de nombreux érudits, en particulier sur son brillant disciple, l’imam al-Ghazâli, dont les ouvrages reflètent la pensée et le savoir de son maître.

Nom, surnom et lignée :

Imam al-Haramayn Abou al-Maʻâli Diyâʼ al-Dîn ʻAbd al-Malik Ibn ʻAbd-Allah Ibn Youssuf al-Juwayni al-Nayssâbouri.

Il était surnommé « Imam al-Haramayn » parce qu’il a émigré de sa ville natale vers La Mecque et Médine lors d'une période difficile où des dénonciateurs avaient calomnié les savants auprès du sultan, menant à leur arrestation et emprisonnement. Accompagné de 400 juges et muftis, il a alors quitté Nishapur et est resté pendant quatre ans à La Mecque et à Médine, où il dirigeait la prière pour ses compagnons. C’est ainsi qu’il fut nommé « Imam al-Haramayn ».

Le nom « al-Juwayni » fait référence à la ville de « Juwayn », près de Nishapur, où son père ‘Abd-Allah est né et a passé une partie de sa vie. Il y reçut ses premières connaissances en langue et littérature arabes, puis en jurisprudence de l'école chaféite et en théologie. Après avoir parcouru plusieurs villes du Khorasan à la recherche d'un savoir plus approfondi, ‘Abd-Allah a fini par s'installer à Nishapur en l'an 407 de l'Hégire (1016 ap. J.-C.).

Naissance :

L'imam Al-Haramayn (qu’Allah soit satisfait de lui) est né le 18 Muharram de l'an 419 de l'Hégire à Nishapur, l'une des plus célèbres villes de la région du Khorasan, région comprenant des villes comme Hérat, Merv, Balkh, Talaqan, Nisa, Abivard, Serakhs, et d'autres.

Famille de savants :

Son père était l'imam Abou Muhammad ʻAbd-Allah Ibn Youssuf Ibn Muhammad al-Juwayni, l'imam de son époque à Nishapur. Il avait étudié le Fiqh (jurisprudence) auprès d’Abou al-Tayyib Sahl Ibn Muhammad al-Suʻlouki et d’Abou Bakr ʻAbd-Allah Ibn Ahmad al-Qaffâl al-Marwazi. Il avait appris la littérature auprès de son propre père, Youssuf le littérateur de Juwayn, et il avait entendu les enseignements de ses professeurs, Abou ʻAbd al-Rahmân al-Sulami et Abou Muhammad Ibn Bâbawayh al-Asbahâni, ainsi que d’Abou al-Hassan Muhammad Ibn al-Hussayn Ibn al-Fadl Ibn Nadhîf al-Farrâʼ à Bagdad, et d'autres.

Il a excellé dans le Fiqh, a rédigé de nombreux ouvrages bénéfiques et a écrit un commentaire détaillé sur al-Muzani ainsi qu'un commentaire sur al-Rissâlah d’al-Châfiʻi.

Quant à son grand-père, il était connu pour son savoir littéraire. Yâqout rapporte, en parlant du père de l'imam, qu'il avait appris la littérature auprès de lui à Juwayn. Son grand-père était un éminent lettré, et son père était un juriste et un expert en ʼUsoul al-Fiqh (fondements de la jurisprudence).

Un prodige précoce :

Il a reçu son éducation religieuse de son père, Abou Muhammad, durant son enfance. Son père admirait son talent, son acquisition de connaissances, la finesse de son esprit et les signes de réussite qui se manifestaient en lui. Il a ainsi lu et approfondi tous les écrits de son père, y ajoutant sa propre précision et rigueur, ce qui permit à son génie de se révéler dès un jeune âge.

À la mort de son père vers 438 de l'Hégire, al-Juwayni avait déjà fait des avancées considérables dans les domaines des sciences religieuses, de la jurisprudence, de la théologie, de la langue et de la littérature arabes. On lui attribue également quelques poèmes. Ses connaissances lui ont permis de prendre la place de son père en tant qu'enseignant, alors qu'il avait moins de vingt ans.

Malgré son occupation par l'enseignement, al-Juwayni n'a pas cessé de poursuivre ses études. Après ses cours, il se rendait à l'école d'Ahmad Ibn al-Hussayn al-Bayhaqi (mort en 460 de l'Hégire) à Nishapur, où il cherchait à élargir ses connaissances en théologie, jurisprudence et hadith, et à approfondir ses études de l’école chaféite auprès d’Abou al-Qâssim ʻAbd al-Jabbâr Ibn ʻAli al-Issfarâyîni (mort en 452 de l'Hégire). Il fréquentait également les séances d’Abou ʻAbd-Allah Muhammad Ibn ʻAli al-Khabbâzi (mort en 449 de l'Hégire), surnommé « Chaykh al-Qurrâʼ » (le maître des lecteurs), pour apprendre les diverses lectures du Coran. Al-Juwayni possédait aussi de vastes connaissances dans ce que l'on appelait alors les sciences rationnelles ou les sciences des anciens, qui relevaient alors du terme « philosophie ». Il subvenait à ses besoins et aidait ses camarades étudiants grâce à ses revenus tirés de l'enseignement et de l'héritage de son père.

Son épreuve :

Al-Juwayni fut contraint de quitter Nishapur avec un grand nombre de savants en l'an 452 de l'Hégire, lors de l'épreuve connue sous le nom de « l'épreuve des sunnites » sous le règne du sultan seldjoukide Tughril Beg (429-455 de l'Hégire / 1037-1063 ap. J.-C.). Son ministre, ‘Amîd al-Mulk al-Kunduri – qui était mutazilite et chiite – avait encouragé la persécution des autres écoles de pensée. Al-Juwayni s’est réfugié d'abord dans un endroit appelé « Al-Muʻaskar », aux environs de Nishapur, puis a poursuivi son voyage jusqu'à Bagdad. Ensuite, il s'est rendu à La Mecque, a fait un détour par Médine et a passé quatre ans là-bas, consacrant son temps à l'enseignement, au conseil juridique et à la collecte des ouvrages sur l'école chaféite.

L’école Nidhâmiyyah :

Après la mort de Tughril Beg et l'accession de son neveu Alp Arslan au pouvoir (455-465 de l'Hégire / 1063-1073 ap. J.-C.), Al-Juwayni est revenu à Nishapur, où l'ère de l'intolérance a pris fin avec l'assassinat du vizir al-Kunduri.

Nidhâm al-Mulk, le vizir d'Alp Arslan, a invité l'imam al-Juwayni et construisit pour lui une école, la « Nidhâmiyyah de Nishapur », où il pouvait enseigner. Al-Juwayni a conservé la confiance du sultan et le soutien de son vizir, qui lui accordèrent diverses faveurs.

Il a pris en charge les prêches, a donné des sermons et des débats, a publié ses écrits, et d'éminents imams assistaient à ses cours. Il devint le chef des adeptes de l'école chaféite et a attiré de nombreux étudiants venus de toutes les régions, dont le nombre était estimé à trois cents, certains devenant éminents par la suite. Il a également reçu la charge de la gestion des biens de charité et demeura dans cette position pendant près de trente ans, jouissant d'une autorité sans rival ni opposition, ayant l’autorité sur le mihrab (niche indiquant la direction de la prière), le minbar (chaire), la prédication, l’enseignement et les exhortations du vendredi.

Soif de savoir :

Al-Juwayni croyait que la connaissance n’a pas de fin ni de limites, et il ne laissait aucune occasion de l’enrichir sans en profiter. Ainsi, en 469 de l'Hégire, alors qu’il était l’imam des imams et âgé de plus de cinquante ans, il a reçu à Nishapur le cheikh Abou al-Hassan ʻAli Ibn Faddâl Ibn ʻAli al-Mujâchiʻi, un grammairien et écrivain. Il a accueilli le cheikh avec honneur et a commencé à étudier la grammaire sous sa direction, le suivant assidûment. Chaque jour, il l’accompagnait chez lui et lui lisait le livre Ikssîr al-Dhahab fi Sinâʻat al-adab. Al-Mujâchiʻi disait : « Je n'ai jamais vu quelqu'un d’aussi passionné par la science que cet imam. »

Ses œuvres :

Les efforts d’al-Juwayni pour défendre la religion et la Sunna ne se sont pas limités à ses leçons, sermons et discours, mais il a laissé de nombreuses œuvres dans des domaines variés des connaissances : comprenant les fondements de la jurisprudence, les divergences, la dialectique, la jurisprudence, l'exégèse, et bien d'autres.

Ces œuvres ont dépassé quarante titres, dont certains existent encore, tandis que d'autres ont disparu. Parmi celles-ci:

  • En sciences des fondements de la jurisprudence (Usul al-Fiqh) : Al-Talkhîs, al-Burhân, al-Tuhfah et al-Waraqât.
  • En jurisprudence (Fiqh) : Nihâyat al-Matlab fi Dirâyat al-Madhhab, Mukhtasar al-Nihâyah et al-Rissâlah al-Nidhâmiyyah fi al-Arkân al-Isslâmiyyah.
  • En matière de divergences et de dialectique (Khilaf et Jadal) : Ghunyat al-Musstarchidîn wa al-‘Umad, al-Durrah al-Mudiyyah fi ma Waqaʻa fîhi al-Khilâf Bayn al-Châfiʻîyyah wa al-Hanafiyyah et al-Kâfiyah fi al-Jadal.
  • En politique islamique : Al-Ghiyâthi (Ghiyâth al-Umam fi al-Tayyâth al-Dhulam).
  • En théologie (Kalam) : Al-Châmil, al-Irchâd, al-Lumaʻ, Chifâ’ al-Ghalîl et al-‘Aqîdah al-Nidhâmiyyah.

Sa mort :

L'imam al-Juwayni est décédé dans la nuit de mercredi, après la prière d’Ichâʼ, le 25 Rabî‘ al-Akhir de l'année 478 de l'Hégire. Sa vie, qu’Allah lui fasse miséricorde, dura cinquante-neuf ans. Qu’Allah lui accorde une vaste miséricorde et le récompense amplement pour ses services à l'Islam et aux musulmans.

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